Roudolff-Lévisse : « Je vais y aller avec les tripes »
Emmanuel Roudolff-Lévisse sera l’un des trois Français en lice ce dimanche 26 mars aux championnats du Monde de cross, à Kampala en Ouganda.
Si l’on ne verra pas beaucoup le maillot tricolore ce week-end en Ouganda, Emmanuel Roudolff-Lévisse, le cross et l’équipe de France chevillés au corps, salive de se frotter aux tous meilleurs mondiaux : l’espoir de 21 ans va vivre son premier Mondial chez les seniors, le deuxième au total après sa 62e place chez les juniors à Bydgoszcz en 2013.
« J’en avais gardé un bon souvenir sur le plan de l’expérience mais j’en avais quand même bavé. Devant ça court très vite, etc…Je sais que ça sera pareil, voire pire cette année. J’étais déjà très content d’être là-bas et de courir avec les meilleurs mondiaux. Là, c’est encore mieux, je ne vais pas courir avec les moins de 20 ans, je vais courir avec les meilleurs du Monde tout court. Les championnats du Monde de cross, c’est vraiment le top du top. Il y a vraiment tous les pays, à six par pays, on ne peut pas faire mieux. C’est vraiment la discipline la plus dense du Monde. Le vrai niveau et les meilleurs sont est là ».
Dans la foulée de championnats de France rondement menés (« Je me suis un peu réservé dans la course, le but était de m’accrocher, pour pouvoir finir fort, d’autant que j’ai un bon finish ») et au terme desquels il a glané la médaille de bronze (« Tout s’est passé comme prévu, c’est vraiment super »), comment l’athlète coaché par Pascal Machat va-t-il aborder ce rendez-vous majeur dans une carrière ?
« Je n’étais pas bien pendant quatre-cinq jours à cause du vaccin pour la fièvre jaune, mais ça allait mieux derrière. Ce n’est que du plaisir. Je vais faire du mieux que je peux. J’espère juste que je ne vais pas être trop loin pour que l’on ne dise pas que l’on a envoyé les Français pour rien. Maintenant je suis bien préparé et on verra. Dans tous les cas, il fera 30 degrés, à 1 200 m d’altitude. Je ne m’attends à rien d’extraordinaire. Je vais y aller avec les tripes et tout donner ».
« Ce qui me gêne le plus, c’est que la France est quand même une grande nation, et qu’on va emmener moins de gars que d’autres pays qui ont un niveau inférieur »
Justement, avec le junior Alexis Phelut et l’autre senior Freddy Guimard, c’est un collectif plus que famélique qui a été envoyé par la DTN, pour une foule de raisons (chez les seniors hommes par exemple, beaucoup sont actuellement en préparation pour le marathon de Paris qui sera dans pile deux semaines ce week-end, ce qui est quasi incompatible avec une présence en Ouganda moins de deux semaines avant… ; Michaël Gras, en argent à Saint-Galmier, est retenu pour ses examens etc…).
« C’est sûr que c’est toujours plus motivant d’avoir une équipe. A Bydgoszcz, même si individuellement on ne pouvait rien faire, on savait que l’on pouvait rentrer dans les 8/10 par équipes, ce qui était l’objectif (les jeunes Bleus avaient fini 11e, ndlr). Ce qui me gêne le plus, c’est que la France est quand même une grande nation, et qu’on va emmener moins de gars que d’autres pays qui ont un niveau inférieur. Un championnat du Monde sans la France, je trouve que c’est quand même moyen ».
De quoi lui apporter un surcroît de motivation pour justifier sa présence ? « J’espère. Mais je ne me fais pas d’illusions. Je sais très bien que si je fais 75e, 80e ou 55e, les gens ne verront pas la différence, alors qu’il y a peut-être 1’30’’ ou 2’ de différence. Je pense que ça ne changera rien du tout. Je vais en tout cas faire de mon mieux, mais je suis un peu réaliste là-dessus » répond-il sans ambages.
Les observateurs avisés sauront toutefois la valeur d’une telle performance, qui lui permettrait de franchir un cap manifeste sur le plan international, et pour la suite de sa carrière.
Photo de une : Emmanuel Roudolff-Lévisse à Paris-Versailles, où l’on avait pris la 3e place (KMSP/Julien Crosnier, organisation)