Guillaume Adam, l’expérience anglaise à Birmingham et des ambitions de grands championnats sur 1 500
Transfuge du 800 mètres, Guillaume Adam avait flirté avec la barre des 3’40’’ l’été dernier sur 1 500 mètres. En 2014, l’athlète coaché par Alex Fournival a franchi un très gros cap, s’imposant ainsi à Montbéliard le 6 juin dernier en 3’38’’41. Et celui qui est parti plus de six mois en Angleterre pour ses études n’entend pas s’arrêter là. Entretien.
Les études en AngleterreEtudiant à l’INSA en génie mécanique, une école d’ingénieur à Lyon, Guillaume Adam a effectué sa sixième année d’étude (en tant que sportif de haut niveau, il bénéficie d’horaires aménagés et réalise son cursus en sept ans au lieu de cinq) à Birmingham, en Angleterre, dans le cadre d’un échange Erasmus.«En juin 2013, j’ai posté un message facebook sur le groupe de l’université. Ils étaient 7 et ils cherchaient un 8e colloc». La collocation, la solution idoine pour s’intégrer au sein du groupe d’entraînement, et parfaire son anglais. «Au début de l’année, j’étais dans la moyenne des étudiants français» sourit-il.
«Et clairement, ça ne suffisait pas à l’oral. Le premier mois, c’était quand même dur pour me faire comprendre et comprendre les autres. A partir de janvier, ça allait déjà beaucoup mieux». Rentré définitivement en France il y quelques jours à l’issue de ses partiels, Guillaume Adam se montre ravi par son expérience britannique*. «Ça s’est très bien passé. C’était parfait pour s’entrainer. Il y avait trois parcs avec différents profils. On pouvait varier les entraînements au fur et à mesure pendant tout l’hiver ».
Fartleck et footings
De septembre à mi-décembre, avant un mois de vacances, Guillaume Adam a essentiellement partagé les séances de son nouveau groupe d’entraînement. «J’ai beaucoup progressé sur le long. J’ai regardé et j’ai fait 14 semaines à plus de 100 km depuis septembre. J’ai beaucoup progressé en foncier. C’est pour ça que j’ai fait 8’10’’ (8’10’’01 le 15 décembre à Cardiff) tout seul sur 3000 m. En décembre 2012, j’avais fait 8’23 (44) dans une course bien emmenée. J’ai au moins gagné une quinzaine de secondes sur 3000 mètres».
Que recouvre ce terme foncier: footings actifs, gros fartleks? «Un peu les deux. Jusqu’à présent, je n’avais pas l’habitude de faire des footings rapides. J’en ai fait environ deux par semaines, avec par exemple entre 6 et 8 km à 3’45’’ au km, ou bien 20’ à 3’20’’ au kilo. Sur les séances de fartleks, c’était intéressant car j’étais avec des crossman purs (tels que Jonathan Davies, médaillé de bronze aux Europe juniors sur 5000 m à Rieti en 2013, également 4e des Europe de cross juniors). C’étaient des fartleks de 8 à 10 km.»P
uis à partir de mi-janvier, «pour préparer salle», Guillaume Adam a suivi la planification de son coach, Alex Fournival. «J’essayais de conjuguer ça avec les plans de mes collocs pour faire une séance commune par semaine. C’est moins monotone et ça permet d’avoir une émulation».Championnats universitaires pour se mettre en confianceSes progrès furent perceptibles cet hiver. Mais pas totalement. Le sociétaire de l’Athlé Saint-Julien 74 a battu son record personnel indoor, 3’42’’78 à Vienne, avant de prendre la deuxième place aux France Elite à Bordeaux derrière Yoann Kowal.
«Je pense que j’aurais pu faire les minima en salle pour les Mondiaux (3’40’’00) mais je n’ai pas pu rentrer dans les meetings. Je n’ai pas pu m’exprimer» regrette l’athlète de 24 ans.Sa saison estivale a débuté le premier week-end de mai à Bedford, à l’occasion des championnats universitaires anglais. «Ça n’a rien à voir avec ce qu’il se passe en France. Il y a séries-demi-finales-finale. Chaque université peut inscrire entre deux et quatre athlètes. On était 60 au départ. J’ai gagné les deux premières assez facilement (4’01’’78 puis 3’54’’67). En finale, j’ai retrouvé des coureurs en moins de 3’45. Je gagne en faisant 54’’ au dernier tour, avec une seconde d’avance (3’51’’79). Le but de cette première partie de saison était de faire des courses et gagner en confiance».
Une confiance qui s’est matérialisée sur le tartan, à Montbéliard le 6 juin dernier –dans la foulée de sa véritable rentrée à Oordegem le 31 mai, où il «avai(t) explosé dans la dernière ligne droite» (3’42’’16, 4e). Dans le Doubs, la barrière des 3’40’’ est allègrement tombée, Guillaume Adam s’adjugeant la victoire en 3’38’’41. Une surprise? Pas tellement, non.
«J’ai fait un gros stage de trois semaines avec Yoann Kowal (à Capbreton, en avril où il avait un mois de vacances avant ses partiels). Il m’avait proposé de venir en stage avec lui. C’était sympa de sa part.Il y avait aussi Bastien Perraux et quelques coureurs lyonnais. On a fait de bonnes séances, mais malheureusement, Yoann s’est blessé en milieu de stage. J’étais déjà en grande forme et je savais sur les séances de spé 15 que j’étais sous les moins de 3’40’’ sans aucun problème. J’étais beaucoup plus fort que l’année passée à la même époque ».
Les championnats d’Europe dans le viseur
Guillaume Adam voit plus loin, et lorgne les 3’35’’80, synonymes de minima pour Zurich. «J’ai fait les Jeux de la Francophonie en septembre (il s’agissait de sa première sélection internationale). L’étape au dessus, c’est forcément les championnats d’Europe, les Mondiaux voire les JO. Je vise ces championnats là. A Montbéliard, la course n’était pas très régulière: 1’12’’ au premier 500 puis 1’15’’ et 1’11’’5 sur le dernier. Si j’arrive à lisser ça et à être régulier, pourquoi pas faire 3’35. Sur les séances, je suis optimiste. Après, il faudra voir les conditions dans lesquelles je vais pouvoir courir la prochaine course» explique t-il posément au bout du fil.
Le natif d’Annemasse courra à Nancy le 27 juin puis Oordegem ou Montreuil (7 juillet). «J’aurais deux courses pour faire les minima. Après il faudra finir dans les trois premiers aux France» souligne l’athlète de 24 ans, ces championnats (Reims du 11 au 13 juillet), constituant désormais –en sus des minima- une étape indispensable pour rallier la Suisse et Zurich.
«C’est l’objectif. J’avais fait 3’40′ (45)sur ma course de rentrée en 2013. C’était quand même assez inespéré. J’ai clairement progressé sur le foncier. Je pense que je suis capable de descendre juste en-dessous des 8’ sur 3000 m. C’est clairement ce qu’il me manquait l’année passée vu que je venais du 800 m. En 2013, je me suis décidé à monter tardivement sur 15, je n’avais donc pas fait beaucoup de spé 15 en avril. Là, l’entraînement est vraiment optimisé pour cette distance. Quand je fais 14 semaines à plus de 100 km, entre 10 et 12 entraînements, avec cet investissement, ce n’est pas pour rien, c’est pour passer l’étape supérieure. Le fait de côtoyer Yoann Kowal en stage, ça motive encore plus pour atteindre ce niveau là. Forcément, il raconte des anecdotes sur les grands championnats et ça donne envie d’y être» sourit-il.
Plan de carrière
Lui qui était accoutumé au double tour de piste et qui confiait«calculer un peu trop», avec des temps de passage et des allures définies et connues, ne regrette évidemment pas un passage sur la distance supérieure…pas si imprévu que ça. «Non absolument pas» se marre Guillaume Adam. «En discutant avec mon entraîneur, il me disait qu’il avait prévu ça dans un plan de carrière. A partir de cadet jusqu’à espoir, il fallait développer la vitesse. Il a vu que j’étais limité sur 800 m, que je pouvais faire 1’47’ – 1’48 mais pas moins (record perso: 1’49’’09 en 2013 1’50’’20 en salle en 2012). Il avait décelé que j’avais les qualités pour le 15. Il ne s’est pas trop trompé» sourit celui qui va débuter un stage de fin d’étude de six mois (jusqu’en décembre) dans une manufacture horlogère à Genève, au sein de la cellule innovation, recherche et développement.
Et le Haut-Savoyard est bien déterminé à conjuguer vie professionnelle et haut niveau. « Il faudra voir comment je concilie ça, mais l’an passé, j’étais en stage tout l’été et ça s’était bien passé pour l’entraînement. Je ne me fais pas trop de souci. J’ai déjà pu négocier pour prendre 3-4 jours pour les compètes. Et comme l’an dernier, je leur ai dis que j’étais prêt à travailler plus pour rattraper ces jours».
Et ce serait bon signe, s’il devait rattraper une semaine de boulot, entre les 12 et 17 août prochains…
*Sur un site internet pour lequel il est un contributeur, Guillaume Adam explique en détail le fonctionnement du système universitaire anglais, et livre quelques conseils à ceux qui sont tentés par l’aventure outre-Manche.