Thomas Saint-Girons, « les jeunes qui arrivent sont durs à taper ! »
ENTRETIEN DE LA SEMAINE. Thomas Saint-Girons a pris part fin janvier à son neuvième regroupement d’avant saison avec le team Asics (en tant qu’ambassadeur), avec toujours autant d’entrain (« J’attends plus ces stages que Noël. On récupère nos équipements, c’est un peu notre Noël à nous. On retrouve l’équipe, on passe de bons moments » sourit-il). L’ingénieur en bâtiment à Rodez, 42 ans, entame sa saison ce dimanche 14 février au Gruissan Phoebus Trail. Il évoque ses objectifs et pourquoi il se détourne des formats longs afin de se concentrer sur le court.
Quels vont être vos objectifs cette année ?
Je vais jouer le TTN, comme sur ces dernières années (2e sur le long l’an passé), avec trois courses et les championnats de France. Sinon, je vais faire une course tous les mois, ce qui me correspond bien, avec également quelques courses locales en entraînement.
A 42 ans, comment vous-sentez-vous physiquement ?
J’essaie d’être vraiment vigilant sur la récup. Malgré tout, ça fait neuf ans que je cours et je n’ai jamais été blessé. Je croise donc les doigts. J’essaie de faire de bonnes nuits, et il faut sans cesse de remettre en question, être rigoureux pour pouvoir continuer à être bien placé. Mais c’est vrai qu’il y a des jeunes qui arrivent et qui sont durs à taper (sourire). Mais quand j’arrive à être devant, ça fait d’autant plus plaisir.
Il n’y a pas de lassitude ?
Je ne suis pas blessé donc il n’y a pas ce souci là. La motivation pour aller s’entraîner ? Oui, des fois je me pose la question. Ça fait quand même pas mal d’années que je pratique. Je faisais du raid multisports. Un copain m’a proposé un jour de faire une course, en 1999. Je l’ai faite et je m’y mis doucement.
En 2007, je me suis rendu compte que j’avais un potentiel en finissant 4e des Templiers. A ma grande surprise. A partir de là, j’ai décidé de basculer uniquement sur le trail. Je me demande parfois si j’ai encore l’envie, si je ne serais pas mieux dans mon canapé ou à passer du temps avec ma famille. Mais mes enfants commencent à grandir et à me suivre plus facilement, et puis ça me manquerai certainement. J’ai besoin de me défouler.
« Quand ça commence à vraiment devenir dur, je ne pense plus qu’à la ligne d’arrivée »
Et en compétition, vous avez toujours l’envie ?
J’ai raccourci les distances. Je suis content car j’ai réussi l’an dernier à faire une belle course sur la CCC (100 km, 10e). Cette saison, ma plus longue course ne fera pas plus de 70 km. J’ai déjà gagné un peu en vitesse (je ne viens pas de l’athlé, j’avais donc une plus grosse marge de progression) et je me sens mieux sur les formats plus courts.
Sur les longs, les fins de course me pèsent. Quand ça commence à vraiment devenir dur, je ne pense plus qu’à la ligne d’arrivée et il y a du coup moins de plaisir. Dans la tête, je n’arrive plus à profiter du moment présent et je me projette sur la ligne d’arrivée. Je n’attends plus que ça pour être content. Si ça dure les 10 derniers kilomètres d’un 50 km, c’est moins embêtant que si ce sont les 60 derniers d’un ultra ou les 40 derniers d’un 100 bornes.
Il y a un moment où on arrive dans le dur : si on arrive encore à prendre du plaisir, c’est le pied ; sinon… Après, sur des 50-60 km, j’arrive à garder le plaisir.
Texte : Quentin Guillon.
Photos : Laurent Brière, © Team Asics Trail.