Ben Lkhainouch, 5ème et Champion de France de cross long
Avec le changement de réglementation sur les coureurs étrangers, le cross long hommes a offert un spectacle difficile à décrypter, puisqu’il a fallu attendre jusqu’à la 5ème place pour voir arriver El Hassan Ben Lkhainouch, qui obtient le titre de Champion de France devant Abdelattif Meftah et James Theuri, alors que Romain Courcières est 4ème Français.
Drôle de scénario pour cette ultime course de ce Championnat de France du Pontet. On savait qu’avec le changement de réglementation sur les coureurs étrangers, les clubs avaient engagé un plus grand nombre de coureurs étrangers, comptant pour les points du classement collectif, mais pas pour les podiums du France. Mais les 8500 spectateurs présents pour ce France ont assisté à un spectacle étrange. D’abord, par l’attentisme de la tête de course, qui tardait à se départager, soucieuse de se protéger des rafales de vent très violent balayant l’hippodrome. Mais surtout, par le mixte athlètes français et étrangers, dans ce groupe de tête, laissant longtemps planer le doute sur le futur vainqueur du titre. Et il fallait les yeux des experts pour détecter Hassan Ben Lkhainouch, comme le champion de France.
Devant lui, on avait d’abord retrouvé El Goumri, le Marocain de l’AC Alès, Bellany, le Marocain de Martigues, Niyonkuru, le Burundais d’Angers, Ndemi, le Kenyan de Clermont Ferrand.Mais Hassan Ben Lkhainouch savait, lui, se situer dans ce contexte cosmopolite, et dans la dernière ligne, il se savait certain d’être titré. Il accueillait ce résultat avec une grande émotion, expliquant: «Mon père vient de décéder. Il m’a donné du courage. J’avais la rage pour lui!»
Ce décès survenu le 22 janvier l’avait contraint à repartir de suite du stage avec l’Equipe de France au Portugal, et meurtri, il avait même stoppé l’entraînement pendant 15 jours. Mais finalement, ce repos forcé lui a réussi, il a ensuite enchaîné de bonnes séances il y a 15 jours, ainsi que des sorties longues de 1h 30, qui lui ont donné de la force. Malgré tout, il l’avoue, il n’était pas certain de sa forme, et pour cela, il a refusé de suivre toutes les relances impulsées par les coureurs étrangers: «Avec la boue et le vent, ce n’était pas facile. J’ai perdu de la distance, je me suis mis à mon rythme.»
Il a aussi bien observé son principal rival pour ce titre, Abdelatif Meftah: «J’ai vu qu’il n’était pas bien. Il n’a pas suivi à mon changement de rythme.» Et c’est ainsi en contrôlant sa course tout le long, qu’il s’est envolé vers son premier titre de champion de France: «Il y a longtemps que je l’attendais!»Les années précédentes, il était pourtant très très loin de ce niveau, 26ème seulement au France, 8ème en 2012, absent en 2011 et 2010, 13ème en 2009, 18ème en 2007.
Pour trouver mieux, il faut remonter à 2004, où il avait terminé 3ème du France, mais hors championnat car Marocain, et surtout sous le nom de Benmeni, qui est celui que lui a donné la Légion Etrangère qu’il représente. Mais cette place a disparu des tablettes, balayée par un contrôle positif, et il s’était retrouvé suspendu pour deux ans. Son passé avait refait surface dès le début de l’hiver, lorsqu’il avait été sélectionné pour le Championnat d’Europe de cross, où il avait connu une modeste performance, 10ème seulement.
Jean-François Ponthier, le manager du demi-fond de la FFA, éclaire ce parcours: «Pour le dopage, il a fait sa sanction, c’est du passé. Pour son résultat au Championnat d’Europe, il faut voir que de septembre à décembre, il avait fait beaucoup de courses. Car Ben est dans une situation précaire. Il n’a pas de travail, sa femme non plus, et ils ont deux enfants. Alors il y a une nécessité sociale pour lui de courir. Avant ce France, il a moins couru, il a seulement fait le cross du Mans. Et on voit qu’avec du repos, il réussit une grosse performance. Il a des qualités. Il faut qu’on trouve une solution pour l’aider sur le plan professionnel.»
Pour Jean François Pontier, cette victoire s’inscrit donc dans une vraie logique, comme le podium:«Les favoris sont sur le podium. Sauf Chahdi qui n’est pas un homme de mars, sauf à Paray Le Monial. Pour Mandour, je ne l’ai même pas vu courir. Mais en fait, une question se posetout de même «Le résultat d’une course sans les étrangers aurait-il été différent?»Et Jean François Pontier de conclure avec ambivalence: «Je suis partagé. On retrouve entre 7 et 10 étrangers dans le TOP 20. C’est beaucoup, mais c’est le règlement. Pour moi, c’est bien pour les Français, ils se situent par rapport au haut niveau. Cela doit les booster!»