Rencontre avec Emilie Menuet, qui se rapproche des minima pour les Europe sur le 20 km marche
Championne de France du 20 km marche à Fontenay-le-Comte le 9 mars dernier en battant son record personnel (1h36’52’’), Emilie Menuet, 22 ans, licenciée à l’AJ Blois-Onzain et entraînée par Marc Glaudel- a récidivé lors d’un match international disputé le week-end dernier à Podebrady (République Tchèque), claquant un 1h35’16’’, un chrono tout proche des minima pour les championnats d’Europe de Zurich (1h34’45’’).
Vous attendiez-vous à de nouveau battre votre record samedi à Podebrady?
«Effectivement l’objectif était de le battre. Je me sentais bien et en progression à l’entraînement. Même si ce qu’on fait à l’entraînement, ce n’est jamais facile de le reproduire en compétition. Je suis contente parce que c’est le chrono que j’espérais faire cette année.»
Vous êtes partie sur les bases pour réaliser les minima?
«C’est ce qu’on avait prévu avec Inès (Pastorino, record à 1h37’01’’ et qui a abandonné à Podebrady). On est parties finalement un peu moins vite, en 47’39’’ au premier 10 km. Mais j’arrive à faire un peu plus vite le deuxième 10 km (47’37’’), c’est quand même bien. Il faudrait partir un peu plus vite lors des prochaines courses.»
La qualification aux Europe était-elle un objectif en amont de la saison ou est-ce venu au fil de celle-ci ?
«C’est ce que j’espérais, mais je ne savais pas trop comment j’allais progresser cette année. L’an dernier, je n’avais pas trop amélioré mes chronos. D’une année sur l’autre, c’est dur de savoir si tu vas progresser ou si ça va rester pareil. Ce n’est pas toujours linéaire. J’espérais me rapprocher des minima, mais je suis contente, car j’ai franchi un petit palier. Sur les séances à l’entraînement, j’arrive à être un peu plus forte. Ça me motive pour la suite.Pour les Europe, j’y crois de plus en plus au fil de la saison.Ce week-end, j’ai moins peiné qu’aux championnats de France. Je me sentais mieux.
Je suis jeune, j’aurais d’autres chances mais ça serait quand même une belle expérience. J’ai fait toutes les sélections en juniors et espoirs (4 sélections chez les seniors 10 sélections chez les jeunes: 10e notamment des Europe espoirs l’an dernier sur 20 km, ndlr), mais les championnats d’Europe seniors, c’est quand même autre chose. Ça motive pour se confronter aux meilleures même si avec les coupes d’Europe ou les coupes du Monde, on se confronte déjà aux filles qui font les JO ou les Mondiaux.»
«Libérée dans ma tête»
A quoi attribuez-vous ce cap franchi?
«Je ne m’entraîne pas plus, même si j’ai peut-être fait un peu plus de sorties longues cet hiver. J’ai une bonne organisation et de bonnes conditions pour m’entraîner, avec des parcours sympas, un petit groupe (avec notamment la championne de France vétéran du 20 km, Caroline Guillard). Je pense aussi que mentalement, comme j’ai réussi à trouver un rythme équilibré, ça me permet d’être libérée dans ma tête. Je suis en école de kiné à Orléans. J’ai fait mes deux premières années en deux ans (chaque année d’étude réalisée en deux ans), afin d’avoir du temps pour m’entraîner. En mars, j’étais en stage de kiné pendant un mois, donc c’était un peu plus moins facile, mais le travail fait avant était acquis.»
La prochaine course sera la coupe du Monde à Taïcan (Chine) le 4 mai. Comment récupérez-vous entre vos 20 km?
«Les courses sont assez rapprochées (France le 9 mars match à Podebrady le 12 avril, et coupe du Monde le 4 mai). Je n’ai pas encore remarché depuis samedi (12 avril). Cette semaine, je vais faire trois à quatre petites sorties. A partir de la semaine prochaine, je vais faire une ou deux séances spécifiques. Le travail a été fait. Je préfère faire des entraînements plutôt courts et tranquilles cette semaine: il faut aussi se changer les idées. Car on part en stage la semaine prochaine, puis ce sera la Chine. Ça fait du bien de faire un peu autre chose, avant de se remettre à fond dedans.
En Chine, on ne sait pas trop les conditions qu’il va y avoir, au niveau du temps, avec le décalage horaire etc…Si les conditions sont bonnes, pourquoi pas essayer de retenter les minima. Là, ça va faire un enchaînement de trois 20 km. On a moins envie de se refaire mal comme ce sont des efforts durs. Si j’ai bien récupéré après la Chine, je ferai peut-être un 20 km à l’étranger pour les minima. Je prendrai ma décision mi-mai. »
Quels sont vos objectifs à moyen-long terme ?
« Je suis à 1h35’. Pour se rapprocher du top niveau, il faut descendre au moins à 1h31 – 1h32’. Je me dis que trois-quatre minutes, ce n’est pas si loin. Je me rapproche petit à petit. Je suis encore jeune, c’est dur de faire une courbe de sa progression mais c’est certain que mon objectif sera de me rapprocher des 1h30’ pour pouvoir bien figurer sur les grands championnats.
Je pense qu’il faudra que je fasse petit à petit plus de kilomètres. Je dois normalement finir mes études l’année prochaine. Une fois que ça sera fini, pourquoi pas me consacrer un ou deux ans à m’entraîner comme les pros et voir ce que cela donne. »
C’était important de remporter les France après avoir trusté les podiums durant les trois années espoirs (2e en 2011, 3e en 2012 et 2013) ?
« Oui, c’était une grosse satisfaction car c’était le premier. Durant mes trois années espoirs, j’avais fait des podiums, sans gagner. Ça été une belle bagarre, ça s’est joué sur la fin. L’an passé, je m’étais un peu blessée, ça n’avait pas été facile. Là, c’est une petite récompense pour le travail fait jusqu’à présent. »
Photo : Emmanuel Tardi