Templiers 2014 : une grosse motivation et pas de pression pour Nicolas Martin
Tout juste vice-champion de France derrière Sylvain Court à Buis-les-Baronnies, Nicolas Martin a rempli son objectif de l’année en glanant le dernier ticket pour les Mondiaux 2015, qui se disputeront lors de la Maxi-Race (31 mai). 4e en 2012 et 7e l’an passé au terme d’une course échevelée, le sociétaire de l’Entente Athlétique Grenoble 38, qui a effectué une prépa axée montagne ces derniers mois, envisage cette 20e édition des Templiers avec sérénité mais surtout une grosse motivation car il disputera l’épreuve avec le maillot du Team France dans le cadre du match international France, USA, Europe.*
Une épreuve de 74 km qu’il abordera sans pression particulière. « Ma saison est réussie » souligne t-il. La pression, il l’avait au départ des championnats de France le mois dernier à Buis-les-Baronnies (Drôme), son gros objectif de la saison, car le rendez-vous octroyait les deux dernières places qualificatives pour les championnats du Monde 2015 de la discipline.
Nicolas Martin était en grande forme physique –« j’étais très serein à ce niveau-là »-, mais nourrissait quelques « inquiétudes » quant à sa cheville, après avoir contracté une entorse quelques jours avant les France. « J’avais passé de grosses séances, peut-être les meilleures de ma carrière. C’était un sentiment un peu bizarre entre le fait d’être super confiant sur la forme physique et les doutes sur la cheville». D’autant que celle-ci a de nouveau tourné « au bout de 5,6 kilomètres de course. Je n’étais vraiment pas serein en descente. Je me suis demandé si j’allais rallier l’arrivée. Mais en fin de course, j’avais vraiment de bonnes sensations dans les ascensions. C’est une quasi-totale satisfaction. L’objectif était avant tout la qualif, et le fait d’être vice-champion de France a été la cerise sur le gâteau. Le seul petit regret, c’est que je n’étais pas totalement à 100% et il y avait peut-être la possibilité de jouer le titre avec Sylvain. A froid, quand on revient sur la course, je suis à 3’ (5h28’13’’ pour Sylvain Court contre 5h31’34’’, ndlr) sachant que j’ai dû me traîner dans toutes les descentes…Mais je montais peut-être mieux car j’ai moins tapé musculairement dans les descentes. Et j’ai trop de respect pour Sylvain pour dire que si j’avais été à 100 %, je l’aurais battu. C’est une légère déception car il faut essayer de saisir les occasions quand elles se présentent mais c’est plus la satisfaction qui prime ».
« Découvrir autre chose et changer les schémas habituels »
Le récent vainqueur de l’OCC à Chamonix a mis l’accent sur une prépa montagne en concertation avec son coach Patrick Bringer –qualifié lui-aussi pour les Mondiaux. « Comme fin mai-début juin, je pensais que je n’étais pas capable de jouer la sélection à la Maxi-Race (le premier Français obtenait sa qualification pour les Mondiaux, ndlr), on a donc décidé avec Patrick de faire plus de montagne pour développer d’autres qualités. C’était aussi pour découvrir autre chose et changer les schémas habituels. La montagne, c’est très formateur : il y a une grosse densité et ça développe des qualités physiologiques qui sont importantes sur le format 50-60 km. Je pense que la montagne est une bonne école » explique t-il.
Nicolas Martin a aussi disputé des courses particulièrement relevées, à l’instar du marathon du Mont-Blanc (19e) fin juin, ou de Sierre-Zinal (35e) le 10 août. « Je pense que c’est par ces courses là que l’on arrive à progresser. Tu ne peux jamais te relâcher, il y a toujours quelqu’un qui est à 10-20 secondes de toi. On va vraiment chercher ses limites, alors que quand tu es seul, on est un peu dans une zone de confort et c’est difficile d’exploiter 100 % de ton potentiel. Je pense que ça permet de franchir des caps au niveau mental, de gagner ces petits pourcentages qui te permettent de progresser dans la hiérarchie au fil des saisons » analyse t-il avec clairvoyance. Et tant pis s’il fut en retrait par rapport à ses résultats habituels. Au contraire.
« Je préfère faire 35e d’une course où je sais qu’il y avait tous les meilleurs du monde autour de moi que d’aller gagner un trail de quartier »
« Je n’ai pas d’ego trop mal placé. Quand tu as l’habitude d’être devant et que tu fais 20e ou 30e, ce n’est pas ce qu’on attend, mais je préfère faire 35e d’une course où je sais qu’il y avait tous les meilleurs du monde autour de moi que d’aller gagner un trail de quartier, où je sais que c’est moi le meilleur sur le papier. Ma vision du sport de haut niveau, c’est de se confronter aux meilleurs, sinon ça n’a pas d’intérêt. Le marathon du Mont-Blanc, j’ai trouvé que c’était de la folie au départ. Je suis parti vite et j’étais déjà à 500 m de la tête de course au bout de trois bornes. C’était vraiment hallucinant ».
« Tout peut se passer » aux Templiers
Place désormais aux Templiers pour celui qui a terminé 8e en 2011, au pied du podium en 2012 et 7e l’an dernier, explosant après un début de course à très vive allure. Nicolas Martin fait partie du Team France en lice face à l’Europe et aux Etats-Unis. « Le début de saison m’a appris pas mal de choses au niveau de la gestion de course. Je ne suis pas capable de courir devant au début. J’ai essayé au Ventoux, ça n’a pas marché (10e). Je ne sais pas trop pourquoi. J’ai tendance à épuiser mes réserves quand je pars vite. Je pense qu’il faudra laisser partir, d’autant que les étrangers qui ne connaissent pas trop le parcours et notamment la fin qui est très difficile risquent de partir vite. Il faudra essayer de temporiser et faire une grosse fin de course » se projette Nicolas Martin, qui confie avoir toujours une petite appréhension au niveau de la cheville dans les descentes. « J’ai une grosse envie, c’est une motivation supplémentaire de figurer dans la sélection. Mais je n’ai pas de pression comme quand on prépare un objectif depuis des mois. Gagner le match sera l’enjeu. Si ça se passe bien, tant mieux, et si ça se passe mal, ça fera partie de la course. L’objectif ? A minima, je dirais le top 10. A part Sage Canaday, il n’y a pas de coureurs qui me semblent au-dessus du lot et c’est ouvert comme l’an dernier, et les écarts devraient être assez faibles. Il peut tout se passer, même du top 20 jusqu’au podium ».
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