Le « réel plaisir » de Florian Carvalho
Après une année gâchée par les blessures, Florian Carvalho a retrouvé le plaisir aux 10 km de Paris-Centre qu’il a remportés en 29’00 ».
Six mois presque à se morfondre, à quérir une solution, à penser à ce satané genou et à cette tendinite du fascia lata afférente. Ce syndrome de l’essuie glace s’est dans un premier temps déclenché sur le genou gauche, il y a tout juste un an (lire ici). Le sociétaire de l’Us Nemours Saint Pierre Athlé l’avait soigné in fine « avec des semelles de renforcement ».
Puis la douleur s’est instillée sur le genou droit, entre février et mars dernier. Peut-être en raison de la compensation avec ses nouvelles semelles, peut-être en raison d’une entorse contractée au cœur de l’hiver et qui a pu occasionner un changement de posture.
Bref, la douleur est tenace, ne disparaît pas après les championnats d’Europe en salle (11e sur le 3 000 m), en dépit des soins. Si bien que, progressivement, un voile commence à planer sur la saison estivale et les championnats du Monde de Pékin pour le 11e des Mondiaux 2013 sur 1 500 m.
L’athlète coaché par Gérard Sautret s’entraîne donc…à vélo et en natation. C’est notamment par ce truchement qu’il a glané la 4e place aux championnats d’Europe de cross en 2014. Mais on ne s’improvise pas triathlète quand c’est la course à pied vous fait vibrer. Et lorsque Florian Carvalho comprend que sa saison estivale sera blanche, il prend logiquement un gros coup sur la carafe.
« Je tournais vite en rond »
« Aux Interclubs, j’ai fait dix minutes d’échauffement avant le 1 500 m (le 9 mai : 3’58’’69, ndlr). Puis je suis parti 15 jours à Capbreton pour essayer de me soigner. Au retour, au lieu d’avoir mal au bout de 10’, j’avais mal au bout de 15’. J’ai ensuite eu un petit passage à vide pendant dix, quinze jours, où j’ai eu beaucoup de mal à faire quelque chose. Je me suis ensuite remotivé » raconte t-il.
« J’avais pris beaucoup de retard. Quoi qu’il arrive, tu sais que ça va être compliqué. Cette période était très dure. Je m’entraînais pour quelque chose. J’avais pris une année de dispo pour préparer ces championnats du Monde les Jeux Olympiques qui arrivent (il travaille à mi-temps à la mairie de Nemours et a redemandé pour une année de disponibilité pour 2016, ndlr). Je ne travaillais pas, je tournais vite en rond. Le temps était long. Mais il fallait prendre son mal en patience et attendre »
La reprise s’amorce fin juin. Sans semelles. « Je me suis fait plaisir » entame t-il avant de vite se reprendre. « Enfin, non, car je prenais cher à l’entraînement. J’étais zéro en vitesse. Je me suis fait taper par les cadets du club sur des 200 mètres. J’étais à bloc sur du 26’’5 aux 200 m » se marre le vice-champion d’Europe du 1 500 m en 2012.
Progressivement, il revient à un entraînement régulier, court tous les jours à partir de la mi-août puis double à partir de septembre, alors que le mal s’amenuise puis disparaît. « J’espère que ça va tenir. On ne sait pas trop comment c’est venu. On ne sait pas trop comment c’est parti » résume t-il.
« Du bien au moral »
Le 4 octobre, Florian Carvalho a remis un dossard, aux 10 km Paris Centre. « Je n’avais pas forcément les crocs. Je n’étais pas venu pour gagner mais pour faire plaisir –je n’avais pas fait de vraies compétitions depuis mars- et faire un chrono. J’étais parti sur 29’15’’ en me disant que je ferais 29’35’’ 29’40’’ si je craquais ».
Après trois kilomètres groupés, il prend les devants et dégaine. 14’44 sur le premier 5 km, 14’16’’ sur le second ; 29’00’’ au final. « Je me sentais entre guillemets voler les huit premiers kilomètres. Après, ça m’a rappelé à l’ordre. C’était normal car il me manquait un peu de foncier. Mais je me suis fait réellement plaisir » répète t-il à plusieurs reprises.
« Oui, ça me relance bien. Avec l’été que j’ai eu, ça fait du bien au moral et ça laisse envisager de bonnes choses pour la suite ».
A commencer par les championnats d’Europe de cross, à Hyères près de Toulon, dans deux mois maintenant (13 décembre). « J’ai envie d’y aller pour qu’on ramène au moins le titre par équipes et faire la meilleure place possible individuelle. Je serai en forme, on aura envie de briller, mais ce n’est pas le gros objectif de la saison, qui reste les Jeux ».
Photo : Florian Carvalho au départ du cross d’Allonnes en novembre 2014 (Photo Yves-Marie Quemener).