La passe de deux pour Calvin, Gandar épatante
Après son titre à Lignières-en-Berry en 2013, Clémence Calvin a récidivé aujourd’hui, remportant au Mans le titre sur le cross long féminin, devant une Jacqueline Gandar épatante, et au terme d’une course d’un très bon niveau
La tactique de course de Clémence Calvin s’est résumée à ça : « J’ai voulu partir à mon rythme. L’idée, c’était qui m’aime me suive ! » Pas grand monde ne l’aime visiblement ! Plus sérieusement, et surtout, pas grand monde n’était surtout en mesure de suivre sa cadence. Exceptée Jacqueline Gandar, dont on crut un instant qu’elle allait recoller à la médaillée d’argent des championnats d’Europe 2014 du 10 000 m.
« J’ai vu un moment que ça revenait un peu, mais je n’ai pas pu suivre quand elle est repartie. J’étais à fond ». A l’aune de ses dernières références, on subodorait un potentiel podium pour Jacqueline Gandar, même si elle ne se considérait « pas comme une favorite ».
La Havraise, encore espoir, a cependant impressionné, de sa petite foulée fréquente, semblant parfois survoler la boue. « Je ne pense pas que j’aurais fait ça sans la boue. J’ai l’habitude de courir sur ce type de parcours. Les pistards vont moins vite dans ces cas là, alors que je suis un petit gabarit » poursuivit-elle.
Aurait-elle pu s’accrocher aux basques de Clémence Calvin dès le début ? « Je ne pouvais pas aller plus vite. Ça n’a pas été si facile au début, sur la petite boucle. J’aime bien la boue mais là, pfff Je me disais vivement qu’on parte sur la grande boucle, où c’était moins boueux » souriait-elle. « Sinon, le fait d’avoir Clémence devant moi me permettait de me concentrer sur l’instant présent, d’avoir un repère ».
Clémence Calvin : « Je n’avais jamais fait un cross aussi boueux »
Surtout, Jacqueline Gandar s’est montrée solide mentalement, après être passée à côté des championnats d’Europe de cross en décembre dernier, où elle avait un gros coup à jouer chez les espoirs (37e).
«On a compris avec mon entraîneur (Jean-Jacques Nouet) ce qui n’avait pas été. Il a beau me ralentir à distance à Rouen quand je veux trop en faire, j’ai peut-être un peu trop forcé, à un moment où je n’étais pas très bien » relevait t-elle, avec sa fraîcheur coutumière.
« Et je me suis aussi posée trop de questions. Je ne me suis pas contrôlée. Je n’étais pas contente de ce que j’avais fait, même si je mettais donnée à fond ». Une expérience qui lui sera utile –et qui lui fut dès aujourd’hui au Mans, comme elle le souligna. « Je stresse toujours mais c’est du bon stress. Je me sentais bien. Après les Europe, j’ai eu beaucoup de soutien. Puis je suis partie un peu en vacances et c’est très bien revenu. Puis je suis partie en stage (fédéral) au Portugal) et j’ai repris confiance ».
Le Portugal, justement, où elle était dans la même chambre que Séverine Hamel, 15e aujourd’hui, et ui félicita justement la championne de France du 10 kilomètres lorsqu’elle s’éloigna vers le podium.
« Elle est géniale ! Je l’adore, cette gamine. Tout le monde l’adore » riait-elle, conquise.
Sophie Duarte : « Il fallait revenir : les France, c’est magique »
« Je n’avais jamais fait un cross aussi boueux. Il a été à la hauteur de la région et de sa tradition. Cette victoire me fait super plaisir » souriait un peu plus loin Clémence Calvin, qui l’a finalement emporté avec près de vingt secondes d’avance, et dont le gros objectif de la saison est de se qualifier aux Jeux Olympiques sur 10 000 m.
Quant à Sophie Duarte, son état de forme constituait un point d’interrogation. « Je restais sur une dernière prestation difficile. Il y avait un manque de confiance terrible » rappela celle qui n’avait plus rechaussé les pointes en compétition depuis sa 48e place aux Europe de cross. « Mais il fallait revenir : les France, c’est magique ».
Après un premier tour compliqué (« je n’étais pas motivée par ce parcours, c’était vraiment dur »), la championne d’Europe 2013 a trouvé son rythme pour glaner la médaille de bronze (4e au scratch, derrière la Kényane Susan Kipsang Jeptoo). « J’ai pris du plaisir au fil des tours. Mais je suis forcément un peu déçue ».
Comme l’an passé, Laurane Picoche prit la 4e place, à une quarantaine de secondes de Sophie Duarte, et juste devant Floriane Chevalier-Garenne, excellente cinquième. A noter la 13e place d’Aurore Guérin, vice-championne de France l’an passé, et qui ne s’est pas remise d’une grosse grippe contractée la semaine dernière.
Les résultats du cross long féminin : cliquez-ici.
Texte : Quentin Guillon.
Photos : Yves-Marie Quemener.