Daunay dans les starts, le rêve d'Herbreteau
A bientôt 40 ans, Christelle Daunay tient l’occasion de sa vie de monter sur le podium d’un championnat international, voire de se parer d’or. La touche qui manque à un palmarès déjà bien fourni. De son côté, Corinne Herbreteau-Cante raconte sa joie de faire partie de cette équipe de France.
A deux jours du marathon –prévu samedi à 9 heures-, Christelle Daunay est apparue décontractée lors du point presse. Sereine, sûre de ses forces. «La préparation a été bonne. Le marathon reste une course d’un jour. C’est assez particulier. Ça va être un parcours exigeant, il faudra restée concentrée et ne pas lâcher. Je viens pour l’or» annonce Christelle Daunay, qui a repéré le tracé au mois de juin (quatre boucles de 10 km).
«C’était important, pour voir la pente sur la bosse, le type de pourcentage». Un paramètre intégré à sa préparation, avec davantage de sorties sur des «parcours vallonnés, sans trop en faire non plus pour ne pas accumuler trop de fatigue». Christelle Daunay, fort de résultats très probants ces derniers mois, entre une dixième place aux Mondiaux 2013 sur 10000 mètres (première européenne), une 4e place au marathon de New York en novembre dernier en 2h28’14’’ dans la foulée d’un gros second semi, et une excellente septième position aux championnats du Monde de semi-marathon à Copenhague en mars dernier (1h08’48’’), aborde ces championnats d’Europe auréolé du statut de favorite, au même titre que l’Italienne Valeria Straneo, vice-championne du Monde à la surprise générale à Moscou l’été dernier, ou encore la Portugaise Jessica Augusto, 2h24’25’’ cette année à Londres.
«Je ne le prends pas comme un compliment, mais ça veut dire que je suis là. On sait que j’ai fait des belles perfs, j’ai les moyens d’aller chercher cette médaille. Ça fait plaisir d’être favorite. Mais il faut relativiser, car sur marathon, on n’a pas forcément de référence de l’année. Il faudra se méfier de tout le monde» analyse t-elle avec clairvoyance.
«Je suis apte à tous les schémas»
La marathonienne, coachée par Cédric Thomas, a bossé le court après Copenhague, disputant deux 3000 mètres, à Sotteville-lès-Rouen le 14 juin (9’03’’82) puis Saint-Maur (9’03’’61) quatre jours plus tard. « Le but était de travailler et de garder cette base de vitesse avant de retourner vers une prépa marathon. Ça change aussi mentalement de la route. Je suis allée à Saint-Maur car je n’ai pas été satisfaite du meeting de Sotteville. Je sais que j’ai les moins de 9’ dans les jambes. J’étais un peu frustrée.Mais je ne les ai pas faits» lâche t-elle dans un rire. A Zurich, ce sera son dixième marathon, le second en grand championnat après Pékin en 2008 (20e en 2h31’48’). Une expérience précieuse pour aborder au mieux tous les aléas de course.
«Oui, je suis apte à tous les schémas. J’arrive à courir avec ou sans lièvre. A New York, deux filles sont parties devant (elles avaient eu jusqu’à trois minutes d’avance), puis on est revenues. Je peux partir doucement, j’ai une base de vitesse intéressante. Il faudra faire au moment venu. C’est un schéma de course particulier avec cette bosse qui va perturber la façon de courir. La tactique viendra au fur et à mesure de la course. Il faudra savoir y aller quand il le faut et gérer la course le moment venu».
«Avant, je regardais Christelle ou Marta. Et se retrouver là, ouhhh, c’est magique »
Deux autres Tricolores seront en lice, qualifiées par le truchement de la coupe d’Europe de marathon. Marta Komu fêtera sa première sélection internationale –elle courait auparavant pour le Kenya et avait notamment pris la 5e place aux JO à Pékin.De son côté, Corinne Herbreteau-Cante va disputer sa 2e sélection chez les seniors après les Mondiaux de semi (55e en 1h15’27’’). «J’étais stressée. Je découvre. Mon rêve se réalise. Avant, je regardais Christelle ou Marta. Je me disais: “c’est super ce qu’elles font“. Et se retrouver là, ouhhh, c’est magique » sourit Corinne Herbreteau-Cante, qui n’a «jamais eu une préparation aussi intense», elle qui conjugue ses entraînement avec son métier de coiffeuse (31 h par semaine voire plus) à Saint-Sylvain d’Anjou, près d’Angers.
«J’ai hâte de savoir ce que ça va donner par rapport à cette préparation. Je découvre à chaque fois» poursuit la championne de France 2013 (à Toulouse, où elle avait battu son record personnel, 2h37’50’’), qui a participé au stage fédéral de deux semaines à Font Romeu, prenant sur ses vacances. «Parfois, c’est très dur. C’est intense avec le travail» relève Corinne Herbreteau-Cante, aidée par son compagnon qui lui sert de lièvre sur un vélo…à rétro, spécialement confectionné pour.
Des impératifs du quotidien au cocon de l’équipe de France
Ces contraintes quotidiennes pour s’entraîner contraste avec le cocon des grands championnats dans lequel sont baignés les athlètes de l’équipe de France. «Je suis étonnée car tout le monde est chaleureux. L’équipe de France est une famille. On est bien encadré, on nous emmène sur un plateau. Il n’y a plus qu’à» sourit-elle. En passant, qui dit famille dit également conflit de famille, comme l’a démontré la folle soirée du jeudi 14 août…
Toujours est-il que l’athlète coachée par Philippe Plancke depuis 2013 pourra s’appuyer sur son expérience danoise pour mieux appréhender l’évènement. « J’ai découvert comment ça se passait en chambre d’appel. Pour moi, c’était assez stressant. Du coup, ça sera connu. J’appréhende moins par rapport à ça. Et on est une équipe, c’est important. Je suis contente d’y être ».