Kenenisa Bekele, un vrai retour sur marathon ?
Plus d’un an après sa dernière apparition sur marathon, Kenenisa Bekele figure dans les start list officielles pour le marathon de Londres le 24 avril prochain. Mais dans quel état de forme sera t-il ?
La dernière fois que Kenenisa Bekele a épinglé un dossard à son torse ? Janvier 2015, marathon de Dubaï, pour son troisième 42,195 km après des débuts tonitruants en 2014 à Paris (2h05’04’’) puis une quatrième place à Chicago en octobre 2014 (2h05’51’’). Dubaï s’était soldé par un abandon peu après le 30e kilomètre, en raison de récurrents problèmes au tendon d’Achille.
Depuis ? Nada ! Bekele a disparu des écrans radars. Il devait courir à Londres l’an passé, mais s’était ravisé, sa forme étant trop précaire. On ne l’a pas non plus localisé l’automne dernier, et l’Ethiopien a finalement été identifié dans l’espace mondial athlétique en début de semaine, lorsque le plateau du marathon de Londres a été dévoilé.
Le signal émis par le multiple champion du Monde et olympique fut cependant sporadique. Car si les positions des Eliud Kipchoge, Wilson Kipsang, Denis Kimetto ou encore Stanley Biwott, qui seront tous en lice le 24 avril prochain dans la capitale britannique, ont été clairement établies et ont fait les titres de la presse spécialisée, les échos de la présence de Kenenisa Bekele, que d’aucuns considèrent comme le plus grand athlète de l’histoire, passèrent presque inaperçus. Si bien que l’on peut se demander s’il y a encore un « effet » Bekele.
Rappelons-nous l’onde de choc (athlétique et médiatique) que ses débuts sur marathon, sur le macadam parisien, avait provoqué il y a à peine deux ans…
Les débuts de Kenenisa Bekele sur marathon à Paris en 2014. Souvenirs…
Il faut dire qu’entre temps, les radars du marathon mondial ont hurlé à cor et à cri. Ici un record du Monde -encore (ou toujours plus)- stratosphérique (lire ici), là un dernier dix bornes en 28’35’’ (pour rappel, Kimetto dans le premier cas, et Biwott dans le second lorsqu’il s’est imposé à New York en novembre dernier).
C’est ainsi que le marathon de Londres version 2016 sera à coup sûr plus relevé, sur le papier, que les Jeux Olympiques de Rio, et la course promet -une nouvelle fois sur le papier, comme c’est le cas depuis maintenant quelques années- des étincelles…ou pas !
Car le contexte actuel, un maelström d’affaires aux embrocations de corruption et de dopage pourrait calmer les ardeurs de certains…(A ce propos, on ne parle très curieusement plus des –gros- problèmes en la matière au Kenya, comme si les Russes avaient « pris » pour tout le monde)
Coïncidence ou pas, Dennis Kimetto n’a plus regagné sur marathon depuis son record du Monde de Berlin. S’il avait pris la troisième place du marathon de Londres l’an passé (précisons si besoin était qu’il s’agit d’une performance de haut vol), le Kényan venu de nulle part a plié bagage aux Mondiaux de Pékin (abandon au 30e), et a couru…cinq kilomètres au marathon de Fukuoka en décembre.
Pas encore totalement remis ?
Pour revenir à Kenenisa Bekele, aura-t-il recouvrer tous ses moyens physiques pour briguer une place aux Jeux Olympiques de Rio, et devenir ainsi l’égal des Emil Zatopek et Hannes Kolehmainen, les seuls à s’être imposés aux JO à la fois sur 5 000 m, 10 000 m et marathon ?
Au cours d’une interview mi-décembre, à l’entendre, le natif de Bekoji n’était pas encore à 100% de ses capacités : « L’objectif est de me qualifier pour le 10 000 m et le marathon pour Rio, et je pourrais ensuite décider (sur quelle distance s’aligner). Je pense que j’ai tout réussi sur 5 000 et 10 000 m. Le marathon est la seule chose qu’il me reste à accomplir. Je suis focalisé dessus et je travaille très dur pour être en mesure de courir un marathon. Mais tout dépend de la manière dont je vais me remettre : j’ai eu une blessure au tendon d’Achille et au mollet, et je continue à me soigner et à aller voir le médecin. Parfois, récupérer tous ses moyens est très difficile ».
Les premiers soucis de Bekele ont démarré en 2010. « Je pensais que j’en avais terminé l’an dernier (en 2014). Même avant Paris, je n’étais pas en très grande forme, et après le marathon, ce fut pire » glissait l’Ethiopien de 33 ans, qui reconnaissait trouver « parfois l’entraînement sur marathon ennuyant ».
On se souvient qu’aux championnats du Monde de Pékin, son manager Jos Hermens expliquait que depuis « qu’il ne fait plus de cross-country l’hiver », Bekele a vu les ennuis affleurer. Lorsque ce dernier ne prépare pas les cross, expliquait Hermens en substance, le double recordman du Monde du 5 000 et du 10 000 m (12’37’’35 et 26’17’’53 en 2005 ; même les radars les plus sophistiqués peinent aujourd’hui à détecter ces chronos tellement ça siffle dur ; et même Mo Farah, pourtant très avisé en matières de records en tous genres, n’est pas parvenu à s’y approcher), Bekele reprend l’entraînement plus tard, veut aller vite pour compenser son débours, et finit par se blesser.
C’est ainsi que depuis son doublé aux Mondiaux 2009 à Berlin, sa carrière a pris un tour sinusoïdal. Et l’ancien amateur de sports collectifs (football et handball), sports qu’il a pratiqués avant de découvrir la course à pied à 15 ans, n’a pas fait de cross cet hiver…Mais on se souvient aussi qu’en 2011, il avait pris la marée aux Mondiaux sur 10 000 m (abandon) avant de claquer un très improbable 26’43’’11, soit la meilleure perf mondiale de l’année, trois semaines plus tard à Berlin.
Alors, Kenenisa Bekele au marathon de Londres, info ou intox ? On serait un radar, on affûterait quand même la fenêtre de détection…