Marathon de Paris : Yannick Dupouy contre vents et marées, 20ème en 2h 16'10'
Après son échec en 2012, Yannick Dupouy a rebondi avec brio, terminant vingtième et troisième Français en 2h16’10 » alors qu’il était longtemps sur des bases inférieures à 2 h 15. S’il a réalisé les minima IAAF, il ne devrait pas être sélectionné pour les Mondiaux de Moscou. Mais surtout, le Talençais a progressé dans son approche mentale, car beaucoup d’éléments ont joué en sa défaveur. (Très) prometteur pour l’avenir.
Longtemps, Yannick Dupouy a été catalogué comme un stakhanoviste de l’entraînement, ses contempteurs soulignant sa propension à trop en faire à l’entrainement, ne se ménageant pas assez de période de repos ou de séances moins intensives. S’il a parfois flirté avec le surentraînement, ses efforts et sa persévérance ont aujourd’hui payé. Après de probantes compétitions dans le cadre de sa préparation, il a concrétisé sa bonne forme le jour J.
«Je suis super content» confiait-il tout sourire, dans un saisissant contraste avec son légitime désarroi l’an dernier après sa contre-performance (2h25’19) où il avait franchi la ligne éreinté physiquement et mentalement, dans la foulée de multiplies problèmes gastriques. Mais cet échec est désormais effacé.Après être parti «un peu vite» (31’20 aux 10 km), le Talençais s’est retrouvé dans un groupe de quatre unités, avec notamment Badredine Zioini, qui a abandonné aux alentours du 30e et Oliferenko, auteur de 2h15’10 au final.
«Je suis encore sur des bases de 2h14 au 35e. Mais ensuite au 37e, je suis à 3’20 au kilo puis je finis en 3’30. J’ai eu du mal à la fin. J’ai été un peu irrégulier, à cause du manque de densité, il y avait peu de monde à côté de moi. Mais je suis très satisfait, il ne faut pas cracher dans la soupe. C’est super bien» poursuivait-il.
Un mental performant
Même tonalité du côté de sa coach Emmanuelle Roux, qui tablait elle-aussi sur 2h15, et mettait en exergue les progrès effectués au niveau mental. Certainement le fruit de son travail réalisé avec un préparateur pour un athlète qui avait tendance jusqu’à présent à perdre beaucoup d’influx dans les jours précédant un grand évènement. Les premiers effets ont été perceptibles à l’automne dernier, avec sa troisième place aux championnats de France de semi-marathon.
L’ensemble de ce travail lui a permis de gérer de nombreux imprévus. Ainsi, il devait à l’origine courir à Rotterdam. Cela n’a toutefois pu se faire à la suite de négociations avortées avec certains managers. Il était ensuite prévu qu’il soit aidé par un lièvre jusqu’au 25e. Mais hier soir, lors de la réunion technique, il apprenait qu’aucun lièvre ne lui était attribué.
Un contretemps qui l’aurait à coup sûr déstabilisé il y a encore peu de temps. Le coéquipier de Benjamin Malaty, avec lequel il a partagé certains moments de la préparation, a cependant réussi à se concentrer sur sa course, à l’heureuse surprise de sa coach qui confiait: «de toute façon, à Rotterdam, aucun lièvre n’était prévu…».
Fort de sa performance, Yannick Dupouy a prouvé sa véritable valeur aux membres de la Fédération. Il fera désormais partie intégrante du collectif français et pourra sans souci s’aligner sur des marathons plus roulants, tel que Rotterdam. Mais le plus important n’est-il pas ailleurs, à savoir dans sa capacité à passer outre ses propres doutes, ses incessants questionnements pour réaliser son objectif sur un marathon qui s’était avéré particulièrement cruel pour lui en 2012?