Corrida de Houilles 2014 : Les Kenyans Victor Chumo et Peres Jepchichir s’imposent.
Vainqueur au sprint, Victor Chumo : 28’04’’ a pris le meilleur sur le junior érythréen Abrar Osman : 28’05’’ et sur son compatriote Mark Kiptoo : 28’34’’. Parmi les Français, Denis Mayaud 13e en 29’14’’ a dominé Hassan Chahdi 15e en 29’30’’, Abdellatif Meftah 19e en 29’46’’, David Hauss 20e en 29’49’’, Freddy Guimard 21e en 29’50’’. Plus loin l’espoir Mehdi Belhadj s’est classé 24e en 30’01’’ devant Yoann Kowal, 31e en 30’38’’. Chez les Féminines, Peres Jepchichir : 31’34’’ également espoir a dominé la junior du Bahreïn Ruth Jebet : 32’18’’ et l’Ethiopienne Yemenu Tewabech : 32’20’’ qui aura 20 ans en 2015. Quant aux tricolores, Corinne Herbreteau 12e : 34’34’’ a devancé la junior Audrey Merle 13e : 34’37’’ et Delphine Pasquer 14e : 34’47’’.
Malgré leur haut niveau international, les favoris n’ont pas bénéficié de conditions météos favorables, susceptibles de leur permettre de battre le record de l’épreuve situé à 27’47’’. En effet, outre le vent ils ont dû affronter une température négative. De la sorte la plupart de ceux ayant osé le débardeur ont sans doute subi un choc thermique. Et contrairement à l’an passé, où les leaders avaient effacé le premier km en 2’44’’, cet année Hassan Chahdi seul en tête à ce moment-là a doublé ce cap en 2’54’’. Toutefois à l’approche du mile, une invincible armada africaine composée d’une dizaine d’unités a décidé d’accélérer, précipitant la disparition d’Hassan Chahdi aux avant-postes. Cependant, plutôt d’augmenter l’allure crescendo, les protagonistes en 8’30’ au 3e km et en 14’ au 5e km se sont livrés à une forme de fartlek en alternant tantôt attaques fulgurantes et retours à un rythme moins soutenu, bien que rapide. Néanmoins, ce procédé a permis aux meilleurs du jour d’éliminer bon nombre de leurs adversaires, puisque à l’issue du second tour de 3 km, seuls Chumo, Osman, Kiptoo et Amare demeuraient encore en mesure de l’emporter.
Exit Cornelius Kangogo, vainqueur l’an passé, Micah Kogo, 26’35’’63 sur 10000 mètres et d’autres sous les 13 minutes sur 5000 mètres. Une fois devant ce quatuor a quelque peu temporisé jusqu’au 7e k, où Victor Chumo a posé une banderille dévastatrice, suffisante à laisser Mark Kiptoo et Hailemariam « KO debout » Ensuite, si Chumo a semblé maîtriser la situation, jamais il n’est parvenu à creuser un écart supérieur à 10 mètres sur le junior érythréen vice champion du monde du 5000 mètres dans cette catégorie d’âge. Au contraire, ce dernier a réussi à recoller dans le dernier km, avant de prendre l’initiative de se lancer dans un long sprint à 500 mètres du but. Mais alors que le public a cru qu’il allait l’emporter, le Kenyan plus expérimenté l’a repris sur le fil, afin d’inscrire cette 43e édition à son palmarès. Heureux de s’en sortir ainsi, une fois la ligne franchie, il a éclaté de rire, avant de congratuler celui qui lui a mené la vie dure aujourd’hui.
Quant aux Français, ils ont connu des fortunes diverses.
Présents à Houilles :
– Mourad Amdouni a préféré renoncer à prendre le départ pour la raison suivante : « Le mercredi qui a suivi la Corrida d’Issy-les-Moulineaux, j’ai commencé à ressentir une légère contracture au mollet. Donc, je ne veux pas prendre le risque de me blesser sérieusement. Il m’importe de m’inscrire dans le long terme. Mais le fait de venir m’immerger dans l’ambiance de cette compétition me booste et me motive à revenir à mon plus haut niveau »
-Yoann Kowal, qui avant de partir s’échauffer a déclaré au speaker : « Je sors d’un cycle de foncier et coutumier de cette épreuve, j’ai envie de défier les autres Français sur une distance, qui n’est pas la mienne » Malheureusement le champion d’Europe du 3000 mètres steeple qui a fini les 10 derniers mètres en marchant a indiqué : « Comme à Allonnes. J’ai souffert d’un point de côté. Cela m’a pris dans le dernier tour alors que j’étais encore sur des bases de 29’15’’. Bon là je n’ai pas abandonné. Toutefois c’est rageant. Cela m’énerve. Je ne trouve pas d’explication à ce problème qui survient sur des courses longues. Heureusement qu’à l’entraînement j’arrive à aligner des séances de 12X800 sans souci. Vivement l’été et la piste. Je ne crois pas que l’on me verra sur un cross, même le court »
-Hassan Chahdi a concédé : « Je suis parti un peu vite. Pourtant au début, je me sentais bien. Après, je crois que je manque d’entraînement en ce moment. Cela ne m’empêchera pas de persévérer sur la route. J’ai 25 ans et je vais monter progressivement en distance avant de me lancer peut-être sur marathon l’année prochaine »
-Abdelhatif Meftah a lâché : « Cela a été difficile pour moi. Après Allonnes, j’ai été victime d’une grippe pendant 15 jours. Je me suis présenté fatigué aux Europe et je n’ai toujours pas récupéré de ce championnat. Le dernier tour a été terrible. Je n’arrivais plus à respirer. J’avais les bronches en feu. Une fois remis, je vais me consacrer à la préparation du Marathon de Paris, pour me qualifier aux mondiaux »
-Denis Mayaud a retrouvé du mordant et s’est exprimé avec le sourire : « Je n’ai pas pu déclencher mon chrono dans la panique du départ. Je n’avais aucune idée sur quelle base j’évoluais. Au 5e km, quand j’ai vu sur une voiture chrono à l’arrêt marquant 14’33’’, j’ai eu envie de m’accrocher et je n’ai pas lâché l’affaire. Je reviens dans une dynamique de forme. C’est positif »
Côté féminin, le combat cessa rapidement faute de combattantes. Peres Jepchichir a pris la poudre d’escampette d’entrée, avant d’augmenter son avance au fil des kilomètres. Victorieuse du Semi du Lion en 1h09’12’’, elle n’a fait qu’une bouchée Ruth Jebet, junior, championne du monde du 3000 mètres steeple, qui ne s’était jamais aventurée sur route et sur 10 km. Première nationale, Corinne Herbreteau s’est avérée satisfaite : « 34’33’’, il s’agit de mon meilleur chrono. Cela me met en confiance pour le Marathon de Paris »
Enfin, quid des autres membres de l’élite hexagonale. Si une partie d’entre eux ont dû renoncer pour raisons de santé, où sont passés les autres, qui autrefois ne manquaient pas ce rendez-vous ?
Texte : Christophe Rochotte
Photos : Yves-marie Quemener