Patrick Bringer, « être à la bagarre le plus longtemps possible »
Avant de mettre sa carrière entre parenthèses, Patrick Bringer, qui avait abandonné en 2013 à Gap (blessure à la cheville) et forfait l’an passé (côtes cassées) sera l’un des favoris des championnats de France de trail ce dimanche 27 septembre sur le format long (60 km). Le sociétaire du Beaumont Athlétique Club, 39 ans, sera presque chez lui, au Sancy, sur un tracé qu’il doit maintenant connaître les yeux fermés. Entretien avec l’affable professeur d’histoire-géo, vainqueur de la dernière édition de la Saintélyon.
Dans quel état d’esprit êtes-vous à quelques jours du championnat ?
Comme tout le monde, on a plutôt hâte d’y être. Il faut se reposer, attendre un peu, mais avec la rentrée scolaire, les enfants, je n’ai pas bien le temps d’y penser non plus. Mais la forme est similaire à avant Annecy. Je vais souvent m’entraîner aux mêmes endroits et les chronos sont plutôt similaires.
Quel va être l’objectif ?
Ça serait d’être à la bagarre le plus longtemps possible. Sur les précédentes éditions, les championnats de France se sont tous joué dans les derniers kilomètres. Je pense que la portion clé va sera la dernière grande montée qui fait 800 m D+, puis la descente vers l’arrivée. Si je peux être à la bagarre devant, tant mieux, mais je ne suis pas le seul à avoir la même idée.
Vous devez connaître chaque recoin du parcours !?
Maintenant, je le connais bien (sourire). Avoir le parcours à côté de la maison et ne pas le reconnaître aurait été un peu stupide. Donc j’y suis beaucoup allé avec les copains, en août en particulier. J’ai fait beaucoup de sections chronométrées en allure course, en particulier les descentes. On a fait un gros travail, en refaisant parfois plusieurs fois les mêmes descentes. J’ai reconnu çà méticuleusement. Ça sera un atout. Après, il faudra avoir les bonnes jambes en côte.
« Voir que tu réussis à t’améliorer en corrigeant des choses dans la prépa, en corrigeant des choses dans la descente, ça m’a fait plaisir »
Comment avez-vous vécu votre troisième place aux championnats du Monde à Annecy en mai dernier ?
C’était super. C’était honnêtement au-delà de ce que j’espérais, vu le plateau. J’espérais surtout le titre par équipes. J’ai eu plaisir à revivre ce qu’on a vécu en 2011, dans un contexte international il faut l’avouer plus relevé. Je suis très heureux du titre et du chrono final. J’avais couru cette course l’an dernier et on s’est vraiment améliorés (8h48’56’’ en 2014 ; 8h21’43’’ cette année, ndlr).
Voir que tu réussis à t’améliorer en corrigeant des choses dans la prépa, en corrigeant des choses dans la descente, ça m’a fait plaisir. Si j’avais fait 5e, j’aurais tenu le même discours ; la médaille de bronze, c’est la cerise sur le gâteau. D’autant qu’il y a des beaux clients derrière qui ont gagné de grandes courses.
Depuis Annecy, vous n’avez pas couru, hormis un trail à Clermont début septembre (vainqueur).
Depuis quinze ans, je m’aperçois que pour réussir en trail et rester en bonne santé, il faut peu courir. Je trouve que deux objectifs par an, c’est déjà pas mal. Sur marathon, ils n’en font pas plus, voire moins. J’essaie de rester dans la même logique. J’avais fixé Annecy et les championnats de France. Et les quelques courses avant sont là pour monter en pression et retrouver le rythme de la course.
J’ai coupé quasiment tout le mois de juin pour avoir de la fraicheur en fin de saison. J’ai fait une préparation sérieuse en août-septembre pour ces championnats en mixant une prépa d’athlé classique avec de la VMA, de la PPG –les fondements de la discipline- tout en faisant un gros travail de dénivelé.
« J’aimerais bien faire un 100 bornes »
Vous comptez stopper votre carrière à l’issue de ces France ?
Je ne vais plus courir tel que je le fais là, de façon compétiteur. Je vais me consacrer encore plus à l’entraînement de mon groupe d’athlètes, et à côté de çà, je vais faire de l’entraînement pour les benjamins-minimes à Clermont – c’est le fondement de notre sport, pour lequel il faut de la dispo. Il n’y a pas grand-chose actuellement sur Clermont pour ces catégories.
Le but est de créer un groupe de demi-fond sympathique sans condition de niveau (si le gamin vient trois fois par semaine et court 7’ au 1 000 m, je serais très heureux de l’accueillir pour qu’il s’entraîne sérieusement) et prendre du plaisir, avec des notions d’assiduité, d’aérobie plaisir – pourquoi pas faire un peu de rando, de VTT, tout en ayant une bonne éducation technique, gainage etc…pour que ceux qui arrivent minime 2 et passent cadet puissent ensuite aller dans le groupe de David Pellabout et Jean-François Pontier, s’ils en ont l’envie et le niveau.
Je vais aussi pouvoir apprendre techniquement auprès de David et Jeff car le demi-fond court n’est pas non plus ma spé. Il faut que je me forme, que je progresse là-dessus. Ça signifie donc être présent certains soirs, aller sur les cross toute la journée, sur les compétitions sur piste etc…
Ce n’est pas compatible avec le maintien d’une activité telle que je le fais aujourd’hui (10/12 heures de course par semaine en moyenne environ), surtout que je suis déjà très occupé. J’ai aussi mes gamins qui sont ados et je n’ai pas envie de rater certaines choses.
Je vais faire çà pendant deux-trois ans. Si j’y prends plaisir, je continuerai ; je pense que c’est une évolution logique quand on a la quarantaine. Mais peut-être que dans deux-trois ans, je repréparerai quelque chose, un ultra, un 100 bornes. J’aimerais par exemple bien faire un 100 bornes.
Ce qui est sûr, c’est que j’irai peut-être sur des courses l’année prochaine, mais de façon cool et sûrement sans beaucoup d’entraînement. J’espère juste à maintenir une bonne activité et prendre du plaisir. Après, j’encadre pas mal de stages et de week-end donc il faudra bien faire un minimum, sinon je vais ralentir tout le monde (rires).
Photos : Fred Bousseau et Team Sigvaris.