Thierry Choffin analyse le parcours de Rénelle Lamote
L’entraîneur de Rénelle Lamote, Thierry Choffin, analyse le parcours de celle qui disputera la finale du 800 mètres ce samedi (19h15 ; 13h15 en France).
Voilà près de 19 ans et Patricia Djaté qu’une Française ne s’était pas qualifiée pour une finale planétaire sur 800 mètres (lire ici). Rénelle Lamote ne sera que la troisième Française à participer à une finale d’un tel niveau, JO et Mondiaux confondus. Son coach Thierry Choffin (lire son portrait ici), présent à Pékin, décrypte la semaine de la championne d’Europe espoirs.
Après les séries (lire le compte rendu ici) : « shopping gagnant »
« C’était très mauvais. Elle était très stressée, méconnaissable. Elle avait peur d’être une moins que rien en ne passant pas » souligne l’ancien sprinteur. Est-ce qu’il a fallu la remobiliser ? Thierry Choffin se marre. « L’après-midi suivant les séries était libre. On est allés faire du shopping. C’était du shopping gagnant. Elle a passé une super journée. Elle était relax. Elle avait le sourire et plus de stress. Je savais qu’elle allait courir à son niveau en demi-finale, même si elle aurait pu ne pas passer ».
Après les demi-finales (lire le compte rendu ici) : « maîtriser les évènements »
Changement de physionomie. « C’est une satisfaction que la course se soit déroulée comme on l’avait prévu. On ne voulait absolument pas recourir comme la série. Je lui avais dit de se mettre devant si la course était lente, pour éviter d’être dans le peloton car elle n’est pas bonne dans ce type de course. A Stockholm (où elle avait couru en 1’59’’39, son ancien record personnel, ndlr), elle s’est pris un stop au 500 m. Je lui avais dit de courir devant : au moins elle ferait une bonne course et il n’y aurait pas de regrets si ça ne passait pas. Elle devait relancer tous les 100 mètres et être bien placée aux 600 mètres. Je lui avais dit qu’elle serait sans doute en tête à ce moment là et qu’il faudra ensuite résister dans la dernière ligne droite (Lamote s’est qualifiée en 1’58’’86, record personnel et record de France espoir, ndlr). Après, Büchel (Selina Büchel, championne d’Europe à Zurich, 3e de la première série et éliminée) fait la même course dans la première demi-finale, sauf qu’elle n’est pas passée. La demi-finale de Rénelle était la plus ouverte ».
La vidéo de la demi-finale :
Thierry Choffin marque une pause et reprend. « Et puis c’est une coureuse offensive, qui court avec du panache, elle aime bien maîtriser les évènements ».
La finale (samedi à 19h15, 13h15 en France) : « une dernière ligne droite de la mort »
« L’objectif ? Je ne peux pas trop m’avancer » se marre Thierry Choffin. « En tout cas, elle ne sera pas dans l’optique de se dire : “je suis en finale, je profite de l’évènement etc…“ ». Des propos qui corroborent ce que disait son athlète hier (lire ici). Un podium est-il jouable ? « Je pense qu’elle en a les capacités. Mais elle peut aussi faire 7 ou 8. Si elle les jambes et la même niaque que lors de la demi-finale, qu’elle est bien remobilisée et que la configuration de course est favorable, pourquoi pas. Mais elle ne courra pas comme en demie. Car derrière, c’est très costaud ». Comment, alors ? « Elle aura une stratégie de course. Il faut qu’elle sache ce qu’elle a à faire. Mais je n’en dirais pas plus » sourit-il.
La capacité à enchaîner sera l’une des clés pour la sociétaire de l’Athlé Sud 77. « On ne sait pas comment elle va être physiquement. C’est comme un meeting Diamond League très relevé où elle arrive avec le 8e temps des engagées ». Et en sus deux tours dans les jambes, pour celle qui s’était imposée à Stockholm fin juillet (épreuve Diamond League, mais seule Arafi, qu’elle avait donc battue, figurera dans la finale).
Dans cette optique, le jour de repos, ce vendredi, pourrait être davantage profitable à Lamote qu’à ses concurrentes, étant donné son inexpérience à ce niveau là. « Ah oui, c’est vital ! Aujourd’hui, elle avait les jambes un peu dans le dur. Il faut qu’elle arrive à surmonter cette difficulté physique, qu’elle soit bien placée au 600 m pour faire une dernière ligne droite de la mort dont elle a le secret ».
Son championnat : « une nouvelle aventure »
Thierry Choffin avait déjà vécu des championnats du Monde, à Paris notamment en 2003 (lire ici). Mais pas à ce stade élevé de la compétition. « Je vois ça comme une nouvelle aventure. J’apprends plein de trucs, la gestion du décalage, les premiers jours quand on arrive etc…, y compris les petites erreurs à ne pas faire. Par exemple ? Rester un peu plus longtemps avec elle la veille de la course –ce n’est pas comme un championnat chez les jeunes -, pour la rassurer, qu’elle soit un peu moins stressée. C’est bien pour préparer les Jeux l’année prochaine » glisse Thierry Choffin. « Si je suis surpris ? Non, pas trop, car la finale était secrètement l’objectif. Je savais qu’elle pouvait faire moins d’1’59’’ ».
« Étonnamment, je n’étais pas plus stressé que çà. Mais même si je le suis, j’essaie de ne pas le montrer. Deux, trois membres de l’encadrement m’ont dit que j’étais assez serein. Mais ça l’est un peu moins à l’intérieur » se marre t-il. Sûr qu’à 13h15 samedi midi, le cœur battra un peu plus fort qu’à l’accoutumée…
La start-list : cliquez-ici.
A lire également : l’interview avant les championnats du Monde de Rénelle Lamote.