Benoit Cori, fini l’anonymat
Le vainqueur de la Saintélyon 2013 et des Templiers 2014 ne passe désormais plus inaperçu au départ des trails. Vainqueur du Gruissan Phoebus Trail (GPT) le 15 février, Benoit Cori enfilera pour la première fois le maillot tricolore lors des championnats du Monde le 30 mai prochain.
Benoit Cori n’est plus l’OVNI (Outsider Volant Non Identifié) que l’on avait dépeint lors de sa victoire à l’occasion de la 60e Saintélyon il y a un an et demi, et qui dévalait les descentes nonobstant les pièges abondants, après avoir récupéré un dossard par le truchement d’un ami au tout dernier moment…
La première partie de sa saison 2014 fut perturbée par une grosse blessure au genou, un syndrome de l’essuie glace doublé d’une fissure du cartilage. Et l’atypique Benoit Cori a « tapé » dessus, entre partie de pelote ou de foot… avant de se faire une raison.
« On m’a dit de rien faire pendant mon traitement. J’ai donc fait un bon mois et demi sans sport. Là-dessus, j’étais remonté comme une pendule, et j’ai repris de zéro, à partir de juillet ».
« Je n’ai entre guillemets par le droit de me déchirer »
Se concoctant un planning sur trois mois, lui qui se fait ses propres plans (« ma philosophie, c’est que chacun est différent, et j’aime bien faire aux sensations. Je me mets une ligne de conduite, mais si je n’ai pas envie ou si je suis fatigué, je fais autre chose. Pour l’instant, je ne ressens pas le besoin d’avoir un entraîneur » argue t-il), avec dans le viseur la 20e édition des Templiers. Une nouvelle fois, il a ébaubi son monde en l’emportant, lui qui escomptait un top 10, voire un « top 5 intérieurement ».
Ça sera la dernière fois que le coureur d’Ustaritz (Pyrénées-Atlantiques) et militaire au premier RPIMA à Bayonne arrive anonyme ou presque sur une épreuve. « Quand j’arrive sur une course, je suis forcément attendu alors que ce n’était pas le cas avant. Je n’arrive plus incognito. C’est aussi une petite pression en plus. Je n’ai entre guillemets par le droit de me déchirer » explique celui qui fait désormais partie du team Mizuno –tout en conservant son partenariat avec Endurance Shop Bordeaux (« ma priorité était de rester avec Endurance Shop car il m’ont fait confiance et on s’entend très bien. C’est comme une petite famille. C’est avec eux que ça a commencé » dit-il).
« Il faut aussi se faire plaisir et il y a des moments pour tout »
Il peut de fait s’aligner sans problème sur des courses en vogue, à l’instar du Gruissan Phoebus Trail ou l’Eco-Trail de Paris en avril prochain, lui qui disait après la Saintélyon, fin 2013 : « J’aimerais bien faire des trails reconnus, comme les Templiers qui font rêver, mais il y a toujours ce problème d’inscription avec le boulot. Et je n’ai pas un budget illimité » souriait-il.
En dépit d’une grosse gêne au niveau du tendon d’Achille, Benoit Cori, pour son premier objectif de la saison, a dominé le Gruissan Phoebus Trail le 15 février, s’imposant avec une marge confortable de six minutes.
Il est une chose qui n’a en revanche pas changé, c’est sa propension à « débrancher » au niveau alimentaire. La semaine suivant les Templiers, le Basque licencié au Running Club Noyellois a en effet « attrapé une crise de foie » comme il le racontait sur son blog (ici) en s’enfilant 400 grammes de M&M’s.
En une semaine, après le GPT, Benoit Cori a pris 4 kilos. « L’alimentation est mon gros problème. Ce midi, je me mange deux baguettes de sandwiches, ça reste raisonnable, mais je m’enfile un paquet de Pépito à la fin. Alors que je n’ai plus faim. Mais j’ai envie de chocolat, je me mange que des saloperies. J’arrive à faire attention une semaine avant les courses. J’arrête de manger des paquets de BN, Pépito. Le fait de reprendre le sport, ça compense quand on mange des saloperies.
Mais quand j’arrête le sport et que je mange des saloperies, alors là… » se marre t-il au bout du fil. « Il faut aussi se faire plaisir et il y a des moments pour tout ».
« C’était irréalisable de porter le maillot de l’équipe de France »
Fort de sa victoire aux Templiers, Benoit Cori revêtira pour la première fois le maillot tricolore aux championnats du Monde de trails, le 30 mai prochain à Annecy *. Et il en a déjà des frissons. « Une première sélection, c’est énorme. Je suis un touche-à-tout depuis tout petit. C’était irréalisable de porter le maillot de l’équipe de France. Alors le fait que l’on m’appelle pour ça, alors que je ne suis entre guillemets plus tout jeune (32 ans) …Mais je ne l’ai pas encore porté. Il me tarde d’être le jour J et de l’avoir sur le corps. Il ne faut pas que je me blesse. Il faut que je sois en forme. C’est énorme, je suis sur un nuage, mais le vrai aboutissement, c’est quand j’aurais le maillot sur les épaules. Et le but est d’honorer ce maillot, car si on en est là, ce n’est pas non plus pour faire de la figuration ».
Faire de la figuration, ce n’est pas le genre de la maison…
* Mi-janvier, l’IAU a effectué une modification indiquant que chaque nation pourra sélectionner neuf athlètes (neuf hommes et neuf femmes), au lieu des six initialement prévus.
Photo : Benoit Cori.