Trail du Sancy – Martin et Rousset en équilibristes
Au menu de ce trail blanc, deux distances étaient proposées (20 et 30 km) aux 1500 participants. Sur le 20 km Patrick Bringer : 1h39’10’’ s’est imposé devant Martin Reyt : 1h39’57’’ et Yann Curien : 1h42’15’’ et chez les féminines Marlene Vigier : 2h11’58’’ l’a emporté face à Cécile Pouderoux : 2h12’52’’ et Valérie Tixier : 2h13’17’’. Concernant le 30 km Nicolas Martin : 2h38’36’’ a dominé Cyrille Mulot : 2h42’11’’ et Anthony Gay : 2h42’25’’. Au niveau des filles, Anne-Lise Rousset, 12e au scratch : 3h03’44’’ a atomisé Caroline Benoît : 3h27’06’’ et Stéphanie Mauzat : 3h33’22’’.
A l’inverse de la quasi-totalité des épreuves comprenant un parcours long et un tracé plus court, lors de ce trail auvergnat les concurrents n’ont pas à mentionner le circuit pour lequel ils vont opter. Ainsi, durant l’effort lorsque les coureurs approchent du point de bifurcation situé vers le 11e km, il leur est loisible de filer sur la boucle de 30 km, ou bien de rentrer plus rapidement en direction du Mont-Dore.
Cette possibilité a été instituée à dessein de permettre à ceux, qui connaîtraient des difficultés, de limiter leur périple virant à la galère.
Aussi, cette opportunité réduit la pression, puisque les néophytes, ou les moins bien préparés disposent de la possibilité d’écourter une aventure se transformant en calvaire.
Cependant au final la plupart des inscrits s’en tiennent à ce qu’ils avaient prévu. Notamment les favoris susceptibles de remporter tant le 20, que le 30.
Par exemple, si samedi il était acquis que Patrick Bringer s’élancerait sur le 20 km, Nicolas Martin n’avait pas fait mystère qu’il se mêlerait à la lutte pour la victoire sur le 30 km.
Ce matin, à l’heure du départ prévu à 9 heures, le mercure affichait une température de 9° au-dessous de zéro dans ce coin de la Chaîne des Puys qualifié de « Petite Laponie » par les locaux.
D’entrée Nicolas Martin a mis le feu aux poudres en partant plus vite que les spécialistes du Trail Court, qui ne le reprendront pas avant le 10e km.
Bien que proche des leaders, plus prudent Patrick Bringer a préféré rester en retrait de ses adversaires jusqu’à la mi-course.
Par contre, une fois devant ses qualités athlétiques lui ont permis de creuser l’écart dans la dernière bosse et d’accrocher ce 20 km à son palmarès.
A peine la ligne franchie, une seule question fusait : « Patrick, pourquoi n’as-tu pas défendu ta couronne sur le 30 km ? »
A cette interrogation, l’enfant du pays a répondu : « Déjà, début décembre il y a eu la SaintéLyon, qu’il importe de bien récupérer. Je ne me voyais pas partir pour au moins 2h30 de course. Après relativement à la préparation hivernale, 20 km cela me semblait plus cohérent. Egalement, j’ai dû prendre part au 30 km à 8 reprises. Donc, j’avais envie de changer »
Toutefois, le Clermontois ne s’attendait pas à vivre une telle expérience : « Dans la première bosse, j’étais largué. Je sais bien que Nicolas progresse, car aux départementaux de cross, il a fini 4e à 40 secondes de Julien Rancon, mais je ne comprends pas pourquoi il est parti si vite avec 10 bornes de plus que moi à accomplir.
Pour revenir sur Cyrille Mulot et Anthony Gay, j’ai dû me battre. On a beau être des potes et appartenir au même team, en compétition on se tire la bourre et l’on ne se fait pas de cadeaux. En plus, je n’ai pas voulu prendre de risques dans les descentes pour tenter de revenir plus vite. Cela glissait trop. Heureusement, quand j’ai recollé je suis parvenu à m’échapper dans la dernière montée et prendre un avantage de 50 secondes, que j’ai géré durant l’ultime déclivité. Rien ne servait de dévaler et de chuter. En mai, je tiens à être présent aux mondiaux. Sinon gagner ici me fait plaisir. Depuis 3 mois, je suis dans une bonne dynamique. J’espère que cela va continuer »
Première, Marlene Vigier n’y songeait pas :
« Je suis vraiment surprise. Quand j’ai vu le listing féminin, je ne m’imaginais pas atteindre le TOP 10. Cet été j’ai été victime d’une fracture de fatigue au fémur. Il m’a fallu 4 mois pour revenir. Aujourd’hui j’avais de bonnes sensations et pas de pression. J’ai été étonnée de me retrouver en tête. Je ne savais pas que Anne-Lise Rousset et que Caroline Benoît, qui fonçaient comme des fusées devant moi allaient continuer sur le 30. Maintenant, je vais bientôt commencer ma préparation des France du 100 km organisés en mai à Chavagnes, où je viserai moins de 9 heures. J’aime bien l’ambiance de l’ultra sur route, où dans sa bulle on se focalise sur le chrono »
Puis, alors que les derniers du 20 km n’avaient pas encore bouclé cette boucle, Nicolas Martin a reçu un accueil triomphal au moment, où il a achevé en vainqueur ce 30 km. A cet instant et sans qu’il puisse reprendre son souffle, Patrick Bringer lui a demandé : « Pourquoi es-tu parti si vite ? ».
Sourire aux lèvres, le vice champion de France lui a rétorqué : « Je n’avais pas l’impression de forcer et je pensais que nous irions plus vite que les autres années, vu qu’il y avait moins de neige. Malheureusement, c’était de la poudreuse. Ce qui a fini par ralentir l’allure. Et vers le 20e km, j’ai vécu un passage difficile. Heureusement que j’avais près d’une minute d’avance. Je me suis battu pour la gérer. Il était hors de question de tenter quelque chose dans les descentes, où c’était gelé. En plus, il fallait faire très attention, car la couche de neige n’était pas assez épaisse. Elle recouvrait les cailloux, mais pas assez pour nous en protéger. Bon, j’ai fini par bien m’en sortir avec un finish correct. Je veux dire par là, que je n’ai pas eu à tout donner. Ce que je ne manquerai pas de faire aux mondiaux, mon prochain gros objectif »
Vingt-cinq minutes plus tard, Anne-Lise Rousset époustouflante et surtout rayonnante a conclu sa chevauchée fantastique au 12e rang devant un public hystérique. La nouvelle star du trail circus national d’à peine 26 ans, victorieuse de la CCC 2014 a reconnu :
« Ce qui me motive, c’est de me faire plaisir. Vraiment, je ne suis pas une compétitrice dans l’âme. C’était magique avec des vues panoramiques de toute beauté sur le Sancy. Bon, j’ai pris trois gamelles, mais sans bobos. Et j’ai partagé cette course avec un V2 super sympa, qui comme moi est de Saint-Flour. A un moment, je l’ai ravitaillé. Il ne pouvait plus boire. Le tuyau de sa réserve d’eau était gelé. Bon n’ayant pas couru le TTN, ni les France évidemment je ne suis pas qualifiée pour Annecy. Je vais me lancer sur le skyrunning. Je vais retourner à la Transvulcania »
Enfin, il importe d’évoquer Badia El Hariri, qui comptait parmi les prétendantes au titre féminin. En début d’après-midi, le médecin a annoncé à la presse, que victime d’une chute sur le crâne ayant entraîné une légère perte de connaissance, elle avait été contrainte à l’abandon. De plud elle aurait dû être évacué sur Clermont-Ferrand, afin de subir des examens. Mais considérant ne souffrir d’aucune séquelle et se sentant bien, cette dernière après avoir signé une décharge a préféré s’en dispenser.
A lire dans le prochain Endurance : Un portrait de Badia El Hariri et une confession de Patrick Bringer.
Texte et photos : Christophe Rochotte.