Marathon du Médoc : quatrième victoire pour Thierry Guibault, la douzième pour Nathalie Vasseur !
Encore une fois, le marathon du Médoc n’a pas failli à sa réputation, pour la trentième édition de cette épreuve si singulière. Avec aisance, Thierry Guibault a glané sa quatrième victoire sur le (chaud) macadam médocain, en 2h28’41’’, devant David Antoine, 2h36’30’’, et Fraser Thompson, 2h37’26’’. Chez les femmes, Nathalie Vasseur a conquis sa 12e victoire en 17 participation en 2h53’31’’, après un joli mano-a-mano avec Stéphanie Briand Viaud, vainqueur en 2013 et deuxième en 2h58’32’’.
Le Médoc est bien un marathon à part. Il n’y a qu’à humer l’atmosphère régnant sur la longue avenue faisant office de ligne de départ pour s’en convaincre. Ça chante, ça danse, ça parle anglais, espagnol, japonais, brésilien etc… (plus de 50 nationalités différentes). Les sourires sont de circonstance. Les masques de concentration, comme à l’accoutumée sur ce genre d’épreuves, non. La foule est bigarrée, colorée et grimée en une pléiade de déguisements, certains sacrément extravagants, avec comme thème « les pays du Monde et leurs carnavals ». Parmi eux, Fabien Berkese, qui a disputé son premier 42,195 km en 2011 au Médoc en 3h34’ et quelques. Là, avec ses quatre comparses, ils se sont lancés le défi de faire le marathon en poussant un char de 2,40 mètres de haut, et comptent bien en profiter et aller jusqu’à 6h30, le temps imparti pour achever ce long périple. « On a voulu le faire à la cool, et on s’est dit : “pourquoi ne pas pousser un char“. On a voulu faire le parallèle avec le Mondial à Rio » explique Fabien, affublé en joueur de foot. « Il y a une place assise et trois pousseurs. On va se relayer pour bien profiter ». Un groupe de musique brésilien met l’ambiance avant le départ. On se croirait davantage à un festival carioca que sur un marathon…
9h30. Le soleil grimpe dans un ciel immaculé. Quelques coups de pétard se font entendre. Les 10 000 coureurs –soit 1 500 de plus qu’à l’accoutumée, uniquement pour le 30e anniversaire- s’élancent au son du feu d’artifice.
Le cavalier seul de Thierry Guibault
D’emblée, Thierry Guibault, triple vainqueur sortant et 40 ans depuis juillet dernier, se détache sur les bords de la Garonne, dans le sens originel du parcours –à l’inverse des précédentes éditions-, en compagnie du Britannique Fraser Thompson, alors que David Antoine, vainqueur à cinq reprises du Médoc, se trouve en « chasse-patate ». Très rapidement, l’écart entre le duo de tête et le reste du peloton bariolé croît. 17’30’’ au 5 km. Ça ne va pas assez vite pour Fraser Thompson, visiblement. Comme lors des précédentes années, il accélère, 3’15 au kilo. Thierry Guibault, sage, laisse faire puis recolle. On passe dans les premiers châteaux, à l’instar de celui de Phélen Ségur. Les spectateurs sont nombreux, davantage qu’en 2013. Qui dit châteaux, dit cailloux, vignobles, et corollaire : dévers, faux plats, bosses, qui vont peser musculairement au fil de la course. A fortiori pour ceux qui s’arrêter déguster les grands crus, ou allègrement manger (cannelés dès le 5e km, entrecôtes peu après, sans oublier les huîtres et tout le reste… ; on fait ça bien au Médoc).
Du côté des femmes, Stéphanie Viaud mène les débats, accompagnée de son mari Joël, alors que Nathalie Vasseur, entourée d’une abondante garde rapprochée, est partie prudemment, calquant la course sur du 4’ au kilo.
Semi-marathon, 1h15’ pour le duo de tête. Moment choisi par Thierry Guibault pour accélérer la cadence, aux environs du château Batailley. Le natif de Cognac met fin au suspense, et s’envole vers sa 4e victoire consécutive. « Je crois que Fraser est en train de sauter » glisse la personne qui informe Guibault des écarts. Pour sauter, il saute. Fraser Thompson n’a pas dérogé à son schéma de course, partant une nouvelle fois trop vite.
Mano-a-mano entre Nathalie Vasseur et Stéphanie Viaud
Illustration au kilomètre 27, au château Belgrave. Absence d’aiguillage et de balisage. Thierry Guibault part dans la mauvaise direction, avant de rebrousser chemin. Il perd la vingtaine de secondes d’avance qu’il avait sur le Britannique…mais les reprend presque dans la foulée, sans s’affoler, sur un long bout droit en direction de Beychevelle.
Du suspense, il y en a en revanche sur la course féminine, où Nathalie Vasseur réduit son retard sur Stéphanie Viaud : à moins de 15 kilomètres de l’arrivée, quarante secondes les séparent, mais celle qui a accroché le Médoc à 11 reprises semble en meilleure posture, alors que la chaleur monte et commence à vraiment se faire sentir.
De son côté, Thierry Guibault se balade. Dommage que la densité aux avant-postes ne soit pas en corrélation avec la réputation et l’attractivité de la manifestation (mais les deux sont-ils compatibles ?) afin que certains coureurs lui offrent une réplique plus redoutable. En 2h28’41’’, le sociétaire de Compiègne empoche sa 4e victoire d’affilée. « C’est extraordinaire. C’est magique » confie t-il, ému. « Ma femme fait son premier marathon. Elle s’est bien préparée et devrait faire moins de 3h30 » explique t-il (sa femme Maud terminera 167e et 14ème féminine en 3h38’17’’) avant de revenir sur la course. « La fin est plus dure qu’avant avec les montées et les descentes. Mais en même temps, on est plus encouragés. La course s’est vraiment bien passée. Je n’ai pas eu de coup de moins bien. L’objectif est désormais de rattraper Philippe (Remond, qui comptabilise le record de 9 victoires sur le Médoc). J’aurais 45 ans. C’est jouable, mais ça va dépendre des adversaires qui viendront ».
Mais avant, il y aura les France de marathon à Metz (12 octobre), pour lesquels Thierry Guibault escompte le titre vétéran, après avoir terminé 2e des France de cross de la catégorie au Pontet –« j’étais très déçu »- et 3e aux France de 10 km.
Deuxième en 2h36’30’’, David Antoine se montrait un brin désappointé après avoir lui aussi été mal aiguillé au km 27. « J’ai perdu cinq minutes. Thierry était costaud mais j’étais bien préparé. C’est deux mois de prépa pour rien. Je suis content car c’est la fête, mais il y a de l’amertume ».
Nathalie Vasseur : « J’avais une niaque d’enfer ! »
Quelques minutes après, c’est tout sourire que Nathalie Vasseur franchit la ligne d’arrivée…pour son 12e succès(sur 17 participations) en 2h53’41’’. « C’est la plus belle ! » souffle t-elle à Hubert Rocher, l’un des instigateurs du Médoc en 1984. Avant de se diriger vers Yves Bruneau, 50 ans hier, son lièvre de luxe*. « Un grand merci à mon poisson pilote ! ». Quelques instants après, elle glisse : « Je voulais gagner. Je me suis bien préparée, notamment trois semaines en Espagne où j’ai augmenté le kilométrage. Je n’avais rien à perdre…et je n’ai rien perdu ! Le but était de faire une course régulière, à 15 à l’heure. J’avais la niaque. Une niaque d’enfer ! ».
Après son succès en 2013, Stéphanie Viaud prend la deuxième place en 2h58’32’’. « J’ai eu un coup de mou au 30e à cause de la chaleur. J’ai ensuite préféré gérer pour terminer pour 20e marathon en moins de 3 heures ».
La chaleur (27-28 degrés), loin d’être idéale pour disputer un marathon, surtout si on s’arrête déguster quelques verres. Mais sur le Médoc, tout est permis !
Les podiums masculins et féminins :
1. Thierry Guibault, 2h28’41’’ ; 2. David Antoine, 2h36’30’’ ; 3. Fraser Thompson, 2h37’26’’ (…) 20. Nathalie Vasseur (1ère féminine), 2h53’41’’ (…) 32. Stéphanie Viaud (2ème féminine), 2h58’32 (…) 73. Christine Mayonnade (3ème féminine), 3h16’37’’.
*son portrait sera à lire dans le numéro 238 de VO2 Run