Romain Collenot-Spriet : les raisons d'un échec aux championnats d'Europe espoirs
Le champion de France de cross court cet hiver revient sur la cause de son été décevant et se projette déjà sur son prochain objectif, les championnats d’Europe de cross en décembre prochain.
A Font Romeu, certains athlètes préparent les Mondiaux de Moscou. D’aucuns sont là uniquement pour le plaisir de courir en altitude alors que d’autres, à l’instar de Romain Collenot-Spriet, préparent déjà la saison prochaine. Avec deux amis –Mustapha Habbani et Benoit Senee- ainsi que sonfrère cadet, le steepleur a prévu de rester cinq semaines dans les Pyrénées Orientales. Retour sur sa saison estivale.
Finale des championnats d’Europe espoirs sur 3000 m steeple à Tampere, 4e en 8’41’’92. «C’était un flop» assène d’emblée Romain Collenot-Spriet, qui ambitionnait bien davantage que cette quatrième place. «J’étais en méforme suite au stage effectué en avril à Font Romeu. A un mois de l’échéance des Europe, juste après Besançon (15 juin, 8’42’’51) et Alger (18 juin, abandon), je n’avais même pas envie de faire les Europe. Je savais que je n’étais pas bien. Je ne me reconnaissais pas quand je courais. J’avais dit à mon coach que je ne voulais pas y aller. Il m’a remotivé, mais j’étais déjà sur la préparation pour les Europe de cross. Il fallait que je me retrouve un autre objectif. Ça me ne motivait pas d’aller aux Europe espoirs sans avoir toutes mes capacités» glisse t-il.
«Sur le coup, j’étais quand même déçu. J’avais annoncé podium, voire titre, je pense que vue la saison hivernale, j’étais vraiment dans cette optique là (champion de France de cross court, 7’59’’68 sur 3000 m en indoor). On a fait une erreur de jeunesse avec mon coach (Cyrille Nivault) ».
Le stage de trois semaines à Font Romeu en avril :
Cette erreur de jeunesse, c’est ce stage de trois semaines effectué à Font Romeu en avril, où le Blésois a trop «botté», traduire est allé trop vite. «J’en ai notamment parlé avec Mehdi Baala et Philippe Dupont (manager du demi-fond français, tout deux sont présents à Font Romeu, ndlr), qui me disaient que je m’étais grillé ici. Je suis parti trois semaines avec Mustapha (Habbani). J’ai mis trop de cœur à l’ouvrage et du coup, je me suis complètement grillé». Et il n’a pas respecté la semaine d’acclamation inhérente à ce type d’entraînement, a fortiori lorsqu’il s’agit d’un premier stage à 1800 mètres.
«J’étais un peu sur l’euphorie de la saison hivernale. J’avais réussi à caler trois semaines, ce qui était compliqué avec mes études de médecine. Je me suis dit: “tu es parti trois semaines, tu loupes des cours donc profites en“. Je me sentais donc obligé de travailler. Au bout de 2 jours, j’ai “direct envoyé“. J’ai fait de grosses séances. Le coach de Yoann Kowal (Patrick Petit-Breuil) m’a dit que c’était beaucoup trop rapide par rapport à ce que je devais faire». Et ce stage, qui avait pour but de faire remonter un taux d’hématocrite (pourcentage de globules rouges contenus dans le volume total de sang) «très bas -40- à la sortie de l’hiver», a eu l’effet inverse.
«Je ne l’ai pas du tout remonté. Du coup, j’étais essoufflé anormalement toute la saison. Sur du long, je n’étais pas bien. Si ça avait été tactique aux Europe avec un dernier 400 mètres rapide, j’aurai été largement mieux. Mais c’est parti tout de suite au train». Pourtant, il avait réalisé une très grosse séance début juin. «Ce qui est bizarre, c’est que sur des séances qui ne dépassent pas 1 500m, ça allait, mais à partir du moment où ça dure plus de 3, 4 minutes, je sens que je suis essoufflé. Sur les footings, je suis essoufflé très rapidement alors que je suis avec des gens de niveau inférieur à moi» explique t-il.
Pourquoi l’altitude? Si son stage en avril l’a grillé pour la saison estivale, pourquoi continuer à venir à Font Romeu? «Je pense qu’à un certain niveau, on est un peu obligé de faire de l’altitude. J’ai un taux d’hématocrite qui à la base n’est pas très haut. Je me dis qu’il faut que je parte en altitude pour augmenter mon taux. Maintenant, il faut que j’adapte mes méthodes d’entraînement pour l’augmenter et non pas le baisser. Je prends le bon côté de la chose. J’ai loupé ma saison estivale, c’était une saison espoir qui était importante mais je relativise, il faut mieux que ça arrive maintenant que dans deux ou trois ans. C’est de l’expérience emmagasinée et on va rebondir, on ne va plus refaire les mêmes erreurs. On va prendre conseil auprès de Mehdi Baala ou Philippe Dupont. Mon coach est jeune, il a 33 ans, il apprend aussi avec moi, je suis son premier athlète de haut niveau. L’entraînement paye en plaine mais il faut l’adapter en altitude».
Les Europe de cross en décembre 2013 à Belgrade :
«Maintenant je veux rebondir et je me mets directement dans l’optique des Europe, même si ce n’est qu’en décembre» lance Romain Collenot-Spriet, qui a coupé 10 jours après Tampere avant de venir à Font Romeu pour un stage de cinq semaines. «Je reste en vacances ici une semaine – dix jours, ce qui permettra de m’acclimater» précise t-il. Toutefois, souvent présent au stade pour faire un peu de condition physique (gainage, abdos), n’a-t-il pas peur de ne pas véritablement couper et de reprendre trop tôt ?
«Il faut toujours que je jongle avec mes études et il faut que je parte en altitude au vu de mon taux d’hématocrite qui est trop bas. Il faut que je revienne faire des globules. Et il faut que je sois rentré en septembre (pour débuter sa quatrième année de médecine). Je n’ai pas vraiment le choix. Si je veux faire un stage, il fallait que je parte 5 semaines –deux semaines, ça sert à rien. Là, je suis quand même avec mes amis. Je fais quand même trois semaines de coupure totale. Je n’ai jamais eu autant la rage et la niaque en attaquant une saison. Je suis vraiment motivé, j’ai les dents longues. Je ne louperai pas ma chance aux Europe de cross. Mentalement, je suis prêt à me réentraîner très fort jusqu’en décembre pour aller chercher cette médaille, voire ce titre. C’est très loin, je sais qu’il y a beaucoup de préparation. Je vais prendre mon temps, car ça ne sert à rien d’être en forme en octobre. C’est pour ça que je suis parti cinq semaines. L’acclimatation va se faire naturellement. L’objectif c’est vraiment de remonter mon taux d’hématocrite».
«Je n’accordais pas d’importance à ce taux car à la base je suis assez bas» poursuit-il. «Maintenant, avec les suivis de la FFA (prises de sang etc…), on peutregarder tout ça. Et j’y accorde de l’importance car je l’ai ressenti sur des footings. Du moment que tout va bien, je ne regarde pas. Mais là, ça me gênait vraiment».