Mahedine Mekhissi, quatrième sur le fil et voit son appel rejeté ; Kowal chute
En dépit d’un impressionnant retour, Mahiedine Mekhissi a échoué à quelques centièmes de la médaille de bronze, mardi soir en finale du 3 000 m steeple. Yoann Kowal, 13e, est tombé, et n’a pu défendre pleinement ses chances.
Cette fois, Mahiedine Mekhissi ne bénéficiera pas d’un (malvenu) coup de pouce. L’an passé, à Rio, arrivé en quatrième position, il s’était pourtant emparé de la médaille de bronze, posant réclamation après avoir vu le Kényan Ezekiel Kemboï empiéter de quelques centimètres la ligne intérieure.
Hier soir, le triple champion du Monde et double champion olympique kenyan s’est fait sauter la cafetière, tentant de suivre la grosse accélération de l’Américain Evan Jager, avant de prendre la 11e place. Pour Mahiedine Mekhissi il restait cependant encore trois hommes devant.
La délégation française a toutefois tenté un bis repetita. Un communiqué de l’IAAF publié après minuit nous apprenait ainsi que le jury d’appel avait rejeté la demande de disqualification de l’équipe de France à l’encontre d’Evan Jager, qui aurait à deux reprises franchi la ligne intérieure après le passage de la rivière. Si le jury souligne que l’Américain a bien franchi la ligne, il n’en a pas retiré « un avantage matériel ». Kemboi non plus ne semblait pas avoir bénéficié d’un quelconque avantage il y a un an. Bref, la cohérence des jurys, parfois…
Kipruto remporte le 3 000 m steeple ! Mekhissi échoue au pied du podium pour un rien ! #London2017 #athlétisme pic.twitter.com/YNvveoQgMB
— France tv sport (@francetvsport) August 8, 2017
Mais, plus globalement, même s’il faut garder à l’esprit que Mekhissi avait été disqualifié pour avoir enlevé son maillot en 2014 à Zurich alors qu’il avait remporté sans sourciller le titre continental, et qu’il doit en conserver encore une certaine injustice, cette réclamation ne fait pas honneur au flegmatique fair play so british.
Ceci dit, quand il s’agit de médailles et de renommée internationale, nos chers amis britanniques savent aussi s’asseoir sur leur très chère notion de fairplay et de « Sorry, Good Game », à l’image de multiples décisions prises lors des Jeux Olympiques de Londres disputées at home.
Yoann Kowal : « Je ne peux m’en prendre qu’à moi-même »
Revenons toutefois au 3 000 m steeple. 21h10 à Londres. Comme pour montrer à ses adversaires qu’il faudrait compter sur lui (et peut-être aussi pour se rassurer lui-même), Mekhissi se plaça d’emblée en tête. Puis c’est le Kényan Jairus Birech qui prit les choses en main. 2’51’’81 lors du premier kilomètre, soit des bases de 8’33’’, rien de délirant.
Mekhissi s’était de son côté laisser glisser en fin de groupe, position que Yoann Kowal occupait depuis le début. Mais à l’instar du vélo, il sied souvent d’être placé aux avant-postes. « Je n’étais pas acteur de la course, je ne voyais rien quand je passais les obstacles. J’ai donc voulu me replacer ». C’est à ce moment précis qu’il heurta une barrière, annihilant de fait ses chances de peser sur la course. « Je ne peux m’en prendre qu’à moi-même » regrettait Kowal après coup, finalement 13e en 8’34’’53.
Devant, l’Américain Evan Jager n’avait cure des déboires du Périgourdin. Il décida de secouer le cocotier, en plaçant une accélération progressive, se détachant à une borne du but avec les Kényans Ezekiel Kemboi et Conseslus Kipruto (champion olympique à Rio) ainsi que le Marocain Soufiane Elbakkali, très régulier cette saison.
De son côté, Mahiedine Mekhissi se trouvait au sein du second groupe, à une bonne dizaine de mètres du premier, en donnant l’impression d’être émoussé.
Mahiedine Mekhissi : « Spectateur de la course »
Alors que Jager poursuivait sur son train d’enfer, avant d’être débordé par Kipruto à deux cent mètres du but (ce dernier s’est imposé en 8’14’’12 devant Elbakkali, 8’14’’49) le triple médaillé olympique français tenta pourtant d’opérer la jonction au prix d’un dernier tour diabolique, échouant à 27 centièmes de Jager, 8’15’’80 contre 8’15’’53.
Sur le coup, on se dit que l’équipe de France, un jour après la 4e place de Garfield Darien pour deux petits centièmes, était escorté à Londres par une sacrée scoumoune, d’autant que Renaud Lavillenie se trouvait à un essai d’être éjecté du podium.
« J’ai commis pas mal d’erreurs. Je trouve que j’ai été spectateur de la course. Je n’ai pas été comme d’habitude, j’ai pas mal regardé mes adversaires alors que j’étais bien. On voit mon état de forme à 400 mètres de l’arrivée. J’aurais aimé être au contact avec eux et faire le sprint avec les gars, mais j’ai laissé faire. J’ai été spectateur. Je reviens mais c’était trop tard » réagissait Mahedine Mekhissi.
Devant lui en zone mixte, sur les écrans de télévision, Pierre-Ambroise Bosse venait de prendre la finale du 800 mètres à son compte, estomaquant tout son monde. Quelques instants plus tôt, Renaud Lavillenie franchissait 5,89 mètres, glanant ainsi la médaille de bronze.
La tendance sembla alors s’inverser pour l’équipe de France. Et pas besoin de réclamation pour cela…
Les résultats du 3 000 m steeple : cliquez-ici.
Texte : Quentin Guillon.
Photos : Getty Images for IAAF.