Athlétisme

Charline Mathias, une Luxembourgeoise à Pékin

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Poste Le 26 août 2015 par adminVO2

Rencontre avec la Luxembourgeoise Charline Mathias et néo-Lilloise, après les séries du 800 m aux Mondiaux de Pékin.
Le Luxembourg a deux représentants aux championnats du Monde de Pékin. Le lanceur de poids Bob Bertemes, et Charline Mathias, sur 800 mètres.  La Luxembourgeoise de 23 ans vit en France depuis 2013, et prend part à ses premiers Mondiaux. Tout proche de son record personnel lors des séries du 800 m mercredi matin (2’01’’36), elle fut la 4e éliminée au temps. « Je suis venue ici pour battre mon record. La déception est assez grande. J’ai été très passive durant la course. J’étais très nerveuse. Mais ce n’est pas une excuse car c’est aussi le cas d’autres coureurs. Mais en même temps, j’ai vraiment tout donné. Je ne peux pas être déçue de ce point de vue là ».
Charline Mathias a découvert le demi-fond dès les jeunes catégories. « Au Luxembourg, à l’école primaire, il y a un programme qui s’appelle LASEP (1) » explique t-elle. « On  fait tous les sports une fois par semaine. L’institutrice qui s’en occupait m’a dit une fois d’essayer l’athlé. J’ai aussi fait de l’équitation, de la natation, du tennis. J’ai un peu essayé de tout ».
Esseulée à Strasbourg
L’athlé a ses faveurs et elle s’exerce au javelot, au sprint, aux sauts. Mais c’est bien le demi-fond qui l’attire. « Ça me faisait plaisir de courir, alors que les autres se plaignaient. Et je suis tombé dans un super groupe. On était une vingtaine et on se voyait aussi en dehors des entraînements » se souvient-elle dans un Français parfait, épicé par son délicieux accent luxembourgeois.
Son Bac en poche, elle s’apprête à se rendre aux Etats-Unis où elle bénéficie d’une bourse. « Mais j’ai eu une blessure au genou qui a mis treize mois à guérir ». L’université freine. Charline Mathias fait sa première année de licence au Luxembourg, afin d’assurer sa « rééducation ».
Puis se dirige à Strasbourg, toujours drivée, cette fois-ci à distance, par son coach luxembourgeois. « Il m’a toujours envoyé les programmes, et je devais les faire toute seule. Je rentrais pratiquement toutes les semaines –il n’y a que deux heures entre Strasbourg et Luxembourg- car c’est quand même assez important que l’entraîneur voit un athlète. Entraîner à distance, c’est très difficile : il ne voit pas où j’ai des difficultés, si j’ai des jours où je suis un peu dans le dur etc… » développe t-elle. Une pause. Elle reprend son souffle –la série du 800 ne s’est achevée qu’il n’y a que des instants.
« C’était très difficile au niveau de la motivation. J’avais 30 heures de cours par semaine. J’étais toujours toute seule, et l’hiver quand il fait froid, quand ça pleut un peu…Pour les entraînements très, très, poussés, c’est vraiment dur. J’ai fait çà pendant deux ans et j’ai pu me qualifier pour les championnats d’Europe espoirs (2013), puis pour Zurich (2014, éliminée en séries lors des deux évènements) ».
« Important d’avoir un diplôme qui veuille dire quelque chose »
Parallèlement à sa participation à ses premiers championnats continentaux, le chrono descend, 2’02’’53 en 2014. 2014 où, sa licence décrochée, la question de son avenir se pose. Où placer la priorité ? « Pour le Master à Strasbourg, il ne proposait pas tout à fait ce que je voulais faire. J’ai regardé ailleurs en France où je pourrais combiner au mieux le sport et les études. Je voulais terminer mon Master car c’est très important pour moi. Je ne gagne pas ma vie avec l’athlé, et ça ne sera peut-être jamais le cas. C’est important pour moi d’avoir un diplôme pour travailler, et un diplôme qui veuille dire quelque chose ».
Par le truchement de Sofiane Selmouni –qu’elle a connu lorsque ce dernier s’entraînait en Alsace– direction Lille sous la férule d’Alain Lignier, et un Master IAE, « science gestion avec spécialité audit, comptabilité, finance » souligne celle qui se destine à devenir « expert comptable ou commissaire aux comptes ».
Les chiffres, elle les connaissait par cœur cet été. 2’01’’00, précieux sésame pour rallier Pékin, et Rio l’année prochaine. Le compteur se bloquera à 2’01’’30, et elle sera finalement repêchée par la Fédération du Grand Duché.
« C’est rassurant de voir que les autres mangent la même chose que toi, dorment dans le même lit que toi ! »
Arrivée une semaine avant son entrée en lice, Charline Mathias a dû gérer et l’acclimatation et l’appréhension de son premier championnat planétaire. « Çà allait très bien les premiers jours, je me disais que c’était génial. Mais les troisième et quatrième jours, paf !, la fatigue venait d’un coup. Je ne me sentais pas trop au top. Mais ça allait mieux depuis lundi ».
Celle qui est désormais licenciée au Lille Métropole Athlétisme s’interrompt, scrute les chronos des autres séries, et reprend. « Il y avait Dibaba dans l’avion. On est arrivés à l’hôtel avec les Américains, avec Usain Bolt et Shelly-Ann Fraser. C’est impressionnant, même si je connais de vue les coureurs de 800. C’est sympa de les revoir comme çà et de leur parler. C’est rassurant de voir que les autres mangent la même chose que toi, dorment dans le même lit que toi » se marre t-elle « Il n’y a pas de grand secret, sauf celui de s’entraîner ».
C’est bien ce qu’elle compte faire.
Photo : Jean-Marc Mouchet.

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