Jim Walmsley : le record du Monde du 50 miles, puis l’explosion sur 100 km
L’Américain Jim Walmsley a battu le record du Monde du 50 miles (80,5 km), avant d’exploser pour boucler le 100 kilomètres en 7h05’24’’, ce samedi à Sacramento (Californie) aux Etats-Unis. Le double champion du Monde japonais du 100 kilomètres Hideaki Yamauchi a remporté la course en 6h19’54’’.
« Prudence ». C’est ce qu’avait répondu Jim Walmsley lors de la conférence de presse vendredi 3 mai quand on lui avait demandé le mantra qui compait l’accompagner durant sa tentative de record du Monde du 100 km, entre Folsom et Sacramento, près de San Francisco (Californie), record que détient depuis 2018 le Japonais Nao Kazami, en 6h09’14’’.
Prudent, Jim Walmsley l’est pendant le premier tiers de course d’une tentative baptisée Carbon X, du nom de la nouvelle chaussure éponyme propulsée sur le marché par son équipementier Hoka One One.
Walmsley laisse le soin à son compatriote Tyler Andrews de mener les débats, escorté de ses deux lièvres. Andrews, qui n’a jamais couru au-delà de 50 kilomètres, lorgne le record du Monde du 50 miles (80,5 km), détenu par Bruce Fordyce –vainqueur à neuf reprises du Comrades Marathon- en 4h50’51’’ (1).
Il atteint le 25e kilomètre en 1h28’23’’, à plus de 17 à l’heure de moyenne. Walmsley, entouré lui de trois lièvres, pointe à 1’13’’, en 1h29’36’’, pile sur les bases pour couvrir les 100 km en 6 heures.
Franche accélération au 25e
Cinq kilomètres plus loin, Walmsley, vainqueur de la Western States l’an passé en mettant une claque au record de l’épreuve, place une franche accélération : il aligne alors les mile dix secondes plus vite entre le 30e et 40e km, et même treize secondes, entre 40 et 46e km. Soit 3’28’’ au kilomètre entre les 30e et 50e km (17,3 de moyenne).
« J’ai manqué de patience » admit-il à l’arrivée. Dans le même temps, la foulée d’Andrews s’effrite et son visage se crise. Résultat ? Walmsley prend les devants peu avant le 50e kilomètre, qu’il atteint en 2h57’28’’. Bases 5h55 !
Il est alors neuf heures à Sacramento. Le soleil commence à cogner. Va-t-il craquer comme en 2015 aux championnats du Monde où il avait parcouru les 50 premiers kilomètres en 3h05’20 (avec trois minutes d’avance sur le reste du peloton) avant d’exploser par la suite (28e en 7h05’19’’) pour ce qui constituait jusqu’alors sa seule incursion sur la distance ?
Soudain, du record à la marche
Les premiers éléments de réponse viennent dès les hectomètres suivants : Walmsley, qualifié pour les sélections olympiques sur le marathon après son chrono de 1h04’00’’ sur semi en février, ralentit : 3’40’’ au kilo en moyenne du 54 au 62 km, puis 3’44’’ entre les 62e et 69e km.
Voilà 20 kilomètres qu’il est livré à lui-même (et même 40 depuis son brutal changement de rythme du 30e), à l’image de la quasi-totalité des Américains qui roulent, sur des autoroutes surchargées, seul dans leur –grosse- voiture. Sauf que ce coup-ci, la belle cylindrée de Jim s’apprête à dérailler, quand bien même sa foulée, ample, rebondit toujours autant sur l’avant-pied, à la différence du Japonais Hideaki Yamauchi, double champion du Monde en titre sur la distance, et très économe.
Lui a choisi laisser partir l’Américain au 30e. Passé avec trois minutes de retard à la mi-course (3h00’, largement sous les bases du record du Monde donc), il n’a alors qu’un seul but : « conserver au maximum (s) vitesse de course ».
Devant, Walmsley lâche du lest, mais il est toujours bien en-deçà de la marque de Kazami. Le public présent sur la ligne salut l’Américain quand il passe la marque du 50 miles (80,5 km) en 4h50’07’’, nouvelle meilleure marque mondiale. Il efface l’un de ses idoles Bruce Fordyce…à condition de franchir la ligne d’arrivée pour que le record soit homologué.
Et, subitement, les applaudissements laissent place à l’hébétude. Walmsley stoppe, presque dans la foulée, son effort. Quelques instants en footing léger avant de s’arrêter complètement, et de s’arroser d’eau. Exténué, l’Américain doit toutefois franchir la ligne d’arrivée du 100 km pour voir son record homologué. Il se remet à courir, encouragé à distance par la foule, composée essentiellement de membres de l’équipe d’Hoka, avant de marcher, derechef.
Parcours usant
Encore une fois, il a présumé de ses forces sur un parcours qui, à la différence du Breaking 2 mis en place par Nike, n’était pas dénué de difficulté avec l’enchaînement de petits coups de cul épuisants, sur la boucle de 10 kilomètres à parcourir sept fois après un premier circuit de 30 kilomètres. Sans compter la chaleur, assommante en fin de course –une trentaine de degrés au soleil.
Hideaki Yamauchi en a lui aussi souffert. Mais davantage expérimenté que Walmsley, il a mieux géré son effort, en dépit de la douleur liée à l’intensité de l’effort.
« J’ai eu un coup de moins bien entre le 70 et le 80e km. Il n’y avait plus de lièvres et pas de spectateurs. Mais je me suis raccroché à ma philosophie : croire en moi-même ». Il a, aussi, « accueilli la douleur » comme il l’avait susurré la veille en conférence de presse. Au final, il s’impose en 6h19’54’’, à quelques petites secondes de son record personnel (6h18’22’’ en 2016). Epuisé, marchant, titubant plutôt, tel un pantin désarticulé sitôt la ligne franchie, en enquillant les bouteilles d’eau, mais heureux.
Patrick Reagan prend la 2e place en 6h33’50’’, et Jim Walmsley, qui s’est relancé sur les dix derniers kilomètres après que Yamauchi fut proche de lui prendre un tour, finit quatrième en 7h05’24’’.
Les résultats : ICI.
Photos : Hoka One One (sauf mention contraire)