Un semi-marathon de Paris alléchant
La 23e édition du semi-marathon de Paris disputée ce dimanche 8 mars présente un plateau français jamais vu sur la distance, preuve que la route est devenue très attractive pour les meilleurs Français(e)s. Présentation.
Le semi-marathon de Paris va battre un nouveau record de participation ce dimanche 8 mars, entre l’esplanade du château de Vincennes, Nation, la Bastille, l’Hôtel de Ville (43 000 coureurs annoncés ; l’an passé près de 33 000 arrivants pour environ 40 000 inscrits). Si le caractère populaire de l’épreuve ne cesse de croître, le plateau élite est particulièrement alléchant cette année. Car, en sus des coureurs africains qui dynamitent habituellement la course, la densité tricolore présente un niveau inégalé, avec quelques uns des meilleurs demi-fondeurs actuels, en lice la plupart aux championnats France de cross…et l’on retrouvera la majorité d’entre eux sur marathon, à court et/ou moyen terme.
Calendrier propice
Première explication, un calendrier propice davantage imputable au hasard. « Cela fait très longtemps que les France de cross et le semi de Paris ne sont pas à la même date. On n’a pas d’influence sur ASO (Amaury Sport Organisation, qui organise également le marathon de Paris) pour pouvoir décaler la date » explique Jean-François Pontier, manager du hors stade à la FFA.
Et corollaire, « la bonne organisation du calendrier permet à ceux qui ont préparé les France de cross d’enchaîner sur un semi. Et on avait coché cette date dans la préparation des marathons de printemps » glisse Jean-François Pontier. A cinq semaines pile du marathon de Paris (12 avril), le semi parisien offre en effet une fenêtre de tir idoine.
Aspect intéressant, on constate une dichotomie d’approches des athlètes qui préparent le marathon de Paris. Alors qu’un Yohan Durand disputera les 21,1 km à fond, d’autres, à l’instar de Timothée Bommier (1) ou de Badre Zioini, effectueront la première partie de course sur une allure marathon (bases 1h06’ au semi), avant d’accélérer sur la seconde partie du parcours.
Approches différentes
Jean-François Pontier entraîne Bommier et Zioini, qui ont tous les deux brillé aux France de cross, terminant respectivement 6e et 9e de la course (4e et 7e Français), deux jours après être rentré d’un stage de près de trois semaines au Kenya.
« Ça sera la première expérience de Timothée sur un semi-marathon, et il ressort d’un France de cross fatiguant. C’était de toute façon prévu comme ça dans l’objectif du marathon car il a une expérience à acquérir et il faut qu’il travaille sur ces allures-là (allures marathon) ».
Une préparation marathon s’étale habituellement entre 10 et 12 semaines. Et, généralement, les compétitions effectuées à l’intérieur sont réalisées sur la fatigue, comprendre avec une charge d’entraînement substantielle dans les jambes.
« Quand vous êtes dans une période de travail très intense, c’est très compliqué de faire le semi-marathon à fond. Avec le France de cross la semaine dernière, ça a permis d’avoir un petit break, et ça permet de choisir aux gens de le faire à fond ou pas ».
Ceux ont qui ont fait de la fraîcheur pour aborder les France de cross ont ensuite deux possibilités : soit repartir derechef sur la prépa marathon et enquiller les bornes (Yohan Durand avait ainsi fait ça le lendemain des inters de cross, lire ici) en courant le semi sur la fatigue (semi disputé sur l’allure marathon afin de prendre des repères), ou bien faire une nouvelle semaine light en vue de courir le semi à bloc.
Césure dans la préparation
Dans ce cas là, une césure de deux semaines est opérée dans la préparation marathon, qui a alors été « commencée plus tôt. La préparation marathon est faite en deux parties, avec deux compétitions au milieu. C’est une option qui est complètement faisable et qui permet de bien encaisser cette préparation qui est dure. Quand il y a une seule partie de préparation, c’est un peu compliqué car il faut tenir huit à neuf semaines avec un kilométrage très élevé » décrypte Jean-François Pontier.
Les deux écoles sont donc possibles.
Badre Zioini courra aussi la première partie à l’allure marathon. « Il a fait un super France de cross (son meilleur résultat sur le long). Il a besoin de reprendre un peu de confiance sur l’aspect marathon (il reste sur une expérience délicate, à Marrakech en 2014, lire ici) » glisse Jean-François Pontier.
Les deux Clermontois ont fait une semaine plutôt légère, ce qui leur permettra du même coup de récupérer de leur stage au Kenya, alors que pour Bommier, les choses s’enchevêtrent puisqu’il disputera les Mondiaux de cross le 28 mars, à deux semaines du marathon de Paris. « On va basculer sur une option apprentissage du marathon, et non pas objectif de performance comme c’était prévu au départ » indique Jean-François Pontier.
Chahdi et Durand en forme
Deux autres marathoniens se trouvaient en stage au Kenya et seront en lice dimanche.
–El Hassane Ben Lkhainouch, triple champion de France 2014, est monté sur la 3e marche du podium aux France aux Mureaux. L’an passé, il avait réalisé une très grosse performance au cœur d’un enchaînement détonnant, battant son record en 1h01’31’’ où il avait pris la 20e place aux Mondiaux de la distance à Copenhague (lire ici). Après une récupération difficile dans la foulée du marathon des championnats d’Europe de Zurich (il était qualifié par le truchement de la coupe d’Europe), l’Alésien revient en forme et sera en lice au marathon de Vienne, le 12 avril, là même où il avait battu son record perso en 2012 sur la distance (2h11’06’’).
-Après une année 2014 laborieuse, Ruben Iindongo s’est remis en selle lors de la Prom’Classic à Nice (29’25’’). 14e aux France de cross, il a signé l’un de ses meilleurs résultats à ce niveau (8e en 2009, 10e en 2010). « Il est bien physiquement. J’espère qu’il sera au niveau de son record au marathon de Paris (2h12’38’’ en 2009) ce qui correspond au minima pour les Mondiaux (2) » souffle Jean-François Pontier.
-L’actuel recordman de France Abdellatif Meftah avec ses 1h00’46’’ canons de Lille en 2010 retrouvera une épreuve où il avait couru en 1h02’46’’ en 2013, sa seule participation à l’épreuve parisienne (9e). Après un départ raté, il a pris la 2e place aux France de cross dimanche dernier aux Mureaux.
– La performance d’Hassan Chahdi sera épiée, deux semaines après son premier titre national indoor sur 3 000 m à Aubière, puis sa démonstration aux championnats de France de cross. « Ce sont trois évènements un peu différents. Comment abordera t-il le troisième ? » s’interroge Jean-François Pontier. Au vue de sa démonstration aux Mureaux, on serait tenté d’écrire qu’Hassan Chahdi n’a pas beaucoup puisé dans ses réserves…même si musculairement, un cross de près de 12 bornes n’est jamais anodin, alors qu’il soulignait à Aubière qu’il n’avait pas fait de spé semi.
L’athlète coaché par Jean-Claude Vollmer enchaînera ensuite avec les championnats du Monde de cross le 28 mars, et doit effectuer ses débuts sur marathon à l’automne prochain.
-Le marathon, Yohan Durand va s’y attaquer dès ce mois d’avril, le 12 à Paris pour son nouveau défi. En grande forme, le Bergeracois a rapidement abandonné dimanche aux Mureaux, après avoir contracté dans les jours précédents une grosse ampoule au pied, douleur que les pointes n’a fait qu’accroître. Celui qui possède un record de 1h03’43’’ établit lors de son premier semi de sa carrière à Lille en 2010 -une course qu’il n’avait pas préparée spécifiquement (il avait ensuite pris part aux Mondiaux à Nanning en octobre, 43e en 1h06’29’’, et n’a plus remis les pieds sur la distance depuis)- a prévu de disputer l’épreuve à fond.
– 10e des France de cross (8e Français), Denis Mayaud a effectué un très gros stage au Portugal, dont les effets positifs pourraient bien être perceptibles ce dimanche. Fera t-il ensuite ses débuts sur marathon, à Paris ? « Il décidera en fonction de sa performance sur ce semi. Il a vraiment le profil intéressant pour monter. J’espère qu’il ira au bout de sa préparation pour voir ce que le marathon donne pour lui » souligne le manager du hors stade.
Yassine Mandour, de retour à la compétition après une blessure au pied ayant occasionné son forfait pour les Europe de cross, et Jean-Damascène Habarurema, sont également annoncés.
« Satisfaits de la dynamique »
Côté féminin, Christelle Daunay devait être la tête d’affiche de l’épreuve, mais une grosse blessure a annihilé ses ambitions printanières (lire ici). A suivre donc la vice-championne de France de la discipline Karine Pasquier, 3e des France de cross et qui enchaînera avec le marathon de Paris, Laurane Picoche (4e aux Mureaux mais qui ne disputera pas son second marathon à Paris : « Elle a eu une petite fatigue un peu après les Europe de cross. Elle est en reprise et ce qu’elle a fait aux France est quand même assez exceptionnel avec le peu d’entraînement qu’elle a » témoigne Jean-François Pontier), Martha Komu ou Corine Herbreteau-Cante.
Séverine Hamel, sur la route de son premier marathon le 12 avril prochain, devait s’aligner sur ce semi parisien. Mais sa préparation fut retardée par une grosse contracture au mollet. 11e des France de cross, elle devrait s’aligner sur le semi de Bayeux le 15 mars.
De son côté, Alexandra Louison a réalisé 1h13’33’’ lors du semi de Cannes le 22 février. Si une inflammation du muscle piriforme (fessier) l’a empêchée de s’aligner aux Mureaux, son marathon parisien n’est pas remis en cause.
« On est satisfaits de la dynamique qui existe au niveau du marathon et du semi-marathon. On n’a jamais eu autant d’athlètes de ce niveau là qui souhaitent faire des performances sur ces épreuves-là. C’est intéressant » résume Jean-François Pontier. A vos pronostics !
(1) : lire son portrait dans le dernier numéro de VO2 Run actuellement en kiosque et disponible ici.
(2) : les minima pour les championnats du Monde ont été fixés à 2h12’00’’, soit un chrono supérieur aux années précédentes (2h09’40’’ en 2011 ; 2h10’00’’ en 2013). « On a mis des minima qui sont plus accessibles, dans l’objectif du projet marathon et de la progression par rapport aux Jeux » explique Jean-François Pontier. Est-ce à dire que les minima pour les Jeux seront aussi rehaussés (2h10’00’’ en 2012) ? Car si ces minima étaient élevés, c’est en raison de leur indexation sur les bilans mondiaux…sur une discipline que l’on sait viciée par des performances bien trop fulgurantes pour être crédibles… « Cela fait plus d’un mois que nous avons fait une proposition au CNSOF (Comité National Olympique et Sportif Français). On attend les retours et on espère que ça sera acté avant les marathons de printemps » explique Jean-François Pontier.
Le site de la course : cliquez-ici.