Mondial de Moscou : Edna Kiplagat conserve son titre, devant l’Italienne Valeria Straneo
L’Italienne Valeria Straneo a créé une énorme surprise pour ce marathon du Championnat du monde. A 37 ans, elle réussit un énorme exploit, en prenant la tête de la course dès le démarrage pour ne plus la quitter quasiment jusqu’à l’arrivée, supplantée dans les ultimes kilomètres par la Kenyane Edna Kiplagat, qui conserve ainsi son titre de championne du monde en titre.
37 ans, un palmarès blanc comme neige, avec une seule embellie, un record à 2h23’44 établi l’année dernière à Rotterdam. L’Italienne Valeria Straneo avait tout pour passer inaperçue au milieu de la liste des 72 participantes de ce Championnat du monde.A tel point que personne n’a probablement pris au sérieux son démarrage très précoce, qui la plaçait en tête du peloton, pour écrire un scénario tellement improbable dans un tel rendez-vous, celui de mener de bout en bout ce marathon. Mais au 25ème kilomètre, atteint en 1h26’36, Valeria Straneo demeure toujours aux avant-postes, suivie comme son ombre par l’Ethiopienne Meselech Melkamu, qui a été la première à lui emboîter la foulée, par la Kenyane Edna Kiplagat, la championne du Monde en titre, et par la Japonaise Kayoko Fukushi.
Il est plus que temps de s’intéresser à cette surprenante Italienne! Pour découvrir qu’elle a couru 7 marathons depuis 2006, et que ses performances se sont envolées depuis le marathon de Berlin en 2011 qu’elle court en 2h26, avec surtout une explosion au printemps 2012 lorsqu’elle boucle Rotterdam en 2h 23’44’’, soit le nouveau record d’Italie.La cause de cette métamorphose serait à trouver du côté de sa rate et de sa vésiculaire biliaire, cette mère de deux enfants en a subi l’ablation en 2010, et le retrait de cet organe pesant 1.8 kg l’aurait alors libérée: «C’était comme la naissance d’un 3ème fils. Depuis, j’ai vécu une résurrection» Et c’est allégée de ce fardeau qu’elle aurait pu impulser cette progression forte qui l’a amenée à ce niveau pour son premier Championnat du Monde, après avoir terminé 8ème aux Jeux Olympiques de Londres. Peu après le 30ème kilomètre, l’Ethiopienne Melkamu est contrainte à lever le pied, elle disputait son premier mondial sur marathon, distance qu’elle n’avait couru que deux fois, après une brillante carrière en cross ponctuée par 5 fois une médaille de bronze au Mondial, et elle abandonnera après le 35ème km. Il ne reste plus alors qu’une lutte entre deux femmes déterminées, l’Italienne Straneo et la Kenyane Edna Kiplagat, qui n’a pas dissimulé son envie de briller à Moscou pour faire oublier son échec des Jeux Olympiques de Londres, où malade, elle n’a terminé que 20ème.A 34 ans, Edna Kiplagat affiche, elle, un palmarès très dense. 1ère à Los Angeles. 1ère à New York. Trois fois dans le TOP 3 à Londres, la référence ultime.
A côtoyer les meilleures dans les plus grosses épreuves mondiales, elle a indéniablement acquis la science du marathon…C’est ainsi qu’elle va se caler dans la foulée de l’Italienne, qui démontre, elle, une force de concentration exceptionnelle, capable de demeurer stoïque avec cette poursuivante ainsi calée dans ses jambes. Mais Valeria Straevo demeurera tétanisée quand Edna Kiplagat se décide à placer une brutale accélération après 2h 19’ de course, et la Kenyane déploie une foulée aérienne et puissante pour se propulser vers la ligne d’arrivée en 2h 25’44 alors que Valeria Straevo finit en 2h 25’58. Un niveau de performance exceptionnelle!Au 35ème kilomètre, Carmen Oliveras est 33ème en 2h 16’, à 15 minutes de la tête.
Texte Odile Baudrier Photo Gilles Bertrand