France Elite indoor : Bascou vrombit, Belocian s’élève, Vicaut rechute
Dimitri Bascou a signé la plus grosse performance de cette première journée des championnats de France indoor à Aubière, en descendant pour la première fois de sa carrière sous les 7’’50 sur 60 m haies. Wilhem Belocian a lui aussi impressionné alors que Jimmy Vicaut, très attendu, s’est de nouveau blessé…
Initialement, Christophe Lemaitre et Jimmy Vicaut ne devait pas s’aligner cet hiver en salle. Mais les fauves avaient les dents longues. Les pointes affûtées, grinçantes, prêtes à griffer le tartan du stadium Jean Pellez d’Aubière, qui jouxte Clermont-Ferrand.
Samedi 29 janvier, Christophe Lemaitre avait couru en 6’’57 lors des interrégionaux à Lyon. Voilà près de trois ans que l’Aixois n’était pas allé aussi vite sur 60 m. Surtout, le triple champion d’Europe 2010 avait (enfin) bien jailli des blocs.
De son côté, le moteur de Jimmy Vicaut vrombissait, après la surchauffe de l’été dernier où son ischio droit avait de nouveau lâché lors des séries du 100 m à Zurich. «Tous les indicateurs, médicaux et sportifs, étant très bons, c’était devenu compliqué de garder Jimmy au paddock jusqu’en avril » expliquait son coach Guy Ontanon avant ses France, afin de justifier sa présence à Aubière.
Jimmy Vicaut va cependant devoir derechef faire un arrêt aux stands. En séries, il relâche après avoir bien giclé des starts, et boucle son 60 m en 6’’68. Loin de ses standards habituels (6’’48 en séries à Birmingham il y a un an avant de se blesser en finale). Le doute s’instille. Il n’y en aura plus lorsque son couloir sera laissé vaquant en finale.
Les étincelles sur les haies
En haut des tribunes, Guy Ontanon est un brin désabusé. Cette fois-ci, c’est l’ischio gauche, pourtant « plus solide que le droit » qui a sifflé. « Ça devient compliqué » se lamente Guy Ontanon. « C’est une totale incompréhension car tous les indicateurs, que ce soient à l’entraînement ou médicaux avec le labo biomédical de l’INSEP, était au vert. Jimmy s’est investi, il y a eu un gros travail de fait avec le staff médical, beaucoup de renforcement, il s’est déplacé en Allemagne pour trouver les causes du problème. Je trouve qu’il le prend assez bien ».
Pas d’étincelle donc pour cette finale du 60 m qui faisait le sel de cette première journée de championnat. En l’absence de son rival, Christophe Lemaitre a donc empoché son 14e titre de champion de senior de sa carrière (1), sans améliorer son chrono de l’hiver (6’’63).
Depuis 2010, il ne fut défait que deux fois lors des championnats hexagonaux. L’hiver 2013, à Aubière, où Jimmy Vicaut avait glané le titre sur la route de son titre continental à Göteborg et l’été suivant à Charléty, où le même Jimmy Vicaut avait ébaubi la planète athlé en claquant à deux reprises 9’’95 (séries et finale). Blessé en 2014, les deux Français ne s’étaient pas affrontés.
Wilhem Belocian très impressionnant
Pour retrouver la trace des fauves, il fallait se diriger vers le…60 m, mais avec des obstacles. Dans le sillage de son excellent hiver, Dimitri Bascou est descendu pour la première fois de sa carrière sous les 7’’50. Le chrono s’est figé à 7’’48, 2ème meilleure performance mondiale de l’année (Bascou possède également 5 des 13 meilleurs chronos de l’année). De quoi commencer à penser au record de France, comme il l’a souligné après coup (7’’42 par Ladji Doucouré en 2005 à Liévin). Surtout, le hurdleur se place comme le grand favori des championnats d’Europe de Prague –il ne s’en est pas caché- ce qui serait sa première médaille internationale, lui qui fut l’éphémère médaillé de bronze à Zurich.
La perf plus inattendue est venue de Wilhem Belocian. Le champion du Monde juniors du 110 m haies, espoir première année, a claqué un incroyable 7’’53, minima pour Prague, et record personnel explosé de 15 centièmes. (7’’68 en séries). Quelle adaptation et quelle entrée tonitruante dans le cercle des tous meilleurs, et ce pour sa cinquième course indoor avec des haies à 1,06 m ! Il est ainsi 6e performeur mondial et a une nouvelle fois fait montre de ses facultés à se transcender lors des grands événements. Une qualité qui pourrait l’amener très (très) haut…
Wilhem Belocian n’est pas le seul à avoir réalisé les minima : Céline Distel-Bonnet et ses 7’’25 (minima à …7’’25) en séries sur 60 m, la Strasbourgeoise confirmant en glanant le titre quelques minutes plus tard devant Stella Akakpo (7’’27 contre 7’’30) ; Jeanine Assani Issouf, qui a triple bondi à 14,13 m à son cinquième essai ; Tumatai Dauphin, qui a rejoint Gaétan Bucki au terme d’un très gros concours : le premier a lancé son engin à 20,10 m, devançant au final le second…d’un centimètre ! Alors que le prometteur Frédéric Dragée a complété le podium avec un jet à 19,74 m, à un petit centimètre des minima.
Au total, 21 athlètes ont réalisé ces fameux minima (voir ci-dessous).
Côté demi-fond, les favoris ont évité les écueils sur 800 mètres (lire le résumé chez les femmes ici ; celui chez les hommes là), Hassan Chahdi s’est adjugé son premier titre national indoor (lire ici) alors que Claire Perraux a empoché son cinquième sur le 1 500 m (son interview à suivre).
Ils ont fait les minima pour les championnats d’Europe indoor de Prague (5-8 mars) :
FEMMES :
-60 m : Céline Distel-Bonnet.
-400 m : Marie Gayot.
-800 m : Rénelle Lamote.
-Longueur : Eloyse Lesueur.
-Triple saut : Jeanine Assani Issouf.
-Perche : Marion Fiack.
HOMMES :
-60 m : Christophe Lemaitre.
-60 m haies : Dimitri Bascou, Pascal Martinot-Lagarde, Wilhem Belocian.
-800 m : Brice Leroy, Paul Renaudie.
-1 500 m : Yoann Kowal.
-Perche : Renaud Lavillenie, Valentin Lavillenie, Jérôme Clavier, Damiel Dossevi, Kévin Ménaldo, Nicolas Homo.
-Poids : Gaétan Bucki, Tumatai Dauphin.
Les résultats de la première journée : cliquez-ici.
Photos : Yves-Marie Quemener
Photo de une : Wilhem Belocian.
Céline Distel-Bonnet et ses 7’’25