Pierre Urruty, la surprise des championnats de France de 10 000 mètres
Inattendu cinquième des championnats de France de 10 000 mercredi dernier à Saint-Maur-des-Fossés (29’23’’19) pour sa première apparition sur la distance, Pierre Urruty a fait beaucoup mieux que sur 10 km route (29’55). Et s’ouvre ainsi, à 26 ans, de nouvelles perspectives.
Lui-même avoue un certain étonnement face à sa performance. «Je suis plus surpris par la manière que par le chrono. Je me suis rendu compte qu’à 1500 m, 2000m de l’arrivée, j’avais encore des jambes. Du coup, j’ai fini fort sur le dernier 1500 (4’17) mais c’était un peu tard. En même temps, je n’arrivais pas à me rendre compte si je pouvais suivre les meilleurs ou pas». Car Pierre Urruty a couru mercredi dernier son premier 10000 de sa carrière.
Après avoir effectué la première partie de course dans le groupe de tête, composé de sept coureurs (passage en 14’34 au 5000), il n’a pas cherché à suivre la «franche attaque» au 6e km de Riad Guerfi, futur vainqueur. Fort de son finish, Pierre Urruty a donc accroché la cinquième place, en 29’23’’19, améliorant ainsi de plus de trente secondes son meilleur temps sur la route (29’55 le 1er avril dernier à Cherbourg). Un gouffre!
«A la base, je suis plutôt pistard. Je suis donc mieux sur la piste que sur la route» souligne t-il pour expliquer sa progression. «En deux semaines j’ai fait deux fois moins de 30’ sur route (24 mars, 29’57 à Nogent sur Marne puis Cherbourg une semaine après) sur des courses très irrégulières où les Kenyans ou les Burundais ne font qu’accélérer et ralentir. Quand j’étais en forme, je n’ai jamais eu une course régulière avec de bonnes conditions. Mais je pensais que 29’30, c’était possible» poursuit-il.
Pas d’entraînement spécifique
Le plus déroutant, c’est que l’athlète d’Athlé Sud 77 coaché par Thierry Choffin indique ne pas avoir préparé spécifiquement ce rendez-vous, s’y alignant uniquement car il était qualifié. «Je me préparais plutôt le 15. Pour entretenir mon foncier, j’ai fait pas mal de courses sur route, sans faire beaucoup de séances spécifiques. Et peut-être que la compétition, c’est le meilleur entraînement». C’est ainsi qu’à l’issue des France de cross court (il était malade et a abandonné), le Bayonnais de naissance a enchaîné cinq courses sur route consécutives. Et est catalogué de fait comme un coureur «de course à jambon» selon l’expression un brin péjorative consacrée.
En décembre 2011, il a ainsi remporté trois cross le même jour! Autant par envie que pour les primes, comme il le reconnaît lui-même. «J’assume parfaitement. Mais c’est pour me faire plaisir aussi. Sur certaines courses, si je veux aller chercher un temps, ce n’est pas forcément là où il y a les plus grosses primes. Mais dans les moments de saison creuse, quelques courses permettent forcément d’arrondir les fins de mois. On ne va pas cracher dessus».
Coupe d’Europe de 10000 m?
La saison dernière, il avait dû réduire sensiblement son nombre d’entraînements, puisqu’il effectuait ses classes en gendarmerie. Mais depuis juin 2012, il est intégré à la garde républicaine, ce qui lui permet de s’entraîner deux fois plus, soit « 8 à 10 fois par semaine » avec d’autres athlètes de cette même garde, tel Frédéric Bouvier ou Kevin Begnis (EFCVO), 9e mercredi à Saint-Maur. Un entraînement basé sur le court (3’47’’12 cet hiver en salle puis 7e des France Elite à Aubière), « des fartlek avec des répétitions courtes mais beaucoup de quantité (type 1’-1’, puis 45’’-45’’ et 30’’-30’’) ainsi que de la PPG ». Et son objectif est de battre son record sur la distance (3’45’’16, en 2009, à savoir faire « 3’42-3’43 ».