Morhad Amdouni, athlète du week-end
Quatre ans après sa dernière apparition sur le 3 000 m indoor, Morhad Amdouni a battu son record personnel dimanche 21 février au meeting de Metz (7’47’’70), minima pour les championnats du Monde indoor en poche (7’50’’00, à Portland aux Etats-Unis, du 17 au 20 mars prochain). Sans savoir encore s’il s’y rendra.
Morhad Amdouni enchaîne. Dans la foulée d’un étonnant come back l’an passé l’ayant mené en demi-finale des championnats du Monde sur 1 500 m (lire ici et là), un peu trop hardi, il avait pris la 9e place des championnats d’Europe de cross avant d’enchaîner avec les 10 km de Rome (6e en 28’58’’ fin décembre).
Au programme de ce début d’année civile, le stage fédéral en Afrique du Sud, avant les inters de cross le 14 février, où le sociétaire du Val d’Europe Athlétisme a fait forte impression, vainqueur avec près de deux minutes d’avance sur ses poursuivants, dans un vrai cloaque d’où il était parvenu à s’extirper avec brio.
En cross, de bien meilleures sensations qu’aux Europe
« On nageait dedans » sourit-il. « Ce n’était pas un parcours facile, mais j’étais satisfait de mes sensations ». Un temps d’arrêt, et puis cette confidence. « Les sensations de cross reviennent. Je me sens plus léger par rapport au mois de décembre. C’est sûr et certain, il y a une grosse différence (par rapport à l’automne). Je suis patient, je fais chaque chose dans son temps pour être petit à petit en grande forme cet l’été ».
Ça promet d’ores et déjà pour les championnats de France le 6 mars prochain, où il retrouvera un certain Hassan Chahdi -revenu aux affaires à la Prom’Classic après avoir disparu des écrans radars du très haut niveau- dans un remake des France 2011 à Paray-le-Monial, où la photo finish avait donné l’avantage à Morhad Amdouni à l’issue d’un sprint homérique (à visionner ici).
Ce dernier sera bien entendu là pour engranger un second titre, lui qui n’a plus prit part aux France de cross (en raison des blessures) depuis 2011, justement. Il rit. « Oui…Je suis un winner. ça serait me cacher sinon. Je vais partir pour aller chercher le titre comme en 2011. Je ne sais pas où Hassan est en est. Mais c’est sûr qu’il risque de m’embêter s’il est dans un bon jour. Par rapport à 2011, je vais essayer de prendre les devants un peu avant » souligne celui qui s’entraîne désormais sous la houlette de Philippe Dupont –qui est aussi manager du demi-fond français-, en gros depuis la préparation des Mondiaux de Pékin.
Mondiaux de Portland, le « point d’interrogation »
« Je connais Philippe depuis longtemps. Ce qu’il fait à l’entraînement me correspond mieux. Après, c’est surtout par rapport au groupe, avec Mahiedine (Mekhissi), Taoufik (Makhloufi), le fait de pouvoir s’accrocher avec les meilleurs (lors des stages, ndlr). C’est une source de motivation supplémentaire, ça permet d’aller plus loin. Il y a aussi Samir (Dahmani), c’est sympa » souligne celui qui est toujours pensionnaire de l’INSEP, et qui a donc réalisé les minima pour les Mondiaux indoor de Portland hier à Metz, en prenant la troisième place du 3 000 mètres en 7’47’’70 (résultats ici), dix-huit centièmes de mieux que son précédent record qui datait de 2012.
« J’avais quelques nausées vendredi et samedi, mais j’ai finalement décidé de courir. Le chrono est ce qu’il est, même si je pensais faire beaucoup mieux ». Combien ? Eclat de rire. « Entre 7’38’’ et 7’42’’. Mais il faut quelques courses pour que ça descende sous les 7’40’’ (il a couru en 7’37’’50 en 2009 en plein air, ndlr). Sinon, les Mondiaux, c’est le point d’interrogation. C’est en discussion avec le coach. Si j’y vais, ce sera sans prise de tête, pour se faire plaisir, dans la continuité de l’entraînement et en préparation pour arriver au top pour les Jeux ».
Rio, forcément son ambition première. « La priorité c’est le 1 500 m. On verra ensuite le reste, je laisse une porte ouverte sur 5 000 m ».
Texte : Quentin Guillon.
Photos : Bruno Poirier.