Des France Elite indoor à la carte
Comme l’an passé, les championnats de France Elite indoor se déroulent ce week-end (27 et 28 février) au Stadium Jean Pellez, à Aubière près de Clermont. Présentation.
Passage par les France Elite indoor ou pas? A fortiori en année olympique, les stratégies diffèrent d’un athlète à un autre. Pour certains, une ou deux sorties indoor suffisent à baliser le chemin vers le grand barnum brésilien ; d’autres (ils ne sont pas pléthore dans ce cas) disputent l’intégralité de la saison hivernale menant vers les Mondiaux de Portland (17-10 mars) ; alors que l’équation pour les demi-fondeurs comportent une variable supplémentaire avec la possibilité de s’ébrouer dans les labours. Bref, ces France indoor sont, plus encore qu’à l’accoutumée, à la carte.
A l’instar des France 2015, c’est Renaud Lavillenie qui régale. D’aucuns commençaient à s’alarmer devant le début de saison en demi-teinte du chef étoilé clermontois. De là à en perdre un macaron sur sa toque ?! Sûrement pas. Remis d’aplomb après plusieurs pépins physiques, le champion olympique s’est rassuré le week-end dernier à l’occasion du All Star Perche, toujours à domicile (mais à la maison des sports), où il a repris la meilleure performance mondiale de l’année au champion du Monde Canadien Shawn Barber, grâce à un saut à 6,02 m. Avant de tenter d’améliorer son propre record du Monde d’un centimètre. Sans y parvenir, mais ses tentatives (notamment la troisième) furent convaincantes.
Il y a tout juste un an, il avait (forcément) glané le titre, avec un saut à 6,01 m, avant de s’attaquer à 6,18 m. Samedi, on subodore que l’inextinguible gargantua de l’athlé tricolore, champion du Monde indoor 2012 et qui veut retrouver son spectre à Portland (en 2014, il avait dû déclarer forfait après s’être blessé en tentant 6,21 m dans la foulée de son record du Monde), mette une nouvelle fois les petits plats dans les grands…
Un des temps forts de ces championnats sera l’alléchant duel entre le tout nouveau recordman de France du 60 m haies Dimitri Bascou (7’’41) et le champion d’Europe indoor Pascal Martinot-Lagarde, auteur d’une probante rentrée dimanche à Metz (7’’49).
En demi-fond, Camille Laplace (2’05’’82 cet hiver) sera favorite pour le titre sur le demi-tour de piste –la finaliste mondiale (et tenante du titre) Rénelle Lamote a fait l’impasse sur la saison indoor- alors que la victoire devrait se jouer avec la Béninoise Noélie Yarigo (qui ne peut donc prétendre au titre de championne de France ; 2’04’’29 cet hiver).
Un 1 500 m féminin dense
Grande tablée et joli 1 500 mètres en perspective avec la championne de France estivale Elodie Normand (2e l’an passé derrière Claire Perraux), l’espoir Johanna Geyer-Carles, de retour progressivement à son meilleur niveau, l’Angevine Elodie Mathien, Caroline Maamouri ou encore Aude Korotchansky, plus habituée au double tour de piste, ce qui pourrait lui profiter en cas de course tactique.
Au niveau national, Claire Perraux a le coup de fourchette aiguisé et semble bien partie pour engranger son 12e titre hexagonal. Elle devra toutefois se méfier de l’espoir Emma Oudiou, ainsi que de Marie Bouchard, tout juste passée senior (toutes deux furent médaillées d’argent par équipes aux Europe de cross espoirs). Fanny Pruvost est aussi une candidate crédible au podium.
Côté masculin, le 5e mondial (à Pékin aux Mondiaux mais aussi au bilan hivernal) Pierre-Ambroise Bosse ne sera pas présent, comme prévu, après ses deux probantes sorties de l’hiver (notamment 1’46’’25 à Karlsruhe). Ni Paul Renaudie, vainqueur en 2014 et 3e l’an passé, après deux bonnes sorties (il sera en lice aux France sur le cross court, lire ici). Ni le champion de France en titre Brice Leroy, ou encore l’espoir Léo Morgana. La course au titre s’annonce de fait très ouverte (le junior Marocain Mostaf Smaili, qui a couru en 1’46’’50, et l’Algérien Khaled Benmahdi, 1’48’’18, possèdent les deux meilleurs temps d’engagement et joueront les trouble-fêtes) alors qu’il faudra passer au préalable l’écueil des séries. Dans ce contexte, Kévin Gobillard pourrait tirer son épingle du jeu.
Hassan Chahdi sur 3 000 m
Gros 1 500 m en perspective avec Alexandre Saddedine (sans doute émoussé à Metz dimanche dernier mais auteur d’un probant hiver), le spécialiste du 800 m Sofiane Selmouni, Samir Dahmani, également très performant sur le double tour de piste, sans oublier Martin Casse. A suivre aussi le très prometteur junior Mohamed-Amine El Bouajaji (en or par équipes aux Europe de cross de la catégorie), qui a couru en 3’46’’96 cet hiver, et que les inspecteurs du Guide Michelin suivent avec une attention toute particulière.
Michelin, justement, aussi fameux fabriquant de pneumatique dont le siège social est sis à Clermont. Quel grip enfilera aux pieds Hassan Chahdi, champion de France en titre sur le 3 000 m, et qui n’a pas couru en indoor cet hiver ? Les pneus été, visiblement très usés à l’aune de ses saisons estivales décevantes, ou les pneus hiver, à l’évidente adhérence à l’image de son triplé l’an passé France indoor – France de cross – semi de Paris ? Toujours est-il qu’il rechaussera vite les cloutés la semaine suivante aux France de cross, où son duel programmé avec Morhad Amdouni fait déjà saliver les papilles.
Les Marocains Youness Essalhi et Youssef Jaadi (son portrait ici) ont tous les deux couru sous les 8’ et figureront aux avant-postes. Benjamin Pirès devrait être un sérieux rival pour Hassan Chahdi, alors que Dijali Bedrani et Mohammed Moussaoui sont des candidats au podium, de même que Guillaume Adam, s’il a retrouvé un peu de jus après un hiver un peu en retrait.
La relève française sur la marche affûte ses couteaux. Le titre sur le 5 000 m se jouera entre les espoirs Fabien Bernabe, Jean Blancheteau et Axel Mutter, trio arbitré par Xavier le Coz, alors qu’il y aura un invité de marque en la personne de Robert Heffernan (licencié au Spn Vernon). Le champion du Monde irlandais 2013 du 50 km devrait dynamiter la course (il possède plus d’une minute de marge, mais ne pourra donc pas empocher le titre).
Teddy Tamgho, l’invité surprise
A suivre également Carole Zahi sur 60 m (7’’21 cet hiver, minima pour les Mondiaux), de même que Stella Akakpo, uniquement en lice sur le 200 m (elle a claqué à Metz un très probant 7’’12, 6e perf mondiale de l’année, mais ne prendra pas part aux Mondiaux indoor), Marie Gayot sur 400 m (Floria Gueï sera présente uniquement en spectatrice), un duel entre Sandra Gomis et Cindy Billaud sur 60 m haies, alors que les espoirs Rougui Sow à la longueur et Rouguy Diallo au triple saut partent favorites, à l’aune des bilans hivernaux.
Pour Christophe Lemaitre, ce sera entrée-plat (ou plat-dessert, c’est selon) puisque le triple champion d’Europe 2010 doublera 60 m (Jimmy Vicaut a fait l’impasse sur l’indoor) et 200 m (l’Aixois est leader des bilans mondiaux indoor avec ses 20’’44), alors que Raihau Maiau sera le favori à la longueur. Au triple saut, on retrouvera le champion d’Europe Benjamin Compaoré, et le champion du Monde 2013 Teddy Tamgho, engagé de toute dernière minute et qui fera son retour à la compétition après sa rupture du tendon d’Achille gauche à Doha en mai dernier. Soit un dijo de caractère pour digérer les agapes.
Enfin, beau duel à suivre entre les espoirs Victor Coroller, qui s’invite progressivement à la table des grands, et Bastien Mandrou sur 400 m, de même qu’un mano-a-mano de taille au poids entre Gaétan Bucki et Frédéric Dagée.
Pour résumer, des France indoor à la carte, certes, mais tout sauf du menu fretin !
Et pour avoir son rond de serviette et son carton d’invitation au banquet, c’est direction l’Auvergne et le Stadium Jean Pellez. Sinon et c’est bien aussi), c’est à déguster tout le week-end sur preprod-vo2.com.ko20.tout.lu.
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Texte : Quentin Guillon.
Photos : Yves-Marie Quemener.