Des nouvelles d’Anaïs Quemener
Dans le magazine n°254 de VO2 RUN (avril-mai-juin 2018), nous vous avions présenté Anaïs Quemener, cette aide-soignante en région parisienne, qui avait été sacrée championne de France de marathon en 2016, quelques mois seulement après avoir guéri d’un cancer du sein. Trois ans se sont écoulés depuis cette dernière rencontre, et nous avons voulu reprendre de ses nouvelles, surtout en cette période d’octobre rose.
À l’époque, Anaïs Quemener préparait son tout premier 100 kilomètres. Elle nous avait indiqué que son objectif était d’aller au bout, mais elle avait fait bien mieux que ça en prenant la seconde place, derrière Laurence Noël, en 9 heures 35 minutes et 54 secondes : « Faire un podium lors de mon premier essai c’était assez fou. Mon premier 100 kilomètres, c’était presque plutôt un défi qu’autre chose. Après de multiples opérations de reconstruction, j’avais beaucoup de mal à bouger les bras, et j’ai fait pas mal de kinésithérapie d’ailleurs. L’idée était que je voulais courir mais je ne pouvais plus forcer sur les bras, j’avais peu de vitesse alors mon père (également mon entraîneur) a lancé l’idée, du coup, je me suis laissée tenter, vu que j’ai toujours aimé les longues distances. C’était plus long, moins rapide, parfait pour ma reconstruction, et ça m’a permis de maintenir des objectifs étant donné que le 10km, le semi-marathon et le marathon étaient un peu compliqués. C’était une belle aventure, pleines d’émotions, de rencontres, de bienveillance. »
Pour autant, elle n’a pas délaissé le 42km. En 2019, sur le marathon de Paris, elle termine 10e féminine et 3e française en 2 heures 47 minutes et 53 secondes, sa meilleure performance encore aujourd’hui. C’est d’ailleurs cette distance qu’elle préfère « parce que la prépa est moins lassante, les séances sont plus rythmées, plus ludiques, et je peux m’amuser sur des allures plus sympas. Le 100 kilomètres j’adore ça en termes d’effort, mais ce n’est pas toujours simple d’apprendre à se brider. J’ai souvent envie de lâcher les chevaux et sur 100 kilomètres ce n’est pas possible ou ça va rarement au bout. C’est plus de kilomètres à l’entraînement, plus d’heures de travail, moins de sommeil…C’est une gestion totalement différente et tellement importante ».
D’ailleurs, elle ne s’entraîne plus avec le Tremblay AC. « Nous sommes partis car nous n’avions plus les mêmes attentes, les mêmes valeurs du sport et de la pratique de l’athlétisme de façon générale ». Avec Mathieu Leroux, ils ont fondé un nouveau club : « La Meute Running » a maintenant 1 an, nous sommes un jeune club associé à 2 fédérations FFA & FSGT. Ce club c’est la famille, on a tenté l’aventure avec le noyau dur de l’ancien club et on a recréé quelque chose de fou. Nous sommes maintenant près d’une quarantaine et de tous niveaux, toujours avec mon père Jean-Yves Quemener comme entraîneur. C’est une affaire qui roule ! Et c’est vraiment un pur plaisir de représenter les couleurs du club sur chaque évènement. »
Alors qu’elle avait les Championnats de France et les Championnats du monde de 100 kilomètres comme objectif en 2020, la pandémie l’a obligée à mettre de côté ses projets, et elle s’est consacrée à sa profession : aide-soignante à l’hôpital Jean-Verdier, à Bondy. « Je profitais comme tout le monde de l’heure et du périmètre autorisé, mais de toute façon, à ce moment tout était à l’arrêt, pas de course, de championnat, ni même de groupe d’entraînement donc on ne pouvait pas rater grand-chose… ».
Désormais, son rythme de vie est retourné à la normale avec l’entraînement la journée, et le travail de nuit : « Ça fait maintenant 5 ans que je travaille de nuit. Ce n’est pas toujours simple mais c’est un rythme à prendre, et qui je trouve dans l’ensemble me correspond plutôt bien. Je travaille 12 heures, de 19h à 7h, je rentre chez moi vers 8h, me couche vers 9h, m’entraîne entre 14h et 17h, puis je repars au boulot à 18h. Lorsque je suis de repos je peux m’entraîner normalement, le matin, le soir, ou parfois les deux. C’est une vie à 1000 à l’heure, mais je crois que j’aime ça. »
Ce mois d’octobre rose est comme chaque année particulièrement importante pour elle, et en tant marraine de l’association Casiopeea qui développe, soutient et accompagne des projets liant sport et santé afin d’aider les personnes fragilisées comme les nombreuses femmes atteintes d’un cancer du sein, elle poursuit de montrer « les bienfaits du sport sur le corps, avant pendant et après la maladie. De plus il faut savoir que l’activité physique réduit les risques de récidives, alors continuons ! ». Elle y est impliquée tout au long de l’année : « Je parle de l’association régulièrement, je mets en relation des femmes qui seraient intéressées pour se mettre ou se remettre au sport à la suite d’un traitement contre le cancer », et elle a participé au défi Paris-Bucarest lancé par l’association « Actuellement pour octobre rose Casiopeea réalise le défi Paris-Bucarest en relais. 20 femmes touchées par un cancer, partent un mois rouler tous les jours, de Paris à Bucarest. C’est un magnifique défi, un gros projet qu’elles vont réaliser ensemble en amont, du début à la fin. Elles peuvent être fières ! ».
En 2021, les courses ont repris, et Anaïs Quemener a de beaux objectifs arrivant très prochainement. Elle prépare actuellement les Championnats de France de 100 kilomètres qui auront lieu le 16 octobre prochain à Amiens, et où elle espère se qualifier pour les Championnats du Monde de 2022. Elle a également un marathon en vue, et plus particulièrement celui de Valence, où elle espère battre son record personnel.
Avant de la quitter, elle a souhaité nous partager un dernier témoignage : « J’espère que mon histoire saura aider ou guider certaines personnes qui luttent. Ne baissez pas les bras ! N’hésitez pas à contacter Casiopeea si l’aventure sport santé vous tente, et pourquoi pas La Meute Running, nous sommes ouverts à tous, il y a des groupes de niveaux et un plan spécifique est proposé en fonction des objectifs de chacun. De plus, l’ambiance est terrible ! »
Killian TANGUY