Les 10 km L’Equipe atteignent la « taille adulte »
La cinquième édition des 10 km L’Equipe s’est disputée ce dimanche 14 juin. 18 152 coureurs ont bouclé l’épreuve –nouveau record- ce qui en fait le 10 km le plus populaire de l’Hexagone. Le point avec Thomas Delpeuch, responsable des épreuves grand public chez ASO (Amaury Sport Organisation), à l’image des Run In, comme Lyon (lire ici).
Quel bilan tirez-vous de cette 5e édition, et, plus globalement, de la progression des 10 km L’Equipe ?
Il y a eu une très forte augmentation durant les premières années puisqu’on partait de zéro. Là, l’augmentation est encore présente, avec 2 000 arrivants supplémentaires (16 185 en 2014). C’est pas mal du tout. On sent que la distance est le produit qui va bien auprès des coureurs.
Quel était l’ambition initiale à la création des 10 km ?
C’était tout simplement de créer un gros 10 km à Paris. Comme partout en France, cette distance là était bien représentée mais il en manquait un gros. Paris-Centre (8 500 arrivants en 2014, ndlr) commençait à monter en puissance, mais c’est tout.
L’objectif va-t-il être de se rapprocher de la participation au semi-marathon (34 897 arrivants cette année) et au marathon de Paris (40 125) – organisés également par ASO ?
Oui, il n’y a pas trop de limites. Le marathon est quand même ouvert à des personnes entraînées, c’est un public assez restreint. Là, comme pour le semi, on est vraiment sur un très large public. Je crois qu’il y a 25-30% de débutants complets en compétition. On a un public féminin encore plus représenté que sur le semi (32%). Le 10 km a un très très fort potentiel en termes de participation. Le 10, c’est aussi une course qui va vite. Donc logistiquement, ce n’est pas si évident que ça de lancer autant de monde. C’est très compliqué à gérer en termes de flux.
On a fait des départs en vague sur trois quart d’heure. Si on monte en effectifs, on sera obligé de le faire beaucoup plus, voire de proposer trois heures de départ différentes.
L’élite « n’est pas l’objectif »
Contrairement au semi et au marathon, il n’y a pas de coureurs de très haut niveau (troisième victoire consécutive de Thierry Guibault, en 30’26’’, et succès d’Anne-Laure Gauthier chez les femmes en 36’42’’) : c’est une volonté de privilégier la masse ? Ou allez-vous venir vers l’Elite ?
C’est une volonté de faire uniquement de la masse. A la moindre prime, on attirerait un public qui n’apporterait pas grand-chose à l’épreuve. La ligne du 10 km, c’est « Partageons le sport », ce n’est pas d’aller vers des performances élite. Ça ne changerait pas grand-chose, ni en médiatisation, ni en quoi que soit. Ça n’est pas l’objectif de l’épreuve.
Les recettes doivent être importantes avec un tel nombre de participants ?
Entre les individuels et les équipes, il y avait 21 000 inscrits. Le 10 km commence à être une belle épreuve mais n’est pas la plus rentable du circuit. Le prix d’inscription est de 20 euros en moyenne. Il faut déjà enlever 20 % de TVA sur nos tarifs d’inscription – ce qui n’est pas le cas pour tous les organisateurs. Le 10 km est pour l’instant à l’équilibre. Je ne donnerai pas de chiffres –vous pouvez faire les calculs avec les 20 euros (1) – mais en charges de structure, on est à l’équilibre.
Vous devez dégager un peu de bénéfices quand même, non ?!
En charges de structure, non.
« Il faut aller voir des coureurs débutants qui se lanceraient sur une première compétition »
Par quel truchement passe la croissance du nombre de coureurs ? Les gens ne savent pas qu’il y a forcément un très gros 10 km ?
On n’a pas encore énormément communiqué dessus, pour l’instant. Le partenariat avec L’Equipe fait que les lecteurs et les sportifs sont au courant, tout comme notre public parisien inscrit au semi et au marathon. Mais le potentiel sur 10 bornes est dix, vingt fois supérieur en région parisienne. Il faut aller voir des coureurs débutants qui se lanceraient sur une première compétition.
Par rapport au marathon qui attire pléthore d’étrangers, la « population » est-elle différente ?
Tout à fait. On a 95% de Franciliens. On n’a par exemple pas traduit le site en anglais. Je pense qu’on pourrait facilement attirer quelques étrangers en déplacement à Paris. Et nous ne sommes pas allés chercher trop loin les provinciaux. Mais quand on est dans l’Oise, dans certains départements limitrophes, on n’est pas très loin. La notoriété de l’évènement fait que ça va peut-être commencer à venir.
Pourquoi vous n’avez pas fait cette communication ?
Parce qu’en passant de 4 à 10 000, puis de 10 à 15 000 coureurs, il fallait pouvoir gérer ça. On ne peut pas gérer le double à chaque fois. Maintenant, on va croître doucement. Le 10 km commence à arriver à sa taille adulte. On va continuer à faire sa promotion pour qu’il grossisse. On va aussi développer le challenge entreprises. 3 000 – 4 000 clients étaient là par ce biais là.
Attirer les coureurs étrangers peut-il être un axe de développement pour les 10 km L’Equipe ?
Non c’est très compliqué. On peut l’ouvrir un peu mais on ne fait pas 300-400 km pour aller courir un 10 km. Le semi, il y a aussi des étrangers qui viennent. Ça représente un défi pour bon nombre de coureurs. Mais pas le 10 km.
L’objectif est donc de capter cette masse de coureurs qui se met à la course à pied (lire ici)?
Tout à fait. Et sur le bassin parisien il y a suffisamment de potentiel en termes de débutants ou de bons coureurs, car les deux populations se mêlent. Avec les sas de départ et les avenues larges, on peut vraiment aller chercher une belle perf.
(1) Si l’on prend comme base le tarif d’inscription (TTC donc) de 25 euros en solo (il est de 22 euros pour ceux qui courent par équipes ; 3 685 concurrents concernés parmi les 18 152 arrivants), cela donne 500 000 euros de recettes pour 20 000 inscriptions (400 000 en retranchant les 20% de TVA).
Les résultats : cliquez-ici.
Photo de une : Photo 10 km L’Equipe.