Athlétisme – Les Temps forts des Championnats de France 2022
Les championnats de France d’athlétisme de Caen 2022 ont donné lieu à quelques performances de haut rang, à quelques semaines des Championnats du monde de Eugene (USA) et les Europe de Munich (ALL).
5000m – Hay et Trapp sans trembler
Les courses de 5000m ont sacré les deux favoris, malgré des scénarii bien différents. Manon Trapp (AS Aix-les-Bains) a rapidement pris les commandes de la course, puisqu’elle se sentait « bien, avec l’envie de tout donner et de [se] faire plaisir ». Tout en faisant attention de ne « pas cramer » face au vent, elle a définitivement lâché Leïla Hadji (Pays de Fontainebleau Athlé) et Alessia Zarbo (Nice CAA) à cinq cent mètres du but, et a coupé la ligne en 15’48’’79.
Hugo Hay, de son côté, a déjà le standard européen en poche, mais visait bien mieux ces dernières semaines, et ne cachait pas sa grande frustration de ne pas avoir réalisé les 13’09’’00 demandés pour Eugene. Le demi-fondeur de Sèvre Bocage AC a néanmoins fait le travail consciencieusement pour conserver son titre, dans le chrono de 13’54’04’’, juste devant Félix Bour (Racing Multi Athlon) et Fabien Palcau (Dijon UC).
110m haies – Zhoya à toute vitesse
Sasha Zhoya peut souffler de satisfaction et de soulagement, fort de son premier titre national chez les Elite, et des minima pour les championnats du monde en 13’’17 (-0,4). Après seulement cinq sorties sur les haies à 106 cm, voilà déjà le champion du monde juniors 2021 au niveau d’un prétendant à une finale mondiale, si ce n’est mieux. Habitué à griller les étapes, le Clermontois a dû apprendre la patience ces derniers mois, avant de faire voler en éclat les freins ce samedi, d’abord en s’acquittant des minima en séries (13’’24) puis en claquant la sixième performance mondiale de l’année en finale. « Après avoir eu des petits soucis un peu partout en début de saison, c’était la première fois que je pouvais me donner presque à 100 %. Là, je me sens complètement libéré, c’est un vrai poids qui s’enlève de mes épaules », soufflait-il.
400m haies – Happio malgré tout
L’athlète du Lille MA a mis un sérieux coup d’accélérateur, en 48’’57. Mû par une détermination décuplée à la suite d’une agression survenue sur le stade d’échauffement moins d’une heure avant la course, Happio a tout bonnement survolé la finale. « Au départ, je me sentais comme à l’Insep, à la maison. Les sensations étaient bonnes, et je savais que derrière, Ludvy (Vaillant) et Victor (Coroller) allaient me pousser, que je ne pouvais me reposer sur mes acquis. » L’Essonnien réalise ainsi les minima pour les championnats du monde dans l’Oregon, mais aussi la cinquième performance française de tous les temps. C’est aussi le premier record des championnats battu ce week-end sur le stade Hélitas.
Chez les filles, la logique a été respectée avec la large victoire de Camille Séri (Nice Côte d’Azur Athlétisme) en 56’’50, avec plus de deux secondes d’avance sur sa camarade de club Emma Montoya (58’’72).
800m – Robert récidive
Comme une semaine plus tôt au Meeting de Paris, Benjamin Robert a fait parler la poudre dans la dernière ligne droite pour devenir champion de France 2022 du 800 m. La finale que tout le monde attendait depuis le week-end dernier est partie sur des bases tactiques. Homme d’expérience, Pierre-Ambroise Bosse (Lille Métropole Athlétisme) a alors pris les choses en main, ses deux compères attendant tranquillement leur heure un peu plus loin. A l’entrée de l’ultime ligne droite, le champion du monde 2017 a vu revenir Robert et Tual. Tout au bout de l’effort, c’est finalement le coureur du SATUC Toulouse Athlé qui a pris le dessus sur celui de l’US Talence, comme l’an passé à Angers.
Lamote entraîne le 800m féminin
Cela faisait trente ans que le record des Championnats de France Elite tenait sur 800 m. Depuis le 28 juin 1992 et les 1’59’’29 de Viviane Dorsile. Mais l’inévitable Rénelle Lamote, impériale en finale avec une victoire en 1’58’’71, dans une course emmenée sur de grosses bases par l’athlète de l’Entente Angevine Athlétisme Cynthia Anaïs (3e en 2’01’’33) a mis fin à ce record de longévité. Radieuse, la double médaillée européenne en plein air était particulièrement heureuse de la densité de la course, puisque sa dauphine, Agnès Raharolahy, a accroché sa foulée jusqu’à la dernière ligne droite, avec pour récompense un record personnel explosé en 1’59’’59.
Les marcheurs étaient à l’heure
Placés au programme de la matinée dimanche matin sur le stade Hélitas, les marcheurs ont profité du soleil encore bien présent pour faire chauffer le chronomètre. Premier en lice, Gabriel Bordier (US Saint-Berthevin) a livré un véritable récital. Grappillant des secondes au kilomètre au fil de la course, Bordier a finalement achevé son 10 000 m en 38’15’’55. Meilleure performance mondiale de l’année, et surtout un très gros chrono : le record de France du grand Yohann Diniz, n’est plus qu’à une poignée de secondes : 38’08’’13.
Clémence Beretta a brillamment repris le flambeau quelques minutes plus tard, sur la même distance. La marcheuse d’Athlé Vosges Entente Clubs n’a pas laissé plus de suspense, en se détachant rapidement de sa rivale Eloïse Terrec pour se « concentrer sur elle-même. » Régulière, elle a rallié l’arrivée en 44’08’’72, rabotant ainsi son propre record de France d’une quarantaine de secondes. La confiance regonflée à bloc, la Vosgienne va désormais gagner un camp d’altitude en Italie pour se donner toutes les chances de briller en Bavière fin août.
400m – Jordier a surgi
Arrivé à Caen avec le huitième temps des engagés (46’’72) sur 400 m, soit tout juste un statut de potentiel finaliste, Thomas Jordier a fait un sacré bond en avant au meilleur des moments : en finale des France Elite, avec une course dominée de bout en bout et un chrono de 45’’71, à seulement un centième des minima pour les Championnats d’Europe de Munich.
3000m Steeple – Belhadj en costaud
Mehdi Belhadj (A Villeneuve La Garenne) a fait forte impression sur 3000 m steeple en l’emportant en 8’24’’25. Son attaque à 600 m de l’arrivée, très tranchante, lui a permis de faire tout de suite la différence sur un peloton pourtant très solide. « Je me sentais vraiment bien, mais ça n’était pas du tout prémédité. Ça valide le travail et les bonnes séances que j’ai faites à l’entraînement, appréciait l’athlète entraîné par Adrien Taouji, déjà débarrassé des minima pour Eugene. La forme devrait continuer à monter d’ici les Championnats du monde. »
Source : FFA – Photos CaptureMySport/FFA