Marathon de Paris : Badredine Zioini veut rebondir
Le Clermontois a connu une grosse mésaventure lors de son deuxième marathon, à Marrakech en janvier 2014 (2h19’52’’ alors que, pas préparé, il avait abandonné lors de son premier, à Paris en 2013). Après une préparation aboutie et menée avec son coéquipier Timothée Bommier, Badredine Zioini sera au départ du marathon de Paris dimanche 12 avril. Avec confiance et détermination.
Comment s’est déroulée la préparation ?
Les voyants sont au vert. On a toujours peur des blessures, mais tout s’est super bien passé.
Vous avez été trois semaines au Kenya pour vous préparer, avec votre coach Jean-François Pontier, Timothée Bommier, et quelques autres athlètes.
C’était un super stage. C’est dur au niveau de l’altitude, ainsi que des parcours car c’est très vallonné, et on a du mal à trouver du plat. On a surtout fait des kilomètres. Quand je suis rentré, j’étais un peu surpris de ce que j’ai fait aux France de cross (9e et 7e Français son meilleur résultat sur le long, et champion de France par équipes). Ça a vraiment payé et cela veut dire que j’ai bien travaillé.
J’ai connu pas mal de stages : aux Etats-Unis, en Afrique du Sud, au Maroc etc…Mais je n’étais jamais allé au Kenya. C’est la terre des coureurs. On dit que si tu n’a pas fait le Kenya, c’est presque comme si tu n’avais jamais rien fait. Il y avait l’opportunité de partir avec le groupe, je me suis dit que ça ne se présenterait peut-être pas deux fois, donc j’ai dit oui.
Ça été un régal sur tous les plans. On a partagé avec les Kényans, regardé comment ils s’entraînaient. C’était quelque chose de magnifique. Il y a des on-dit, mais tous les mardis, ils s’entrainent tous sur la piste cendrée. Y assister en direct live, c’est extraordinaire. Ils sont une centaine sur la piste. Quand tu vois ça… Asbel Kiprop a fait des 2 000 m sur la cendrée. Tu te dis qu’il est champion olympique (du 1 500 m en 2008), pas loin du record du Monde (3’27’’72, 5e perf de tous les temps, ndlr) et il est là avec sa troupe –une quarantaine. Ils ne cherchent pas d’excuses, à se dire que c’est une piste en cendrée etc…Ils vont au charbon.
« La préparation ? Un régal »
Vous avez eu un contrecoup après les France de cross ?
Oui. J’ai eu un vrai coup de barre le vendredi et le samedi suivants. J’étais vraiment fatigué. Je pense que c’était dû à la descente d’altitude, on était au dixième jour. Mais j’étais quand même content de faire 1h06’ (26) au semi de Paris (lire ici), avec la fatigue et la charge d’entraînement. Je pense qu’on (avec Timothée Bommier) aurait pu aller plus vite mais ce n’était pas l’objectif. Comme nous l’avait rappelé Jeff, l’objectif était de courir à l’allure marathon.
Du coup, quel va être votre objectif pour le marathon de Paris ?
Ça serait déjà de battre mon record, mais surtout approcher les 2h15’. Et ça serait bien si je pouvais faire en-dessous. Si je gère bien ma course, si je suis dans un bon jour, 2h13’-2h14’, ça serait super.
Après Marrakech en janvier 2014, qu’est ce qui vous a motivé à repartir sur marathon ?
L’échec, déjà. Je n’aime pas l’échec, surtout que j’étais bien préparé avec ce que j’ai fait à l’entraînement. A Paris, à la maison, il ne devrait pas y avoir de mésaventure. Je suis encore plus motivé avec la forme que j’ai eue cet hiver.
Vous avez eu du mal à retrouver la motivation après Marrakech ?
Oui. Déjà avec ce qu’il s’était passé. Puis j’ai eu un contrecoup car on ne récupère pas comme ça d’un 42 km. J’ai commencé à retrouver des sensations en septembre. Après les cross (à l’hiver 2014) où j’avais couru pour le club, je voulais faire les France de 10 km. Mais j’étais fatigué (abandon). J’ai de nouveau recoupé. J’ai refait un peu de piste pour essayer de ne pas perdre l’intensité et le rythme. J’ai fait Carquefou (14’04’’88) et les France Elite (11e) sur 5 000 m. J’ai vu que ça revenait, j’ai recoupé un peu l’été et c’est bien reparti en septembre.
« Quand c’est un athlète qui a les mêmes sensations que toi, on échange, on discute, c’est quelque chose de bien »
Le fait de partager la préparation avec Timothée Bommier était-il important ?
C’est un plus énorme. L’an dernier, heureusement que Jeff me suivait en vélo. C’était dur psychologiquement, et avec un vélo ce n’est quand même pas pareil qu’avec un coureur. Avec Tim, on s’est motivés depuis la rentrée pour préparer ce marathon ensemble. Et ça n’a rien à voir. Quand on est fatigué, on est fatigués ensemble. On a des échanges et c’est super important. L’année dernière, quand j’étais fatigué, j’étais tout seul, et à part Jeff, je ne savais pas à qui parler. Quand c’est un athlète qui a les mêmes sensations que toi, je trouve que c’est beaucoup plus important. On échange, on discute, c’est quelque chose de bien.
Vous étiez prêt à préparez le marathon de Paris tout seul ?
Je pense que je l’aurais fait quand même car je ne voulais pas rester sur un échec. Timothée avait envie d’essayer autre chose, et c’est une motivation supplémentaire. On a attaqué la préparation marathon depuis le mois de janvier, et c’est un régal avec lui. C’était super.
Vous avez avoir des horaires aménagés pour vous entraîner (il est contrôleur à la SNCF) ?
Non. Pour partir au Kenya, j’ai pris des vacances. J’ai fait des sacrifices, comme on dit. Je prendrais peut-être moins de vacances cet été, mais j’ai envie de réussir mon objectif.
Photo de « Une » : Yves-Marie Quemener.