L’extraordinaire progression de l’espoir Maeva Danois, leader des bilans sur le steeple féminin
Qui est Maeva Danois ? Depuis quelques jours, la sociétaire de l’EA Mondeville-Hérouville vient de se faire un nom dans le microcosme athlétique.
Médaillée de bronze aux championnats de France espoirs l’été dernier à Aubagne sur le steeple (avec un meilleur chrono en 2013 de 10’45’’35), l’athlète de 21 ans vient d’exploser son record personnel à deux reprises, 10’09’’82 au meeting Fungana, puis 9’54’’91 à Montbéliard le week-end dernier. Soit moins d’une demi-seconde de mieux que les 9’55’’19 d’Elodie Mouthon, temps qui constituait jusqu’alors le record de France espoir de la discipline.
Elle-même quelque peu éberluée par sa progression, Maeva Danois, coachée par Thierry Leroux, raconte avec une certaine fraîcheur –et sans trop y croire encore- la manière dont elle perçoit son nouveau statut.
Vous attendiez-vous à claquer ces deux chronos?
«Je savais que j’avais progressé par rapport à l’année dernière, suite aux résultats des Interclubs (9’43’’34 sur 3000 m au 1e tour ; 10’05’’65 au 2e tour en 2013, ndlr). Je me suis dit que ça allait peut-être baisser sur le steeple, mais je n’imaginais pas que ça allait baisser de tant de secondes. A Fungana (le 24 mai), il y avait de bonnes conditions. J’avais quelques repères avec Marie Bouchard et Valentine Huzé. Dans la course, j’ai eu de bonnes sensations. Et à la fin, je ne pensais pas avoir réalisé un chrono pareil. C’était quand même une grosse et bonne surprise.»
Vous avez senti que vous en aviez encore sous le pied?
«Oui oui. Il y a eu un moment dans la course où je me suis un peu endormie. C’était le moment où il m’aurait fallu quelqu’un devant moi pour que je relance et que j’aille au bout de moi-même. Je savais que je pouvais faire mieux après avoir franchi la ligne d’arrivée. C’est pourquoi j’ai décidé de courir un autre steeple pour faire descendre ce chrono, car j’ai fait 10’09 en étant toute seule. A Montbéliard, les conditions étaient réunies. 9’54’’91, ça fait plaisir. On s’est crochetées avec Claire Perraux (10’00’’58) sur la dernière barrière. Claire est tombée, j’ai été déséquilibrée. Je m’en voulais carrément. Ce sont des choses qui arrivent sur le steeple. Mais je venais de faire tomber Claire Perraux, mon idole du 3000 m steeple. Ça m’a perturbé. Ça a un peu masqué le fait que j’ai battu le record de France espoir. Je me suis excusée à la fin. J’avais l’impression d’être retenue sur la fin. Je n’ai pas fini à fond et extenuée et j’ai le sentiment de pouvoir faire un peu mieux. Même si ce n’est pas fini, je suis déjà satisfaite de cette saison, et de revenir déjà.»
«Je ne réalise pas trop ce qu’il m’arrive en ce moment»
Quels étaient vos objectifs initiaux pour cet été?
«Je n’avais pas vraiment d’ambitions. Je voulais déjà retrouver mon niveau car j’ai fait une impasse cet hiver pour mes études. Je préparais les concours de kiné que je viens de passer. J’attends maintenant les résultats. J’ai suivi les résultats de mon club, les gars du cross court monter sur la plus haute marche du podium par équipes, Aurore Guérin finir 6e du cross long. Ça m’a remotivée. Ça été une sacrée émulation pour retrouver mon niveau. Je me suis réentraînée comme une tarée pour retrouver mon niveau, et pour ne pas être ridicule aux Interclubs. J’ai été assez surprise de voir que j’ai rapidement retrouvé des sensations. En début de saison, je n’avais pas du tout de repères. Là, je dois changer un peu tous mes objectifs. On prévoit d’aller aux Elite alors que l’an dernier, j’ai loupé la qualif à une place près. Je ne réalise pas trop ce qu’il m’arrive en ce moment (sourire). Mais ce n’est que bonheur. Honnêtement, ce n’est que du bonheur.»
Vous n’avez pas disputé la saison hivernale, mais vous vous entraîniez quand même?
«Je faisais juste de l’entretien. J’ai juste couru un 1000 mètres où j’étais malade. Et c’était pour me repérer dans mon entretien physique hivernal (3’04’’36). J’ai aussi couru le cross que mon club organise. Je n’étais pas assidue sur les plans d’entraînement. J’essayais de courir deux à trois fois par semaine. J’avais besoin de m’entraîner pour me sortir des cahiers. Et à partir du mois d’avril, j’ai commencé à bien me réentraîner. Avant cela, j’ai fait une bonne préparation physique avec Stéphane Bamboux qui m’a pris un peu sous son aile pour que je retrouve ma “forme musculaire“.»
«J’en ai “chié“ pour revenir»
Vous avez augmenté les charges d’entraînement par rapport à l’an dernier?
«Au final, pas tant que ça. Il y a une période où j’ai doublé l’an dernier. Cette année, pas tant que ça. Je pense que ce qui m’a fait passé un cap, c’est ma prépa physique (renforcement, muscu, séances de côtes etc…) que j’ai faite avant de reprendre l’entraînement correctement. Honnêtement, j’en ai “chié“ pour revenir. Mais je ne regrette rien au final. C’est actuellement récompensé et j’espère que ce n’est pas fini.J’ai aussi eu la motivation de revenir à fond. Je sais que j’ai besoin de ça. Je me suis “fait les croisés“ en 2009, en faisant du steeple. Pour revenir à mon niveau, j’ai tout donné sur la muscu, la piscine, la prépa physique. Et je suis revenue meilleure que je ne l’étais avant de me blesser. Le fait de couper cet hiver, ça m’a redonné la niaque pour attaquer la saison estivale. Plus les perfs des copains en cross, qui m’ont doublement motivé. C’était le menu idéal pour retrouver mes ambitions.»
Du coup, il y a cette première sélection internationale ce week-end (14 et 15 juin)à Aubagne à l’occasion des championnats méditerranéens espoirs.
«Je ne réalise pas trop. J’ai hâte d’y être. On me dit que le week-end va passer en deux heures tellement ça passe vite! Je ne suis pas stressée, mais j’ai hâte de voir ce que c’est, de découvrir l’ambiance d’une sélection en équipe de France.»
«Je ne savais même pas qu’il y avait une sélection»
L’équipe de France, vous y songiez avant cette saison?
«Pas du tout. J’ai fait mon premier podium national en 2012 à Lens (3e du 2000 m steeple chez les cadettes en 7’00’’95). L’objectif était de le renouveler en 2013 (3e chez les espoirs). La sélection pour Aubagne, je n’étais même pas au courant qu’il y avait ça. Je l’ai appris par des copains de steeple qui voulaient tenter la sélection.Je n’étais pas dans l’ambition de la décrocher en sachant qu’il y avait des clientes potentielles qui étaient carrément plus énormes que moi sur les compètes, comme Marie Bouchard ou Valentine Huzé. Elles ont fait une super saison hivernale. Mais en ayant cette sélection dans un coin de la tête et en ayant la rage de vaincre, ça m’a permis de me surpasser un peu plus et de ne bouger les fesses sur les entraînements. »
Ces deux performances consécutives modifient-elles vos motivations à moyen-long terme? Car les minima pour Zurich se rapprochent (9’40’’00) et ça pourrait devenir intéressant dans les années qui viennent.
«J’ai un peu de mal à me projeter. Je suis novice dans la discipline. Honnêtement, je ne sais pas tout. Je peux me reblesser demain ou ce week-end. Je préfère prévoir à court terme plutôt qu’à long terme. Ça me permet peut-être de garder les pieds sur terre, de ne pas faire des plans sur la comète. Je préfère continuer dans l’optique actuelle, c’est-à-dire me faire plaisir. Quand je me suis blessée en 2009, j’avais une certaine appréhension en repasssant les barrières, les rivières à la reprise. Cette année, je n’ai plus du tout peur et je prends vraiment plaisir à courir sur le steeple. Je veux avant tout me faire plaisir et les choses viendront si les occasions s’y prêtent.