Yoann Kowal fait sa rentrée sur 1 500 m à Montbéliard
Yoann Kowal effectue sa rentrée estivale ce vendredi 5 juin lors du meeting de Montbéliard. Sur 1 500 m, le Périgourdin souhaitant retrouver ses qualités de miler dans l’optique de terminer vite sur 3 000 m steeple.
L’hiver en demi-teinte :
Dans le sillage du stage fédéral en Afrique du Sud en janvier, Yoann Kowal avait réalisé une intéressante rentrée à Karlsruhe sur 1 500 m (3’39’’22). La suite fut plus laborieuse, entre une deuxième place aux France Elite derrière Bryan Cantero, et des championnats d’Europe indoor à Prague manqués (éliminé en séries).
« J’ai été nul tactiquement, car mes séances étaient pas mal. Aux Elite, la gagne était jouable mais Bryan a été plus fort tactiquement (lire ici). Sur le 3 000 m, je ne sais pas pourquoi ça n’a pas marché (8’06’’73 à Mondeville le 7 février). C’est le point d’interrogation de l’hiver. Après on a fait qu’un 3 000 ». Peut-être le temps d’assimiler une charge de travail qui ne fut jamais aussi importante que lors du stage en Afrique du Sud ? Son coach Patrick Petit-Breuil n’a lui aussi pas trouvé d’explication.
Cap aux Etats-Unis :
Après Prague et une semaine off, le champion d’Europe du 3 000 m steeple s’est envolé début avril aux Etats-Unis. D’abord pour un stage fédéral de trois semaines à Colorado Springs, au centre olympique. Où il a côtoyé une quinzaine de jour durant l’inattendu champion olympique 2012 du 1 500 m Taoufik Makhloufi, désormais entraîné par le manager du demi-fond tricolore Philippe Dupont, ce qui a inévitablement fait parler dans le landerneau athlétique.
« Il y a l’image des médias et le reste. J’ai rencontré un mec qui est humainement très gentil. Un mec sympa. Après, l’image…Je n’ai rien caché mais je n’ai non plus rien mis en avant. Quoi dire de plus ? » glisse Yoann Kowal, qui s’est entraîné avec Taoufik Makhloufi alors que les autres Français initialement prévus étaient absents pour blessure (Mahiedine Mekhissi et Florian Carvalho ; Bouabdellah Tahri était en reprise et Nouredine Smail, s’entraînant sur place, leur a fait « découvrir les parcours »). « Le fait que Taoufik soit là m’a vraiment aidé sur le court. Je me suis pris des petites “torgnoles“, ça m’a fait du bien, ça m’a calmé » sourit-il.
Mammoth Lakes, « Font-Romeu puissance 10 »
Puis le Périgourdin a coupé une semaine avec l’altitude, redescendant à Los Angeles et opérant une sorte de césure dans sa préparation (séances sans doubler), tout en en profitant pour s’aérer l’esprit lors des Play-offs NBA entre les Clippers et les Spurs de San Antonio, en compagnie de sa fiancée, venue le rejoindre une grosse dizaine de jours. « Ce match était un bon moment, et c’était d’ailleurs assez impressionnant ».
Il est ensuite remonté trois semaines à Mammoth Lakes -lieu de stage d’abord déniché sur internet, avant de prendre contact avec Deena Kastor, recordwoman américaine du marathon, et son coach, qui gèrent en quelque sorte le complexe. « La piste est à 2 100 m. Je dormais à 2 400 m et il y avait des parcours à 2 700 m, soit bien plus qu’haut au Kenya. Ils nous ont donné l’accès à la piste, nous ont montré des parcours de footing etc… C’était super. Je crois que le site va plaire à certains Français. C’est un peu loin, mais le cadre est vraiment extra, c’est Font Romeu en puissance 10 » sourit-il. « Cela permet de découvrir un nouveau site dans le monde, et de changer les habitudes ».
Yoann Kowal était accompagné de Jeff Lastenet, kiné et titulaire d’un record à 1’45’’56 sur 800 m (2011). Un atout substantiel. « J’ai mis le budget pour prendre un kiné perso et mettre toutes les chances de mon côté. On a beaucoup bossé. On a parfois fait une heure de massage puis 45’-50’ d’étirements derrière. Le moindre pépin, Jeff était là. Rien n’était laissé au hasard et c’était vraiment cool de bosser avec lui ».
L’accent sur le 1 500 m :
A l’origine, Yoann Kowal aurait souhaité faire sa rentrée à Eugene, le 30 mai, sur le 3 000 m steeple. « Mais avec ma prestation aux Europe indoor, je n’ai pas eu d’arguments pour montrer mon état de forme » souligne celui qui a (enfin) trouvé un équipementier, avec la marque à la virgule. « Quand on m’a dit non, je n’ai pas réinsisté, car en réfléchissant, je pense que c’est mieux de commencer par un 1 500 ».
L’élève de Patrick Petit-Breuil escompte en effet retrouver son meilleur niveau sur la distance. « L’objectif est de faire les double minima, sur le 1 500 m et le steeple, sans ambition de doubler. En gros, je veux être l’un des meilleurs mondiaux du steeple sur 1 500 m ».
Traduction : être le ou l’un des steepleurs qui affiche l’une des meilleures références sur 15, et ce afin d’être en mesure de terminer le plus vite possible lors des grands championnats.
« Quand je faisais 3’33’’ (3’33’’75, son record établit en 2011), j’étais l’un des plus rapides, mais j’étais un peu loin sur le steeple (8’21’’66 l’année suivante, sans préparation spécifique). Là, le but est de courir aux environs des minima sur 15 (3’34’’50) ; ce qui ferait de moi un coureur redoutable sur une course tactique, mais aussi sur une course rapide » développe t-il.
« On a des objectifs de plus en plus élevés chaque année, et on se prépare pour ça » reprend le double champion de France du 1 500.
Il vise dans cette optique un chrono aux environs des 3’37’’ pour sa rentrée doubiste, avant d’enchaîner avec le meeting de Rabat (dimanche 14 juin) à l’occasion de sa rentrée sur steeple, puis les championnats d’Europe par équipes la semaine suivante (21-22). Il devrait de se rendre à Nancy (1er juillet, 1 500 m), avant le meeting Areva le 4 juillet (steeple normalement) et l’étape de Ligue de Diamant à Monaco (17 juillet ; 1 500 m), où il faut montrer patte blanche pour figurer sur la start list. Sacré programme en perspective.
« Ce sont surtout les voyages qui me font peur. Car j’ai bien travaillé pendant deux mois et je me suis mis ce qu’il fallait. J’ai parfois poussé mon corps à ses limites. Depuis que je suis rentré (jeudi 28 mai), je n’ai pas doublé. Je fais vraiment fait une semaine cool pour assimiler le travail et récupérer». Sa séance spécifique 1 500 effectuée lundi fut convaincante – « ça n’a rien à voir avec l’altitude, je respire » savoure t-il.
Seule interrogation, sa rentrée de Montbéliard peut coïncider avec le contrecoup lié à la redescente d’altitude (autour de 10 jours, en sus des neuf heures de décalage horaire qu’il faut ingurgiter). Montbéliard et Rabat la semaine suivante vont d’ores et déjà fournir des repères et baliseront le reste du chemin.
Le podium aux Jeux, le rêve :
Un chemin qui mène aux championnats du Monde de Pékin (22-30 août prochain). Huitième tout à sa joie du rendez-vous moscovite en 2013 (sa première place de finaliste dans un grand championnat), le Périgourdin ambitionne un top 5-top 6 en terre chinoise. Et lorgne surtout sur les Jeux de Rio en l’année prochaine.
« Tout cela doit me permettre de prendre de l’expérience pour les Jeux. L’objectif, c’est la médaille. C’est peut-être un peu inaccessible, mais si je me lève tous les jours et que je me prépare, c’est pour ça. C’est ce qui me motive. Il faut bien rêver pour y arriver et j’y crois ».
Un plateau de choix à Montbéliard.
Le meeting Boxberger, avec Laurent Fleury à la baguette pour monter le plateau, présente une très belle densité. Outre Yoann Kowal, on retrouvera ainsi sur 1 500 m Quentin Tison, leader du bilan continental chez les juniors, Guillaume Adam, Benjamin Pirès ou encore l’espoir finaliste aux Mondiaux juniors 2014 Alexis Miellet.
Romain Collenot-Spriet, désormais senior première année, fera ses débuts estivaux sur 3 000 m steeple dans une course où l’on retrouvera également l’espoir Djilali Bedrani. A domicile, Ophélie Claude-Boxberger prendra part elle aussi à son premier steeple de la saison, elle qui a réalisé un gros 2 000 m steeple mi-mai (6’24’’21). Figureront aussi dans cette course l’espoir Maeva Danois, Félix Fanjanteino, Cécile Chevillard ou encore Marie Bouchard.
Sur 800 mètres, Camille Laplace pourrait bien aller chercher les minima pour les Europe espoirs dans une épreuve relevée avec la présence de la Suissesse Selina Büchel, championne d’Europe indoor cet hiver. Clarisse Moh, Lisa Blameble et Estelle Perossier seront aussi à suivre, de même que Brice Leroy et l’espoir Nasredine Khatir chez les hommes.
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