Pierre-Ambroise Bosse : « faire un gros truc aux Jeux »
Cinquième des Mondiaux à Pékin en août dernier, Pierre-Ambroise Bosse a prévu deux sorties hivernales. Son unique objectif : les Jeux Olympiques de Rio.
Le week-end dernier, Pierre-Ambroise Bosse a fait un saut par le cross Sud Ouest à Gujan-Mestras (il est licencié à l’UA Gujan-Mestras). Mais ne vous y méprenez pas ! Non, le champion d’Europe espoir 2013 n’a pas chaussé les 9 ou 12 millimètres (plutôt 9, à Gujan), ni épinglé de dossard, . Tout juste en a t-il signés…à des gamins énamourés. Car, à la différence de Rénelle Lamote, le cross et Pierre-Ambroise Bosse, ça fait deux (voire trois).
« J’ai fait un fartlek (20 novembre) dans de la boue vendredi…et je n’ai pas trop apprécié » se marre celui dont le dernier cross remonte aux France sur le court en 2012 dans le cloaque de La Roche-sur-Yon…où il avait abandonné. Depuis, c’est rideau !
Toujours est-il qu’il a profité de ce week-end girondin pour passer un peu de temps avec sa famille et ses potes du lycée.
Le Nantais de naissance s’est aussi posé quelques instants pour revenir sur sa saison 2015, avant de se projeter vers l’année à venir. Cruciale, avec les Jeux Olympiques de Rio qui se rapprochent déjà à grand pas.
Une année 2015 en deux temps
Après la claque reçue à Zurich, suivie peu après la reprise de l’entraînement il y a maintenant un an d’une discussion très animée avec son coach Bruno Gajer, Pierre-Ambroise Bosse a douté. « J’ai vécu cette année une période difficile émotionnellement et sportivement. Je pense que Zurich m’a mis un gros coup. Et les histoires avec Bruno et ma famille sont des choses que j’ai vécues difficilement ».
Sans compter que, dans le même temps, une blessure à l’insertion des ischio-jambiers est venue ralentir sa préparation – il avait ainsi fait une croix que les Europe indoor.
« Zurich a eu une grande influence sur ma blessure » estime t-il après-coup. « C’est une douleur qui a énormément évolué, qui est passée du stade tendineux (péri tendinite) puis osseux. L’œdème osseux est ensuite parti assez vite. En plus, c’est une zone à côté du nerf sciatique, on peut se faire peur à certains moments. C’est maintenant une fibrose, donc c’est musculaire. Ce n’est plus du tout grave et je peux m’entraîner sans que çà lâche » explique t-il.
Le recordman de France du 800 m (un monstrueux 1’42’’53 à Monaco en juillet 2014) a connu des performances erratiques en 2015. « De mai à juillet, je n’étais pas nul, mais je valais 1’43’’ » souligne t-il. Un 1’43’’ (88 à New York en juin) qu’il a d’ailleurs réalisé et qui n’est en rien honteux . « Oui, mais dans la douleur » tient-il à corriger.
Cependant, « les trois dernières semaines de préparation ont été exceptionnelles et j’ai quasiment retrouvé mon niveau de 1’42’’. J’ai fait les Mondiaux très en forme. Par rapport à mon année, ces Mondiaux étaient très satisfaisants ».
Outre l’entraînement, son hiver se résumera à deux sorties : un 600 mètres, comme il y a trois ans (1’15’’63 à Moscou, 7e homme de tous les temps sur la distance), ainsi qu’un double tour de piste (enfin quadruple). Sur ce 800, « Bruno ne voulait pas trop, mais il m’a dit : “Si ça te fait plaisir“. J’ignore où ça sera, mais je ne veux pas faire de gros décalage, donc ça ne sera pas New York ».
Spécifique et vitesse
Il compte cette saison mettre l’accent « sur le spécifique et la vitesse. Ce que je n’avais pas fait l’année dernière. J’avais une belle faiblesse jusqu’au mois de juillet. Je n’étais pas forcément en confiance sur le spécifique, c’est pour çà que mes chronos n’ont pas été exceptionnels cette année. J’avais par contre énormément bossé la caisse. C’est déjà en train de se retranscrire dans les fartleks. Maintenant, je ne « saute » plus ».
Pépin physique oblige, la vitesse a été réduite à la portion congrue la saison dernière. « J’étais moins fort en sprint. Mon objectif est de valoir 45-45’’5 (sur 400 m ; il n’en disputera pas pour autant en compétition) cette année pour pouvoir repasser en 50 (à la mi-parcours de son 800 m) à l’aise ».
Les championnats d’Europe (Amsterdam) baliseront le chemin vers Rio, avec deux courses tactiques (1) toujours très utiles pour engranger de l’expérience en championnats.
Les JO arriveront ensuite très vite. A Londres en 2012, Pierre-Ambroise Bosse avait tenté d’entrer par effraction dans le concert mondial (demi-finaliste). A peine quatre plus tard, il en connaît les codes et les mots de passe, et sera un candidat au podium…
(1) Demi-finale et finale, les douze premiers au bilan européen seront exemptés de séries.
Photo de une : Eh oui ! Mois de novembre oblige, Pierre-Ambroise Bosse a laissé poussé la moustache (Photo Q.G)