Sophie Duarte : l’abandon aux Europe à Zurich, la défense du titre en cross, le marathon en 2015
Sophie Duarte faisait partie des trois tricolores en lice sur le 10 000 mètres des championnats d’Europe de Zurich –une première- mardi 10 août. Mais une résurgence d’une vieille blessure l’a contrainte à abandonner, alors qu’elle visait très haut. Place désormais à la défense du titre continental en cross, avant de monter sur marathon l’année prochaine.
C’est fou: on a beau être championne d’Europe de cross –en décembre 2013, cela faisait 12 ans depuis Yamna Belkacem (2001)que ça n’était pas arrivé- on peut quand même abandonner incognito. C’est vrai que les caméras, avides de bonnes images dans un mois d’août propice à la relâche et peu prolixe en fortes actualité, délaissent leur champ de vision dans les champs de cross l’hiver venu. Le grand public n’a donc pas eu l’occasion de découvrir la Toulousaine. Bref.
Toujours est-il que Sophie Duarte semblait se balader durant ce 10000 m, il y a plus d’une semaine déjà, avant filer prématurément dans les entrailles du Letzigrund, quelques instants avant le doublé bleu. «Nous étions nombreuses au départ, et tour après tour j’étais dans le peloton, pas à l’aise au niveau de la foulée. J’ai réveillé une blessure d’il y a 15 jours où j’avais une douleur à l’ischio» relatait l’athlète coachée par David Heath samedi dernier à l’hôtel Renaissance de l’équipe de France. «Je n’avais pas fait d’échographie, car Philippe Deymié, qui me suit, était en vacances. Visiblement c’était une ancienne déchirure que j’avais contractée cet hiver après les Europe de cross, avant Nice, qui s’est sur-inflammée».
«Je m’étais remotivée à bloc»
«L’ischio se raidissait, et six tours avant la fin, ça a commencé à s’amplifier» poursuit celle qui a stoppé sa course 400 mètres plus loin. «Oui, j’étais déçue, dans le sens où j’étais très bien revenue».Après une saison harassante où les rendez-vous se sont succédés (Europe de cross, 10 km à Nice, France de cross, 10000 mètres à Londres), Sophie Duarte a logiquement connu un coup de mou, à l’approche des championnats de France à Reims, où elle était apparue moins saignante, déposée dans les 200 derniers mètres par une Laila Traby sangsue. «Oui, j’étais peut-être bien physiquement mais je n’avais pas fait de bonnes séances avant. Je m’étais dit: “je vais aux France pour voir si j’ai vraiment envie“. Et je m’étais prouvée que j’avais vraiment envie. Je m’étais remotivée à bloc alors que je l’avais un peu perdue par une saison hyper épuisante. J’avais refait de très bonnes séances. David était confiant. Tous les feux étaient au vert. Je suis évidemment déçue car je pouvais écrire le scénario et là j’ai écris un abandon».
«Etre aguerrie pour Rio»
Sophie Duarte l’a digéré. Difficilement. Elle était en repos, mais est allée courir deux-trois fois, «pour m’aérer» sourit-elle. Désormais, deux, voire trois semaines off l’attendent, pour bien régénérer. Samedi 16, au matin, elle se trouvait au ravito du marathon féminin. «J’ai vu Christelle pour voir comment ça se passait». La Toulousaine fait partie du projet marathon et s’apprête à monter sur la distance. Pas encore pour la fin de l’année, car elle escompte bien réaliser le doublé aux championnats d’Europe de cross. Plutôt en 2015. «Le but est d’être aguerrie pour Rio. Mais on ne s’improvise pas marathonienne du jour au lendemain en disant il y a un projet et je m’y glisse».
Son choix semble muri (cela fait déjà plusieurs mois que c’était dans les tuyaux), elle qui s’entraîne à l’anglaise, incluant ainsi déjà de longs et gros footings dans sa prépa cross et 10000. Avec une Christelle Daunay au sommet, Sophie Duarte pourrait incarner la relève et prendre son sillage sur la distance. «Je tiens à saluer son titre, car c’est un investissement de longue haleine» dit-elle sans que l’on ait abordé le sujet. «C’est une fille qui est hyper professionnelle, et pour moi il y en a très peu. J’ai peut-être impulsé une dynamique après mon titre, puis là sur le 10000 m. Christelle me tire aussi, c’est très motivant et c’est super pour le hors stade. Ça prouve que le projet marathon pour Rio va marcher».