Trail Blanc Serre-Chevalier: S.Ricard et R.Mey vainqueurs
Premier en 1h39’26’’, le champion du monde de raquettes en titre a devancé Mika Pasero : 1h39’35 et Mathieu Brignon : 1h42’07’’. Victorieuse chez les féminines l’Allemande Romy Mey : 2h04’08’’ a précédé l’Ukrainienne Yulia Baykova : 2h06’54’’ et Maud Gobert : 2h11’48’’.
Eu égard aux conditions climatiques, Patrick Michel, le créateur de cet événement a été contraint de modifier les parcours originels. D’où cet impression de chronos stratosphériques, avec des moyennes horaires à plus de 16 km/h pour le duo de tête, qui ne reflètent pas la réalité des années précédentes, où les meilleurs se situaient toujours au-delà des 2 heures d’effort.
Normalement d’une distance de 30 km, aujourd’hui le Trail Blanc n’a pas excédé 24 km. Quant à la « Guisanette », habituellement longue de 11 km, elle s’est limitée à 10 km. De plus, l’absence de neige a permis aux coureurs de progresser à une allure plus élevée.
Si le manteau neigeux était demeuré tel qu’il était vendredi matin, emprunter les tracés initiaux auxquels quelques variantes avaient été apportées aurait relevé du domaine du possible.
Or, ce jour-là la température a atteint les 18°. Idem samedi. Ainsi, la neige a fondu et sur les hauteurs, ou la fin des descentes, l’or blanc s’était métamorphosé en blocs de glace.
Ainsi, comme l’a confié Patrick Michel presque aphone : « Comme je ne voulais pas annuler, samedi de 9 heures à 19 heures nous avons dû procéder à une nouvelle architecture des circuits animé par la volonté de proposer une compétition comprenant des difficultés, mais tout en tenant compte de la sécurité. Il a fallu à nouveau baliser l’ensemble. Ce fut titanesque. Mais, nous y tenions par respect des coureurs et plus particulièrement pour ceux qui ont traversé la France pour nous rendre visite. Au moins, ils ne sont pas venus pour rien »
Ce matin à l’heure du départ, leurs chaussures munies d’un système antiglisse comme l’avait préconisé un arrêté rendu par la préfecture, les concurrents ne s’attendaient pas à une température aussi douce. Certains téméraires simplement vêtus d’un short et d’un t-shirt arboraient un large sourire, loin de se douter qu’en montagne la météo peut varier rapidement.
La première côte a permis d’écrémer rapidement le peloton.
Au sommet de celle-ci, les favoris avaient déjà creusé l’écart et 10 km plus loin Stéphane Ricard, Mathieu Brignon, Mika Pasero et Ludovic Pommeret quelque peu en retrait possédaient plus de 5 minutes d’avance sur leurs adversaires.
Puis le 20e km passé, seuls Stéphane Ricard et Mika Pasero progressaient en tête et sous une pluie battante avec une centaine de mètres d’avance sur un Mathieu Brignon portant les stigmates de la souffrance, mais refusant de capituler. Beaucoup plus loin et hors de leur portée, Ludovic Pommeret savaient qu’il ne conserverait pas sa couronne.
Le mano à mano entre les deux leaders a pris fin à 6 km du but. Profitant d’une légère défaillance de Mika Pasero, Stéphane Ricard a eu l’opportunité de s’en aller vers la victoire.
Tétanisé par le froid, ce dernier a déclaré : « J’ai fait attention à ne pas partir trop vite. J’ai simplement respecté mon allure. J’avais confiance en moi. Je savais que j’étais bien préparé et j’avais à cœur de réussir une belle course, car l’an passé je n’avais pas de sensations. Là, au contraire, j’ai pu tout donner. Ce qui m’a le plus gêné, c’est que nous avons couru constamment en dévers et je me suis senti constamment en déséquilibre. Ce résultat est de bon augure avant les mondiaux de raquettes prévus fin janvier à Québec, où je vais me battre pour conserver mon titre. Enfin, aujourd’hui j’ai démontré que je méritais ma place au sein de mon team ».
Second Mika a reconnu : « Bon, cela s’est joué sur la fin. J’ai coincé et il est parti »
Quatrième en 1h43’03’’, Ludovic Pommeret qui bénéficiait pourtant de la faveur des bookmakers a admis : « J’ai été asphyxié dès le départ. La première partie était trop roulante pour moi et je ne dispose pas de la vitesse de Mika et de Stéphane. Sur le retour, plus technique, je ne les avais même pas en point de mire. Egalement, il a fallu que je récupère de la Réunion. Je n’ai repris que depuis les vacances de Noël »
Chez les féminines, Romy Mey ne pensait pas l’emporter : « Cette victoire demeure une surprise. Je venais motivée à l’idée de passer un bon week-end à Serre-Chevalier que j’adore et je me réjouissais à l’idée de fouler la poudreuse. A la place, j’ai effectué un cross long. Bon, c’est la nature qui en a décidé ainsi. L’organisateur n’est pas responsable du temps. A propos de la course. J’ai suivi mon rythme. Pendant un moment j’étais derrière Maud et les autres. Quand j’ai recollé, j’ai bataillé avec l’Ukrainienne. Ce qui m’a boostée. Quand elle a lâché prise, je n’ai plus été inquiétée »
Troisième, Maud Gobert faisait elle aussi figure de grande favorite, cependant la Savoyarde a souligné : « J’ai coupé du 7 décembre au 7 janvier. J’en avais besoin après ma victoire à la SaintéLyon. Donc j’ai couru sur mes acquis. Ce qui ne fonctionne pas quand cela va aussi vite. Et en ce moment, je suis très prudente, car monitrice de ski je n’allais pas prendre le risque de me blesser sur une plaque de glace. Et mon objectif principal sera le mondial de Trail fixé fin mai lors de la Maxi Race. Bref, j’ai le temps de retrouver la forme. Sinon, je suis contente. J’aime bien venir rendre visite à Patrick Michel. C’est ici que j’ai couru mon premier trail. Depuis cette épreuve marque le début d’un cycle de reprise »
Sinon, à l’occasion de la Guisanette, la lutte fut rude entre l’Italien Xavier Chevrier, 12e des derniers mondiaux de course en montagne et Benjamin Bellamy, international tricolore dans cette discipline.
Second en 38’57’’ à 22 secondes du Transalpin, Benji a indiqué : « On s’est tiré la bourre. Mais dans la descente assez technique, je n’ai pas osé prendre autant de risques que lui. Ce qui lui a permis de prendre 100 mètres d’avance. A un moment, je suis revenu à 5 secondes, mais je n’ai pas pu recoller et il m’a battu. Je n’ai pas de regrets. C’est un grand champion. Maintenant, je vais me consacrer au cross jusqu’aux France, avant de réattaquer la montagne »
Enfin, bien qu’épuisé par ce weekend Patrick Michel se sent rassuré et songe à l’année prochaine : « Ce que l’on a vécu aujourd’hui, il n’est pas possible qu’on le revive l’an prochain. Et je suis satisfait, puisque les coureurs ne nous ont pas tenus rigueur de ce qu’il s’est passé »