Timothée Bommier, athlète du week-end
Pour son retour à la compétition après son deuxième marathon à Paris (2h15’38’’), Timothée Bommier fut proche de réaliser les minima pour les championnats d’Europe à Amsterdam (6-10 juillet) lors du semi-marathon de Strasbourg dimanche 15 mai (7e en 1h04’17’’, record personnel).
Dans la foulée du marathon de Paris (2h15’38’’ pour sa deuxième apparition sur la distance), Timothée Bommier a coupé « une semaine complète ». Avant de reprendre le chemin de l’entraînement, où les sensations sont promptement revenues. « Deux semaines après le marathon, j’ai fait 15×400 m en 1’05’’, soit les mêmes chronos en gros qu’avant le marathon. Après, je n’ai pas repris à bloc –sept entraînements par semaine, puis huit et neuf maintenant- et le volume est évidemment moindre que durant la prépa marathon ».
Après quelques séances prometteuses, Timothée Bommier a donc voulu « tenter le coup », à savoir la qualification pour les championnats d’Europe d’Amsterdam (1h04’00’’), jetant son dévolu sur Strasbourg le week-end dernier, alors qu’un semi-marathon n’était pas forcément prévu au programme initialement.
D’emblée, il prit la foulée des Kényans partis aux avant-postes. 15’10’’ aux 5 km, 30’10’’ aux 10 bornes, pile dans les clous. « J’étais vraiment bien, je profitais du groupe et j’étais abrité du vent. Je sentais que je pouvais maintenir cette allure jusqu’au bout. Mais manque de pot, il y en a un qui a eu la mauvaise idée d’attaquer, au 13e km » sourit l’athlète coaché par Jean-François Pontier (également manager du hors stade auprès de la Fédération).
« C’est la course, je ne vais pas leur demander de m’attendre ! »
« Ils ont dû faire un kilo en 2’50’’-2’55’’ en plein milieu. Le premier m’a mis une minute à l’arrivée et aucun n’a immédiatement craqué comme je m’y attendais. Ça aurait été top s’il avait eu la bonne idée de courir de manière régulière. Je pense honnêtement que ça aurait pu faire moins d’ 1h04’. Le parcours est tout plat, mais il y avait un peu de vent et surtout beaucoup de relances, notamment dans la vieille ville où il y a aussi quelques parties pavées. Tout seul, ce n’était pas évident de maintenir le rythme. Après, c’est la course, je ne vais pas leur demander de m’attendre ! ».
Le Clermontois a donc terminé en solo, ne profitant plus de l’aspiration des coureurs est-africains, sans non plus craquer (15’20’’ environ entre les 10 et 15e km, de même qu’entre les 15e et 20e). « Je suis quand même satisfait, ça prouve que j’ai bien récupéré du marathon. Même si j’avais fait des séances plutôt concluantes, je ne savais pas si çà allait tenir sur une course à « balles réelles ». J’étais forcément un peu frustré de ne pas faire moins d’ 1h04’, mais j’ai fait de mon mieux, j’ai donné le maximum et je n’ai pas vraiment de regrets ».
Les athlètes tricolores ont jusqu’au 10 juin pour réaliser le niveau de performance requis pour Amsterdam. A ce jour, A ce jour, ils sont quatre à avoir couru sous ce chrono durant la période de qualification, qui s’étend du 1er janvier 2015 au 10 juin 2016 (Hassan Chahdi, Abdellatif Meftah, Denis Mayaud et Yohan Durand), alors que six athlètes au maximum peuvent être sélectionnés.
Les coureurs précités ont-ils tous la volonté (et/où la forme) de participer au rendez-vous ? La Fédération emmènera t-elle une équipe, comme aux Mondiaux de Cardiff fin mars, où les résultats furent loin d’être probants ? « Honnêtement, je serais déçu de ne pas y aller, mais je n’ai pas fait les minima et je ne suis pas prioritaire » admet-il.
Marathon de Berlin dans le viseur
En attendant, Timothée Bommier envisage de s’aligner aux championnats de France de 10 km le 18 juin prochain à Langueux, histoire de rebosser sur des allures rapides.
Puis de pousser jusqu’à Amsterdam s’il est sélectionné, avant de se lancer, tout en gérant les périodes de récupération « car j’enchaîne beaucoup » (la semaine qui vient sera ainsi très légère), vers la préparation de son troisième marathon, normalement à Berlin fin septembre.
Avec une idée en tête, les Mondiaux 2017 à Londres (pour les modalités de sélection, déjà que celles pour les Jeux de Rio ont mis 100 bornes à arriver, avec les futures élections pour le président de la Fédération et le changement d’équipe afférent, il faudra sans doute patienter de longues semaines en 2017 avant de les connaître…).
« Je veux mettre toutes les chances de mon côté. Ça dépend à quel niveau seront les minima. J’ai fait des séances qui me laissent penser –même si c’est toujours difficile de dire ça sur marathon- que sur un parcours un plus rapide qu’à Paris, j’ai 2h13’ dans les jambes. Faire moins de 2h13’, je ne dis pas que c’est facile, mais ça me paraît faisable et abordable. 2h11’ (il s’agissait des minima pour les Jeux de Rio, ndlr), ce n’est pas encore mon niveau » reconnaît Timothée Bommier.
« Oui, la préparation l’été me fait peur, avec la chaleur (lire à ce propos nos conseils ici). Après, on peut gérer ça en partant en altitude, en s’entraînant tôt le matin ou tard le soir. Ça sera difficile mais j’ai envie de tenter un marathon rapide, et je crois qu’il n’y a pas plus rapide que Berlin (les résultats ces derniers années le corroborent, lire ici ou là, ndlr) ».
Le marathonien de 29 ans, qui construit avec intelligence sa carrière sur le macadam, où il fait petit à petit son bonhomme de chemin, pourra compter sur le soutien de son coéquipier Badredine Zioini (en bronze aux France de 10 000 mètres fin avril, lui aussi a pu capitaliser sur la préparation marathon printanière) qui devrait figurer à ses côtés pour préparer le marathon berlinois.
Texte : Quentin Guillon.
Photos : Yves-Marie Quemener.