Disparition de Moussa Barkaoui
Triste nouvelle. Notamment champion de France de cross court en 2006 à Challans, Moussa Barkoui est décédé à 43 ans d’une crise cardiaque après un entraînement vendredi 23 janvier.
Assurément, Moussa Barkaoui laissera un grand vide dans l’esprit de tous ceux qui l’ont côtoyés, de près ou de loin. L’annonce de sa mort, vendredi 23 janvier, quelques minutes après avoir terminé son fartlek, a eu un très gros retentissement, notamment en Rhône-Alpes. Comme un « symbole » : la course à pied, le fil rouge, le marqueur de la vie de Moussa Barkaoui.
De nationalité marocaine, il réalisa 3’38’’18 sur 1 500 mètres en 1994, à 23 ans, avant de flirter avec la barrière des 8’ sur 3 000 mètres l’année suivante (8’00’’90, record personnel). Naturalisé français en 1997, Moussa Barkaoui se distingua dans les labours, obtenant une première sélection en bleu-blanc-rouge en 1998, à l’occasion des championnats du Monde de cross court, disputés à Marrakech, où il se classa 50e.
Huit ans plus tard, à Challans, l’athlète coaché durant sa carrière par Jean-Jacques Padel glana le titre national, toujours sur le court, devant Sébastien Cosson et Badredine Zioini. Direction donc Fukuoka et le Japon pour les Mondiaux de cross court (63e), les derniers organisés sur ce format. L’année suivante, Moussa Barkaoui, licencié au Coquelicot 42 puis depuis 2009 au Fac Andrézieux, se classa 11e des France sur le long, à Vichy, et revêtu pour la troisième fois le maillot tricolore aux Mondiaux de cross à Mombassa au Kenya (abandon).
Mais que vaut la pâle énumération de ces performances sur l’échelle de la vie ? Bien sûr, cela classe un athlète, raconte son talent. Mais l’humain, la luminosité de relations tissées tout au long d’une carrière, la transmission d’une passion, sont tout aussi, voire davantage importants, que le pur chrono, qu’un simple palmarès, aussi étoffé soit-il.
« Une façon de voler »
« Il était apprécié pour sa philosophie, sa gentillesse, son humilité. Il adorait courir. C’est très difficile à vivre » glisse Christophe Enjolras, lanceur de poids et désormais coach au Coquelicot 42.
Eric Legat, vice-président du Fac Andrézieux, a un an de moins que Moussa Barkaoui. Ils se connaissent depuis leurs années cadets. « On était adversaires de club. Avec lui, tout se passait dans un profond respect et dans une classe que peu d’athlètes avaient. Il avait une élégance dans sa manière de courir. Une façon de voler. Il avait une foulée hors pair » confie t-il.
« C’était quelqu’un de très discret, très humble malgré son niveau » reprend-il, ému. « Il n’avait jamais un mot plus haut que l’autre et était unanimement apprécié. C’était au-delà du maillot de club. Moi qui le connais bien, j’ai l’impression de ne voir sa valeur qu’aujourd’hui, maintenant qu’il est parti. Je n’ai pas profité de toutes ses qualités. Quand on était blessé, quand on avait des soucis personnels, c’était le premier à s’enquérir de savoir comment les gens allaient. On a perdu quelqu’un de fort ».
Les hommages se sont succédé à l’annonce de la mort de Moussa Barkaoui, père de deux filles. « Il y a plus de 150 mots sur le livre d’or, sans parler de tous les témoignages sur facebook. On reçoit des mails de gens qui ne connaissaient pas Moussa mais qui tiennent à nous apporter leur soutien. C’est assez étonnant mais c’est tellement à l’honneur de Moussa. ça nous touche et c’est un gros soutien pour la famille » relève Eric Legat. Lors de l’enterrement mardi dernier, « le monde de l’athlé au sens vraiment large était présent, avec beaucoup de papas qui voulaient témoigner de leur soutien, car Moussa intervenait dans des écoles. C’était joli ».
« On réalise qu’il avait beaucoup de leçons à nous donner »
A 43 ans, celui qui était devenu coach athlé santé (« autant l’année passée ça n’avait pas trop pris, autant il y avait un gros succès cette année » souligne le vice-président) et qui entraînait les benjamins venait de réaliser 31’20’’ à Nice, lors de la Prom’Classic début janvier. En octobre dernier, il avait pris part à un match international vétéran sur 1 500 m, qu’il avait remporté. Et s’apprêtait, à l’instar des saisons précédentes, à courir aux régionaux de cross dimanche 25 janvier, où les coureurs ont tenu à observer une minute d’applaudissements en début de compétition.
« J’ai reçu plein de messages de gens qui disaient qu’il faut profiter de la vie. Moussa, c’est quelqu’un qui profitait de la vie. Mais pour lui, c’était profiter de ce que l’on a déjà, pas aller chercher plus loin. Il respirait les petits bonheurs simples : sa famille, courir, s’entraîner, faire ses footings sur le bord de la Loire à Andrézieux. Il faisait peu de stages. Il suivait son petit bonheur » dit joliment Eric Legat. « On réalise qu’il avait beaucoup de leçons à nous donner ».
« Moussa, tu vas nous manquer – à jamais et je crois qu’à tout athlète à qui l’on vole le souffle en courant, s’en va ainsi, subitement, reposer dans une sorte d’éternité de la dernière course parfaite » conclut dans son hommage Franck Enjolras, qui s’est longtemps entraîné avec lui.
A lire aussi :
Le texte d’Eric Legat sur le site du Fac-Andrézieux : cliquez-ici.
Le texte de Franck Enjolras sur le site du Coquelicot 42 : cliquez-ici.
Le livre d’or : cliquez-ici.