Présentation des France Elite
A deux semaines des championnats d’Europe d’Amsterdam, et, surtout, six semaines environ de l’ouverture des Jeux Olympiques de Rio, les championnats de France Elite se déroulent ce week-end (24-25-26) au stade du Lac de Maine (rebaptisé Josette et Roger Mikulak) à Angers.
Où les conditions s’annoncent (enfin) clémentes au stade Josette et Roger Mikulak (en mémoire de l’ancien président du comité départemental d’athlétisme, décédé en mars dernier ; il fut à la tête du cross du courrier de l’Ouest).
A moins que le maelström de scandales et d’affaires en tous genres (suspension prolongée des athlètes Russes pour les JO, arrestation de Jama Aden, coach entres autres de Genzebe Dibaba, qui était à l’aune de ses stratosphériques chronos -et oh grande surprise !- dans les radars de l’antidopage depuis de nombreux mois) ne viennent s’abattre sur l’Anjou. Mais météo France ne l’a pas prévu, et les athlètes devraient profiter de la petite vingtaine de degrés et de la quasi absence de vent pour « perfer », alors qu’il se pourrait donc qu’il y ait un peu plus de place dans certaines épreuves à Rio…à condition d’y être qualifié !
Car en cette année olympique, et avec les championnats d’Europe mi-juillet, désormais organisés tous les deux ans depuis 2012, il faut s’affranchir très tôt des minima, au risque de se voir fermer le portillon olympique. C’est ainsi le cas de Florian Carvalho et de Morhad Amdouni, à qui ils ne manquent quatre et six petits dixièmes sur 1 500 m (minima à 3’35’’00). La gageure consiste donc à placer les séances d’entraînement et à trouver les meetings idoines, entre les France et les Europe, pour réaliser ces fameux minima…
Le meeting Herculis, à Monaco le 15 juillet, toujours propice à aller vite ? Eh non, trop tard (et on se demande bien comment cela est possible) ! Car la liste complémentaire des athlètes qualifiés sera publiée le 11 juillet, et que « la Commission Consultative de Sélection Olympique (CCSO) proposera le 13 juillet 2016 la liste des athlètes à inscrire au Bureau Exécutif du CNOSF (Comité Olympique National Olympique Français, qui enregistre les inscriptions, ndlr) » comme il est précisé sur les modalités de sélection.
Il existe une autre possibilité : celle de passer outre les minima (« niveau de performance requis » dans le langage fédéral), comme cela est précisé dans les modalités (*), ce que les responsables de la natation tricolore ont choisi de faire à l’issue des championnats de France en avril : peu de nageurs avaient réussi à réaliser des minima très exigeants, et la sélection a été in fine très élargie (pour la cohérence, on repassera…).
A noter qu’une autre solution aurait pu (dû ?) être envisageable : celle de requalifier des minima indexés sur un niveau mondial gangréné par le dopage (et la corruption), comme les affaires en cours nous le montre derechef. Ce que la Fédération belge vient de faire très récemment pour les Europe d’Amsterdam (lire ici) –pour Rio, le comité olympique et interfédéral belge (COIB) avait aussi choisi d’aligner les minima du marathon sur ceux de l’IAAF (2h17’ et 2h42’) au lieu de durcir ses critères comme à Londres (2h09’45’’ et 2h27’) et six marathonien(ne)s seront en lice au Brésil…contre la seule Christelle Daunay pour la France -alors que les minima olympiques mis en place la Fédération allemande et son comité olympique sont aussi plus accessibles que par le passé.
Eh oui ! On ne lutte pas contre le dopage qu’avec le seul et unique volet répressif…
Du (beau) monde en demi-fond
Pour revenir aux championnats de France, passage obligé vers les championnats internationaux estivaux, ils promettent de belles courses, notamment en demi-fond.
Sur 800 mètres, on retrouvera ainsi Rénelle Lamote, finaliste aux Mondiaux de Pékin en 2015 et 4e au bilan mondial et qui a franchi un nouveau cap cet été en dépit d’une préparation retardée, et Justine Fédronic, toutes deux qualifiées pour Rio. Avantage à la première, championne de France en 2014 et qui cherchera à retrouver « son » titre (elle avait glané le titre aux Europe espoirs l’an passé, organisés concomitamment aux France). Clarisse Moh pourrait jouer les trouble-fêtes (2’01’’65 à Nivelles le 18 juin).
Le 2e place de Rénelle Lamote à Birmingham début juin, nouveau record personnel à clé (1’58’’01)
https://www.youtube.com/watch?v=BmKRkMW3GSI
Chez les hommes, Pierre-Ambroise Bosse part évidemment favori, lui qui s’est offert le scalp de David Rudisha à Stockholm (2e de la course), dix jours après l’avoir talonné sur 600 m à Birmingham (1’13’’21, 3e perf de tous les temps). Celui qui a remporté sa premier Ligue de Diamant à Rabat fin mai va t-il emmener sur son porte-bagage certains Tricolores vers Amsterdam (minima à 1’46’’00 ; 1’45’10’’ pour les Jeux) ? En 2014 à Reims, il avait claqué 1’45’’47 en solo, et 1’46’’69 l’an passé à Lille dans le sillage d’un gros dernier tour et trois jours après avoir fléchi à Lausanne (lire ici).
Le 600 m de Pierre-Ambroise Bosse à Birmingham
https://www.youtube.com/watch?v=XnliCgax5OM
Ça risque en tout cas de se bousculer pour prendre sa roue, entre (dans l’ordre du bilan et à supposer que tous ces coureurs passent l’écueil des séries) Sofiane Selmouni (1’46’’39), Brice Leroy (1’46’’47), Nasredine Khatir (1’46’’49), Samir Dahmani (1’46’’66) et Paul Renaudie (1’46’’70).
Joli steeple en perspective avec Maéva Danois, qui a réalisé les minima pour Amsterdam. La lutte pour le titre et le podium s’annoncent palpitantes avec Marie Bouchard (9’45’’69), Aisse Sow (9’52’’24), Claire Perraux (9’55’’77) et la tenante du titre Ophélie Claude-Boxberger (9’58’’49), alors que la médaillée de bronze aux Europe espoirs Emma Oudiou a mis fin à sa saison en raison de « soucis de santé », a t-elle indiqué sur sa page Facebook.
Le 1 500 m masculin devrait également régaler au regard de la densité à moins de 3’40’’. Florian Carvalho semble avoir une marge fort de son chrono (3’35’’39) et de son expérience (triple champion de France 2011, 2012 et 2013, 2e derrière Mahiedine Mekhissi en 2014, forfait car blessé l’an dernier) alors qu’il faudra jouer des coudes pour se hisser sur le podium, a fortiori si la course est tactique, comme à l’accoutumée.
Un podium pour lequel Bryan Cantero (3’37’’03, minima pour Amsterdam), les espoirs Alexandre Saddedine (3’38’’86) et Quentin Tison (3’39’’60), Martin Casse (3’39’’17, son portrait ici) ou encore Guillaume Adam (3’39’’96) sont candidats.
Tenant du titre et deuxième au bilan, Morhad Amdouni (3’35’’58) ne participera pas au 1 500 m mais, fort de ses 13’22’’64 réalisés à Stockholm (minima pour Amsterdam), il viendra relever la densité d’un pauvre 5 000 m tricolore (témoin les 14‘28’’15 de François Barrer, dernier qualifié, un tel chrono aurait été à peine suffisant pour rallier les France Nationaux il y a quelques années…).
Heureusement, il semble que les juniors prennent la relève, dans la foulée de Jimmy Gressier et Fabien Palcau, qui ne seront pas au départ demain du 5 000 m (ils disputeront mi-juillet les Mondiaux juniors). A suivre également l’espoir rennais et étudiant américain Arsène Guillorel (13’53’’85 outre Atlantique).
Une semaine après sa troisième place aux France de 10 km, Samira Mezeghrane-Saad possède le meilleur chrono français des engagées côté féminin (16’05’’61, l’Erythréenne Mekdes Woldu a couru en 15’59’’65).
Yoann Kowal, 8’17’’83, va-t-il inquiéter le double médaillé olympique Mahiedine Mekhissi sur le steeple ? Ce dernier, de retour de blessure, a réalisé les minima pour Rio début juin à Montbéliard (8’20’’10), avant d’abandonner six jours plus tard à Montreuil sur 1 500 m. Pas aisé de savoir exactement où il en est.
A suivre aussi Djilali Bedrani, 8’28’’14 au compteur, minima pour Amsterdam en poche, et Louis Gilavert, qualifié pour les Mondiaux juniors et qui pourrait bien s’attaquer au record de France de la catégorie actuellement détenu par…Djilali Bedrani (8’42’’67 et 8’43’’53)
Elodie Normand, qui a claqué un étonnant 4’10’’15 (cinq secondes de mieux que son précédent record, et à 25 centièmes des minima pour Amsterdam) défendra son titre sur 1 500 m, face notamment aux deux sociétaires de l’Athlé Sud 77 Johanna Geyer Carles et Aurore Fleury (4’15’’ toutes les deux), qui avait terminé derrière la sociétaire du Sco Ste Marguerite Marseille cet hiver à Aubière.
Les têtes d’affiche bleues au rendez-vous
Les têtes d’affiche bleues seront toutes présentes : la vice-championne du Monde 2013 Mélina Robert-Michon au disque (auteure d’un probant concours à Stockholm avec 64,96 m en perf de pointe), la médaille de bronze à Pékin Alexandra Tavernier, qui vient de réaliser les minima pour Rio (72,16 m), bien sûr Renaud Lavillenie à la perche, qui dans des conditions climatiques enfin clémentes, pourrait bien aller quérir la meilleure perf mondiale de l’année(5,92 m pour Sam Kendrics ; 5,83 m actuellement pour le champion olympique de Londres), Jimmy Vicaut, leader des bilans mondiaux sur 100 m (9’’86) et qui doublera avec le demi-tour de piste où il visera les minima (20’’30 ; 20’’53 au premier tour des Interclubs dans la fraîcheur et vent dans le nez), dans une épreuve où il retrouvera Christophe Lemaitre (qui doublera lui aussi avec le 100 m, où il escompte réaliser les 10’09’’ qualificatifs pour Rio – 10’’14 à ce jour) mais aussi Mickael-meba Zeze, qui a claqué un très bon 20’’49 aux championnats méditerranéens espoirs.
Sans oublier Floria Gueï (son ITW à lire dans le nouveau VO2 Run actuellement en kiosques) grande favorite sur le tour de piste (Marie Gayot est pour l’instant en retrait), le 110 m haies (avec Pascal Martinot-Lagarde, Dimitri Bascou, Aurel Manga, Simon Krauss et Wilhem Belocian mais pas Garfield Darien), Teddy Tamgho en quête des minima au triple saut (16,80 m pour l’instant, minima réalisés par Harold Correa avec 17,08 m), Romain Barras et Kévin Mayer au décathlon (le premier a réussi le niveau de performance pour Amsterdam ; le second pour Rio et ils ne devraient disputer que quelques épreuves) ainsi que Yohann Diniz (qui devrait doubler 20 km et 50 km marche à Rio), Kévin Campion et Emilie Menuet sur 5 000 m marche (et non plus sur 10 000 m comme l’an passé), tous deux qualifiés pour le 20 km olympique.
Bonne initiative à souligner, les deux épreuves marches sont pleinement intégrées au programme (17h15 samedi pour les femmes ; 14 heures dimanche pour les hommes), alors qu’elles avaient lieu d’habitude en tout début de programme le samedi matin, devant un stade sonnant creux.
(*) Pour toutes les spécialités :
« Au-delà du niveau de performance demandé ci-dessous et dans le respect des critères fixés par l’IAAF et de la participation aux championnats de France Elite 2016, le DTN se réserve la possibilité de présenter au Comité de sélection une liste d’athlètes qui prendra, notamment en compte, les critères suivants (liste non exhaustive), critères qui serviront d’aides à la décision :
– la place au championnat de France Elite du 24 au 26 juin 2016,
– le résultat obtenu lors des championnats du monde de Pékin 2015,
– la place aux championnats d’Europe 2016,
– les résultats obtenus lors de confrontations directes entre sélectionnables,
– la régularité au niveau des performances de l’athlète
– le rang mondial au 10 juillet 2016, un athlète dans le top 16 mondial, à 3 athlètes par pays, sur www.all-athletics.com et/ou www.iaaf.org, dans sa spécialité, sera prioritaire parmi les places restantes
– le comportement de l’athlète en cohérence avec les valeurs de l’équipe de France.
Il est précisé que la sélection se fera sur la base de 3 athlètes hommes et de 3 athlètes femmes au maximum par spécialité. »
Tous les engagés des championnats de France Elite : cliquez-ici.
Les horaires : cliquez-ici.
Texte : Quentin Guillon.
Photos : Jean-Marc Mouchet.
Actualisation : Yoann Kowal, « touché au mollet » comme il l’indique sur sa page facebook, a finalement déclaré forfait pour les Elite.