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La solitude du coureur de fond, de nouveau au théâtre
La pièce de théâtre « La solitude de coureur de fond » adaptée du magnifique et bouleversant roman éponyme d’Alan Sillitoe, est jouée sur scène par Patrick Mons. Elle revient pour le festival d’Avignon en juillet prochain, quatre ans après les premières représentations.
En 2015 à Avignon, le spectacle s’est joué à guichets fermés. Depuis, la compagnie a disparu et Patrick Mons a monté la sienne. Lui et son équipe ont lancé une collecte pour pouvoir produire le spectacle (jusqu’au 9 juin, ICI). « Revenir au festival d’Avignon, c’est renouer avec le public (avec cette nouvelle affiche signée par Landor) et, grâce au grand nombre de professionnels présents, poursuivre la diffusion du spectacle. Cette collecte nous permettra de le représenter dans les meilleures conditions, dans un lieu que nous avons choisi et qui nous a choisi. Et si nous dépassons le seuil, nous pourrons améliorer sensiblement la communication et les moyens de diffusion (impression, achats d’espaces, ..) » explique t-il.
Une diffusion qui passe aussi par des rencontres, à l’image de celle organisée dans le club de Val-de-Reuil.
Pour mémoire, voici un extrait de l’article que nous avions consacré à la pièce de théâtre, paru dans notre numéro 243.
Dans les pas d’un père comédien, Patrick Mons a intégré une compagnie à 18 ans. « Et je n’ai jamais arrêté » sourit celui qui est très attaché au « rapport avec le public ».
Membre de la compagnie de la Lune et de l’Océan qu’il a mis sur pied en 2001, il découvre par l’intermédiaire de Charles Lee, un metteur en scène anglais avec lequel il a bossé, La solitude du coureur de fond (2), l’œuvre d’Alan Sillitoe publiée en 1959. Et tombe sous le charme.
Une ascension personnelle et non sociale
Colin Smith, interné à la suite d’un vol dans une maison de correction de l’Essex, se découvre des talents en course à pied où son esprit s’évade. Le directeur de l’établissement souhaite faire de Smith un modèle de réhabilitation, et l’incite à remporter le prix national de course de fond. S’il feint d’accepter le challenge et s’entraîne avec acharnement, Smith refuse l’autorité : il ne veut pas gagner à tout prix et par honnêteté envers lui-même, il décide in fine de perdre la course…
« Ce bouquin a traîné dans mes bagages pendant dix ans. Après l’avoir lu, je voulais en faire quelque chose. Je me suis mis à la course à pied pour faire ça, pour savoir ce que ressentait le héros du spectacle » raconte Patrick Mons.
« Je trouve que le fond du texte est génial. Ça m’a bouleversé. Smith est un type qui résiste sans arme. Il croit à une certaine forme de dignité. C’est un peu l’envers de tout ce qui est rédemption par le sport. Mais en même temps, ce qui est plus fort, c’est qu’il ne franchit pas l’échelle sociale avec le sport mais il se découvre lui. C’est plus intéressant dans la vie. C’est une ascension personnelle. C’est sa vérité à lui. Lors d’un festival, un type est venu nous voir au nom d’une bande de potes. Ils avaient 55 ans, et ce livre, puis le film (3) les avaient beaucoup marqués. Ils étaient tous dans une filière un peu au rabais de l’éducation nationale et en sont tous sortis, en disant : “Non, on ne veut pas de ça“. Et ils sont tous devenus autre chose de ce à quoi ils étaient destinés ».
L’œuvre de Sillitoe a fait écho au parcours de Patrick Mons, 55 ans. « Comédien, c’est parfois ingrat et assez déstabilisant, il faut être très costaud. Je crois que la course de fond m’a pratiquement sauvé la vie. Déjà, je ne peux plus m’en passer. Et ça a contribué à me stabiliser. Comédien, c’est assez déstabilisant. Quand je pars avec un short, un T-shirt et des baskets, tu renoues en fait complètement avec toi. Ce n’est pas même le fait de destresser, c’est une vérité personnelle » souligne t-il.
La tête et les jambes
Sur scène, de conserve avec le saxophoniste Esaïe Cid qui l’accompagne (dont le souffle du saxo est calé sur le tempo des pieds de Patrick Mons), il déclame le texte, appris par cœur tout en courant sur place. Une haute performance physique, où l’acteur coureur, affûté, maîtrise son sujet plus d’une heure durant, jamais essoufflé, tout en distillant avec force le ton et l’émotion du texte original, par l’intonation et le corps. Tout en jouant sans filet (pas de souffleur).
« Au début, j’ai essayé d’apprendre le texte en courant. Mais ça marche pas du tout, car justement quand tu cours, la pensée vagabonde etc…Donc j’ai dissocié les deux : l’entraînement à la course, et l’apprentissage du texte, qui est l’entraînement du comédien. Et ça s’est rassemblé sur le plateau, avec la course sur place » explique celui a sillonné les cols alpestres en vélo, et qui lace désormais les chaussures de course cinq fois par semaine, en minimaliste pour courir sur l’avant-pied, comme sur scène, alternant footing et séances. « Ça m’éclate. Je ne peux pas faire que du footing, et il faut que je garde un niveau pour dire le texte et jouer afin de garder intacte la capacité d’émotion avec ce corps qui brinquebale ».
Au terme d’un travail de longue haleine, il est parvenu à tout assembler, à affiner les détails, réfléchir sur les jeux de lumière et la musique, dans la foulée d’une avant-première en décembre 2012.
Un spectacle sans cesse amélioré donc, et arrivé à « maturité » à Avignon, où il a joué 19 fois, entre les 5 et 27 juillet.
Pas lassant à la longue, à l’instar du coureur empruntait à chaque fois le même parcours ? « On s’est éclatés comme des malades. Et 80% des programmateurs qui sont venus veulent le spectacle. On est portés par un truc qui fait qu’on ne se lasse pas. C’est vraiment le principe du comédien de théâtre : si tu sens quelque chose, si le spectacle est bien perçu, si tu as quelque chose à communiquer, s’il y a une relation forte entre toi et ce texte et ce personnage, tu t’en finis jamais de peaufiner des petites subtilités ». »
Pour participer à la collecte : ICI.