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Florence Kiplagat, 64’30’’ sur semi ?!

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Poste Le 19 février 2015 par adminVO2

Florence Kiplagat, qui vient d’améliorer son propre record du Monde du semi-marathon à Barcelone (1h05’09’’) pourrait aller encore plus vite si l’on en croit son illustre coach, l’Italien Renato Canova.
Sur le blog d’Alberto Stretti, Renato Canova a décrypté la performance de son athlète Florence Kiplagat, qui a amélioré le record du Monde du semi-marathon dimanche 15 février à Barcelone, coupant la ligne d’arrivée en 1h05’09’’. Un record qu’elle avait déjà battu en 2014, toujours à Barcelone (1h05’12’’).
« C’était une surprise pour moi » débute Renato Canova. « L’an dernier, nous visions ce record, avec en deuxième objectif le marathon de Londres (elle avait terminé 2e en 2h20’24’’). Cette année, après sa mauvaise performance au marathon de Chicago (pas seulement pour le chrono mais dans la façon d’aborder la course ; 3e en 2h25’57’’), notre principal objectif est le marathon de Londres. Car à partir de cette course, nous verrons s’il est préférable de se diriger vers les 10 000 m ou le marathon aux Mondiaux (22-30 août à Pékin), dans l’optique des Jeux Olympiques (Rio 2016) ».
Florence Kiplagat a pris l’été dernier la médaille d’argent aux Jeux du Commonwealth sur 10 000 m, et possède un record de 30’11’’53 (Utrecht en 2009). Elle avait terminé 12e des Mondiaux 2009 à Berlin sur la distance (handicapée par une blessure à une cuisse). La Kényane est la 13e marathonienne de tous les temps depuis sa victoire en 2h19’44’’ à Berlin en 2011.

Record du Monde du 15 km et « running easy »

Dans l’optique du marathon de Londres le 26 avril prochain, « il y a déjà eu quelques très longues sorties dans sa préparation, et peu de courte séances à vitesse rapide » relève Renato Canova (voir ci-dessous). « Le véritable objectif, pour nous, était de courir de nouveau sous les 1h06’ ».
Avec une ambition particulière, après analyse du détail des temps kilomètre par kilomètre lors du record 2014 : « je pensais que ce n’était pas possible de finir aussi vite que l’an dernier. Mais il était possible d’essayer de battre le record du Monde du 15 km (Tirunesh Dibaba, 46’26’’ en 2009) puis ensuite d’être facile pour terminer sous les 66’ ».
Ce n’est pas donné à tout le monde de battre un record du Monde sur la route d’un semi puis de terminer « running easy »…
Bref, Florence Kiplagat, médaillée d’argent lors des Mondiaux juniors en 2006 sur 5 000 m, a fait d’une pierre deux coups. En 2014, elle était passée au 15e km avec neuf secondes de retard sur la marque de Dibaba (en 46’35’’), et avait fini son semi-marathon en boulet de canon.

Changement de rythme fulgurant

« Tout était ok jusqu’au 10e km, avec une avance de neuf secondes par rapport à l’an dernier (31’01’’ contre 31’09’’ en 2014)» poursuit Renato Canova. « Mais au 11e km, le lièvre kényan a dû s’arrêter en raison d’ampoules ».
L’allure ralentit subitement, et Florence Kiplagat perd en un kilomètre sept secondes sur les neuf qu’elle avait d’avance. « Je dis donc à Florence d’accélérer pour battre le record. Et elle fait quatre kilomètres incroyables, entre les 11e 15e, en 12’00, complètement seule ».
Après un 11e km parcouru en 3’12’’, l’accélération est en effet déroutante : 3’00’’ au 12e puis 2’59’’, 3’02’’ et 2’59’’, soit quatre bornes avalés à 20 à l’heure de moyenne. Passage au 15e en 46’13’’. Record du monde battu. « La mission à Barcelone était déjà ok » résume Renato Canova.
« Florence, toujours seule, a récupéré durant trois km après le 15e, et sa course était mentalement terminée » reprend le coach. Ça donne –presque en récup, donc- 3’14’’, 3’12’’ et 3’07’’. « Au 18e, je compare avec le chrono de 2014 et je réalise qu’elle a trois secondes d’avance. Donc je lui dis : “si tu es bien, essaye de courir plus vite les trois derniers kilomètres, on verra ce qui peut se passer“ ». Message reçu. 3’02’’, 3’05’’, 2’59’’, la Kényane conserve ses trois secondes d’avance sur sa précédente marque, rattrapant les 100 mètres qui la séparaient d’un coureur espagnol depuis le 18e km, et finissant à bout de forces.

Renato Canova souligne. « Le semi-marathon de Barcelone est une course parfaite. C’est un circuit avec le départ et l’arrivée au même endroit, et pratiquement plat (une petite montée entre les 2e et 4e km, et une petite descente entre les 15e et 17e km). Le temps était parfait (10-12 degrés) avec un peu de vent, juste un brin gênant (alors que l’an dernier, il n’y en avait pas). Mais il y a 50 000 spectateurs, pas un mètre sans du monde. Cela crée une atmosphère particulière, très favorable pour les coureurs ».

Aspects intéressants de l’entraînement

Et le coach italien de décrypter la performance de Florence Kiplagat, qui avait couru son premier semi à…Lille en 2010 (victorieuse en 1h07’40 »). Si le chrono intrinsèque peut s’avérer sujet à caution, certains aspects de l’entraînement de la championne du Monde de cross 2009 sont intéressants.
« Elle a fini très vite (les trois derniers km). Elle a montré une grande capacité de récupération, après deux kilomètres faciles (6’26’’ entre les 15e et 17e). C’est probablement dû au fait que nous faisons beaucoup de séances avec ce type de variations d’allures (par exemple, entre 20 et 24 km avec alternativement un kilomètre en moins de 3’10’’, puis un km en moins de 3’35’’). Avec un lièvre capable de l’emmener jusqu’à la fin, Florence peut viser entre 1h04’30’’ et 1h04’’45 si elle est préparée spécifiquement. Le fait qu’elle est déjà fait de longues sorties (45 et 40 km) avant la course, alors qu’elle avait refusé de faire plus de 25 km en 2014 avant Barcelone, montre que de très longues sorties ne réduisent pas la vitesse pour un semi-marathon. Au contraire, ça peut améliorer l’endurance spécifique, et donner la possibilité de mieux utiliser la vitesse spécifique nécessaire sur les distances comprises entre le 10 000 m et le semi. La façon dont elle a couru ne répond pas à la question : Florence est-elle meilleure sur marathon ou sur 10 000 m (bien sûr, dans l’optique des JO) ? Je pense qu’elle peut courir sous les 30’00’’ (1) sur 10 000, peut-être 29’45’ avec une préparation spécifique. Cette année, elle a une préparation différente, centrée sur le marathon. Londres nous donnera une réponse intéressante ».  
 
(1) : cinq athlètes sont descendues sous les 30’00’’ sur 10 000 m dans l’histoire. Le record du Monde appartient à la Chinoise Junxia Wang, 29’31’’78 en 1993. Une période plutôt sombre donc…
Meselech Melkamu possède la deuxième meilleure performance mondiale de tous les temps avec 29’53’’80 (2009).

Florence Kiplagat lors de son premier record du Monde à Barcelone en 2014
Florence Kiplagat lors de son premier record du Monde à Barcelone en 2014

Les temps de passage kilomètre par kilomètre dimanche 15 février à Barcelone (cf blog d’Alberto Stretti)

1er : 3’03’’
2e : 6’11’’ (3’08’’)
3e : 9’22’’ (3’11’’)
4e : 12’32’’ (3’10’’)
5e : 15’38’’ (3’06’’)
6e : 18’47’’ (3’09’’)
7e : 21’50’’ (3’03’’)
8e : 24’55’’ (3’05’’)
9e : 27’57’’ (3’02’’)
10e : 31’01’’ (3’04’’)
11e : 34’13’’ (3’12’’)
12e : 37’13’’ (3’00’’)
13e : 40’12’’ (2’59’’)
14e : 43’14’’ (3’02’’)
15e : 46’13’’ (2’59’’) : record du Monde (46’14 » officiels).
16e : 49’27’’ (3’14’’)
17e : 52’39’’ (3’12’’)
18e : 55’46’’ (3’07’’)
19e : 58’48’’ (3’02’’)
20e : 61’53’’ (3’05’’) : record du Monde (1h01’54 » officiels).
21e : 64’52’’ (2’59’’)
Semi-marathon : 65’09’’ (record du Monde, 1h05’09 » officiels).

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