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Le cadet Mohamed-Amine El Bouajaji, 8’16’’43 sur 3 000 mètres, ne se fixe pas de limites

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Poste Le 19 septembre 2014 par adminVO2

Médaillé de bronze aux FOJE (Festival Olympique de la Jeunesse Européenne) en juillet 2013 sur 3 000 m, champion de France sur la distance à Valence en juillet dernier, Mohamed-Amine El Bouajaji s’est distingué en claquant un très gros 8’16’’43 en séries des Jeux Olympiques de la Jeunesse (JOJ), le mois dernier à Nankin, en Chine. Soit la 5e performance française tous temps chez les cadets, juste devant Hugo Hay (8’19’’71, 7e) et Anthony Pontier (8’19’’82, 8e). Avec notamment Baptiste Mischler (3’47’’22 sur 1 500, 6e aux JOJ), ils symbolisent une prometteuse génération du côté des cadets. Entretien.
Pour joindre Mohamed-Amine El Bouajaji, il faut passer au préalable par son coach (depuis septembre 2013) Jean-Marc Ducret. «J’ai perdu mon portable, mais je vais bientôt en avoir un autre» sourit le sociétaire du Strasbourg Agglomération, en première ES, et qui vient de reprendre l’entraînement dans l’optique de disputer les France de 4×1000 m (11-12 octobre) «pour s’amuser» avec ses potes.
«On le suit depuis les minimes. Les 8’16’’ étaient largement dans ses cordes. On pensait même qu’il pouvait faire mieux. Mais on ne cherche pas les chronos avec lui. J’ai une ligne de conduite qui est orientée vers les JO de 2020. J’ai fait un plan carrière pour lui. L’an dernier, il s’entraînait quatre fois par semaine, puis cinq cet été quand on a préparé les JOJ. Il va passer à six cet hiver. Pour cette année, on a travaillé beaucoup l’aérobie. On n’a pas fait trop de lactique, et pas de spécifique 15. Ses 3’48’’ (3’48’’50 sur 1500) sont surprenants mais je m’en doutais un peu au vue de ce qu’il faisait à l’entraînement. Je pense que ça sera un futur grand coureur de 15. Le 3000, c’est surtout pour travailler l’aérobie. Je ne veux pas qu’il fasse du spécifique tout de suite. En junior 1 (en 2015) il va descendre sur 15, avec une dominante 3000. Il a un potentiel énorme, d’après Jean-Michel Dirringer (qui a coaché Mehdi Baala durant sa carrière et entraîne actuellement Bouabdellah Tahri)» explique en préambule Jean-Marc Ducret.
Mohamed-Amine, quel bilan tirez-vous de votre saison?
Je suis fier de ma saison. Ça prouve que je continue à progresser correctement et que l’on est sur de bonnes bases. La perf dont je suis le plus fière, c’est 8’16’’ (43). Je les fais en séries (aux Jeux Olympiques de la Jeunesse, le 20 août) sans utiliser le finish. Ma déception de la saison, ça reste la finale avec cette crampe intercostale (il s’était arrêté, avant de repartir et terminer la course, mais fut disqualifiée car il s’est arrêté à l’extérieur de la piste, ndlr). Sinon, j’en tire un excellent bilan. Sans entraînement spé 15, je fais 3’48’’ (50, le 6 juin). C’était pour me faire plaisir. Ça prouve que je suis vraiment un coureur de 15.
C’est la distance sur laquelle vous vous sentez le plus à l’aise?
Oui. Et c’est là où j’ai le plus de qualités.

«La barrière la plus haute est d’être champion olympique»

Comment êtes-vous venu à l’athlé?
En fait, c’est assez drôle (rires). Quand j’ai appris à marcher, je ne marchais pas: je courais partout car je n’arrivais pas à rester en équilibre. Si je restais sur place, je tombais. Puis je n’étais jamais fatigué une fois que j’ai commencé à marcher. Je n’arrivais jamais à dormir, j’étais une petite pile électrique. J’ai essayé plein de sports: du taekwondo, du judo, du karaté, de la natation etc… A cinq ans, j’étais en école d’athlé. Puis, en minimes, je n’étais plus intéressé par l’athlé,j’allais moins à l’entraînement. Je voulais arrêter, j’aimais beaucoup le taekwondo.
Mon père m’a dit d’au moins finir l’année. Quand Jean-Marc l’a su, il m’a pris en main. Et je me suis qualifié pour les FOJE, j’ai fait 8’28’’ (69, 29 juin 2013 à Gagny) et ma première médaille internationale (aux FOJE, 3e en 8’31’’68 en juillet 2013). Ça m’a reboosté.
Vous avez des objectifs particuliers en tête à court et long terme?
A court terme, ce sont les sélections en équipe de France qu’il y a années après années et qu’il ne faut pas rater. Ça reste toujours un honneur. Cette année, ça sera donc les championnats d’Europe sur piste (Eskilstuna en Suède). Pour les cross, on fait toujours du foncier l’hiver. Je ferais quelques cross mais je les fais pour le travail. Je chercherais à gagner sur les cross sur lesquels je vais m’aligner mais je préfère la piste aux cross (il était tombé et avait abandonné alors qu’il était dans le trio de tête en mars dernier au Pontet).A long terme, ce sont évidemment les Jeux Olympiques. Je ne me mets pas de barrières. Tant que je pourrais progresser, je progresserai. Selon moi, la barrière la plus haute est d’être champion olympique. Au dessus de ça, il n’y a rien. L’objectif à chercher sera d’être champion olympique. Oui, je suis très ambitieux (rires).

«Ces grands champions ne se sont pas mis de barrières»

Vous avez des idoles particulières?
J’en ai plusieurs. Je suis d’abord fasciné par (Hicham) El Guerrouj. Il a quand même marqué le demi-fond (quadruple champion du Monde du 1500 m, recordman du Monde en 3’26’’00, double champion olympique du 1500 et du 5000 m en 2004). Ensuite il y a Mehdi Baala car il était de mon club (notamment vice-champion du Monde 2003, double champion d’Europe et recordman de France avec 3’28’’98). Je le connais un peu personnellement. Il m’aide et me donne beaucoup de force. On m’a toujours dit que Mehdi Baala était celui qui bossait le plus, qui travaillait dur pour arriver à ce qu’il a fait. C’est la marque des grands champions. La motivation et le travail, ce sont les exemples à prendre de lui.
Un autre athlète qui m’inspire, c’est Jacky Boxberger car il avait un caractère assez fort, pas égoïste mais quand il voulait quelque chose, il le faisait. C’est un vrai champion. Oui, j’ai regardé des documentaires à propos de lui. C’est pour ça que je dis que je ne me mets pas de barrières car ces champions là ne s’en sont pas mis. C’est grâce à ça qu’ils ont réussi à faire leurs performances.
Il n’y pas que l’athlé qui m’inspire : toute sa carrière de Roger Federer m’inspire et me donne envie. Depuis qu’il est tout petit, il a dit qu’il voulait être numéro 1 mondial et il l’a fait. Ça prouve qu’en ne mettant pas de barrières on arrive loin.
La grosse concurrence en France chez les cadets, et notamment en Alsace avec Baptiste Mischler, c’est important ?
Bien sûr. Ça nous tire vers le haut. Si on n’a pas l’habitude d’aller au combat, on perd au final, car on n’arrive pas à réagir et ça fait baisser le mental.
Baptiste a envie de gagner, moi aussi, et ça fait des courses relevées. Oui, on s’entend bien. Ça fait la 3e sélection qu’on fait ensemble. Ce sont à chaque fois les mêmes. C’est un peu devenu une famille.

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