Marathon de Berlin : les temps de passage de Wilson Kipsang, nouveau recordman du Monde
La lecture des temps de passage de Wilson Kipsang montre que ce sont les deux derniers kilomètres assez incroyables du Kényan qui lui ont permis de battre la marque de son compatriote Patrick Makau. Analyse.
Wilson Kipsang a remporté dimanche la 40e édition du marathon de Berlin, en battant en même temps le record du Monde de la distance (2h03’23), détenu précédemment par Patrick Makau (2h03’38). Wilson Kipsang, vainqueur du marathon de Londres en 2012, troisième des derniers Jeux Olympiques, avait déjà couru en 2’03’42 à Francfort en 2011. C’est la neuvième fois qu’un record du Monde est amélioré sur le marathon berlinois.Retour sur les temps de passage du Kényan. 2h03’23, cela représente très précisément 2’55’’5 de moyenne à chaque kilomètre (soit une vitesse moyenne de 20,52 à l’heure).
Départ: 2’43 puis 14’34 au 5e
Le groupe de tête part sur des bases élevées, moins rapides toutefois qu’à Londres en avril dernier, où les dix premiers kilomètres courus à une allure plus que soutenue avaient eu raison des ambitions de record du Monde de certains marathoniens (passage en 28’55). A Berlin, le groupe de tête parcourt les cinq premiers kilomètres en 14’34 (soit un 2’54’’8 de moyenne au kilomètre)…avec un premier kilo en 2’43.Le rythme est constant sur la deuxième tranche de cinq kilomètres: 14’42 (2’56’’4 de moyenne), soit un passage en 29’16 aux 10 kilomètres.
10e-15e km: 14’29
L’allure s’accélère franchement sur la troisième tranche de cinq kilomètres: 14’29 (soit 2’53’’8 de moyenne), pour un passage en 43’45 aux 15 kilomètres. Ça «siffle»…Pour preuve, le groupe de tête possède à ce moment de la course 36 secondes d’avance sur le temps de passage de Makau lors de son record à Berlin en 2011! Le temps projeté est de 2h03’04. Et de brusques accélérations secouent le peloton de tête. Ainsi les 14 et 15e kilomètres sont parcourus…en 2’50 et 2’47. Ce rythme endiablé –ponctué par quelques franches accélérations- pourrait (devrait?) se payer cash à partir du 30e kilomètre, comme à Londres en avril dernier, où Emmanuel Mutai avait ainsi complètement explosé sur la fin après un départ trop rapide.
Semi: 1h01’32
Ensuite, 14’34 entre le 15e et le 20e, mais avec une nouvelle accélération au 18e kilomètre, parcouru en 2’52. A noter que les athlètes pouvaient voir leur vitesse ainsi que le temps projeté à l’arrivée grâce à une voiture qui les précédait, leur permettant ainsi de moduler leur allure. Le semi est avalé en 1h01’32, soit des bases de 2h03’04 au final. Pour rappel, Wilson Kipsang avait demandé à passer en 1h01’44. En résumé, l’allure très rapide durant le premier semi (36 secondes d’avance au 15e km) et les deux-trois kilomètres à 2’50 et moins seraient de nature à mettre à mal la tentative de record de Wilson Kipsang.
29’42 entre le 20e et 30e
Et c’est ce qui semble se produire par la suite. Entre le 20e et le 25e km, le tempo se réduit: 14’54 (soit 2’58’’8 de moyenne). Puis 14’48 entre le 25e et le 30e (soit 2’57’’4 de moyenne, passage en 1h28’01). La projection établit un temps final de 2h03’48. Ils sont encore cinq à ce moment de la course: Wilson Kipsang, Geoffrey Kipsang, Eliud Kipchoge, ainsi que Wilfried Kirwa et le lièvre Victor Kipchirchir, qui s’écarte au 31e kilomètre. Wilson Kipsang prend alors ses responsabilités et relance fort: 14’35 (2’55 pile de moyenne) entre le 30e et le 35e, avec le 34e km bouclé en 2’52: visiblement, le premier semi ne lui a pas fait mal aux jambes. Il poursuit sur sa lancée et s’en va seul pour aller quérir son record: 14’36 entre le 35e et le 40e. Il vient de réaliser 29’11 sur les dix derniers kilomètres, entre le 30e et le 40e…
Finish canon
Justement à 2,195 kilomètres de l’arrivée (1h57’12 au 40e), il possède 18 secondes d’avance sur Eliud Kipchoge et est avance…de trois secondes sur la marque de Patrick Makau. Wilson Kipsang ne connaît pas de défaillance, et termine sur une allure diabolique: 6’11 pour parcourir les derniers 2,195 kilomètres, soit 2’49 de moyenne au kilo (soit une vitesse de 21,3 à l’heure). Alors qu’on aurait pu avoir la sagesse de penser que le premier semi lui serait fatal, au lieu de craquer sur la fin, les deux derniers kilomètres de Wilson Kipsang ont tout simplement été les plus rapides de son marathon. Eliud Kipchoge finit deuxième en 2h04’05 alors que Geoffrey Kipsang a craqué sur les derniers kilomètres, concédant trois minutes (3e en 2h06’26).
Les temps de passage tous les 10 kilomètres:
0-10e : 29’16
10-20 : 29’03
20-30 : 29’42
30-40 : 29’11
Temps final : 2h03’23