Objectif marathon avec HOKA #6 : Duncan Perrillat, athlète d’exception
Sixième article de la série « Objectif marathon avec HOKA ». On échange aujourd’hui avec un coureur emblématique de la marque : Duncan Perillat. Son arrivée dans l’athlétisme, son récent marathon de Séville, ses futurs objectifs et son rapport avec son équipementier. Voici « Objectif marathon avec HOKA #6 : Duncan Perillat, athlète d’exception ». Jusqu’en avril, VO2 revient chaque semaine sur les différents points phares de la course sur route avec les conseils de professionnels.
Venant de Grenoble, c’est surtout sur les pistes enneigées que Duncan Perrillat a grandi : « Durant mon enfance, j’ai fait pas mal de ski alpin et de ski de fond. J’ai même fait du saut à ski. ». Mais il a pratiqué d’autres activités et accompagnait même son père sur ses footings. Sa première approche vers la course s’est faite par le cross de son école « un peu comme tous les élèves qui aiment bien le sport ». Sauf que Duncan Perillat se débrouillait plutôt bien. Il a donc décidé de s’inscrire dans un club. Il est alors passé par l’école d’athlétisme où il a touché à l’ensemble des disciplines (sauts, lancers, etc.), mais c’est véritablement dans la course qu’il se distinguait le plus. C’est donc ce chemin-là qu’il a poursuivi.
« J’ai repris parce que c’est un équilibre de vie »
Le lycée terminé et le baccalauréat en poche, il a eu l’opportunité d’aller aux États-Unis : « J’ai eu une bourse sportive pour partir, donc j’ai fait une licence et un master là-bas. » Il courait pour la California Baptist University (CBU) – à l’époque une équipe de D2, passé en D1 aujourd’hui – dans le prestigieux championnat américain NCAA. « J’étais plutôt dans une bonne université » développe-t-il. Après son master, il a obtenu un travail à Chicago sur une durée d’un an. Pendant cette période, il a fortement réduit sa pratique de la course à pied et l’a même stoppée pendant une phase : « L’athlé, c’est ce qui m’avait aidé à finir mes études. Mais je n’avais jamais fait de sélection en équipe de France, donc pour moi, ce n’était pas un moyen de vivre. Du coup à Chicago, j’avais un boulot et pendant une période, j’ai complètement arrêté. »
Mais il a rapidement retrouvé le sport. D’abord pour son bien-être : « J’ai repris parce que c’est un équilibre de vie », mais aussi pour son esprit de compétition : « La boîte dans laquelle je bossais proposait des challenges inter-entreprises. Je me suis retrouvé à les faire, donc je me suis un peu entraîné pour ne pas arriver complètement à la rue. » Durand ses derniers mois aux États-Unis, il a alors repris la course à pied. « En rentrant en France en 2019, je m’étais retrouvé à avoir progresser, à me sentir mieux et à avoir un meilleur niveau » commente-t-il.
Crossman et marathonien
Une fois dans l’hexagone, il participe alors au cross de sélection pour les championnats d’Europe (initialement prévus en 2020, décalés en 2021) et ne passe pas très loin de la sélection. Il prend alors une décision importante : tout arrêter pour la course à pied. « L’entreprise pour laquelle je travaillais à Chicago m’avait embauché à Londres. J’ai accepté le poste, mais au lieu de partir, j’ai démissionné avant même de commencer explique-t-il. C’est la première fois que je me retrouvais à faire des courses où j’étais assez proche des tous meilleurs français. Alors je me suis dit : si tu veux tenter ta chance, c’est maintenant. »
À la sortie du COVID en octobre 2021, il a fait son premier marathon à Rennes qui était support pour les championnats de France. Il termine alors premier en 2h14’49, mais n’ayant pas porté le maillot de son club (Neuilly Plaisance Athlétisme), il n’a pas reçu le titre national.
« Je savais que j’avais du potentiel sur le long »
Peu importe, la performance et le chrono sont là bien que cela fut au-dessus de ses attentes. « Je ne m’attendais pas à faire 2h14 sur mon premier marathon. En fait je ne me rendais pas vraiment compte. Je savais que j’avais du potentiel sur le long parce qu’aux entraînements je voyais que c’était sur les séances de seuil et les séances un peu longues que j’étais le meilleur. Donc je savais que j’avais du potentiel et que j’étais capable de faire un truc pas trop mal, mais de là à le gagner et de finir les 10 derniers kilomètres en un petit plus de 30 minutes sur mon premier marathon, je ne m’y attendais pas. Et encore moins à Rennes. »
Le mois suivant, il confirme qu’il fait désormais partie des meilleurs coureurs Français. Sur les championnats de France de cross-country, il se classe quatrième derrière Yann Schrub, Felix Bour et Mehdi Frère, et devant Bastien Augusto ainsi que Azeddine Habz. Cette course qu’il qualifie comme sa « meilleure performance » lui permet alors d’accéder aux championnats d’Europe de 2021 où il terminera à la 30e place (29e place suite au contrôle positif au dopage du Turque Aras Kaya) et décrochera l’or dans l’épreuve par équipe.
« L’objectif chronométrique est devenu un objectif de carrière »
Malgré cela, le grand public le connaît surtout pour ses performances sur marathon. Après son erreur en 2021, il termine premier Français sur le marathon support des championnats de France en 2022 (Deauville) et reçoit son premier titre national.
Mais on peut être champion de France de marathon, on ne parvient pas toujours à performer sur la distance. Il y a un peu moins d’un mois, Duncan Perillat a abandonné sur le marathon de Séville. « Je voulais partir avec le groupe d’allure qui était à peu près en 2h09/2h09’30, mais dès le début j’avais du mal à le suivre. Je ne me sentais pas très bien et je savais que c’était vraiment lié au jour parce que à Rennes en octobre dernier, je suis parti sur ces allures là et j’étais vraiment facile (ndlr : il terminera en 2h13’37). J’étais vraiment à l’aise explique-t-il. Mais à Séville, je n’étais pas très bien. J’étais à en 3’05 au kilomètre, et j’avais l’impression d’aller trop vite par rapport à ce que j’étais capable de faire ce jour-là. » raconte-il.
Il a alors décidé de transformer sa course en une sortie longue pour pouvoir faire une meilleure performance sur une autre course. « Je n’ai plus comme objectif de finir un marathon. Et même Séville, je l’ai déjà couru (ndlr : il y a fait son RP en 2022 en 2h12’13). L’objectif chronométrique est devenu un objectif de carrière. Donc si je voulais pouvoir refaire un marathon derrière, c’était mieux pour moi de m’arrêter et de ne pas aller au bout. »
Paris 2024 ? « Chaque chose en son temps »
Duncan Perrillat se prépare maintenant pour le marathon de Rotterdam (16 avril) car il figure « parmi les marathons rapides, il n’y a pas trop de vent, il y a de bons groupes d’allure et on peut avoir nos ravitaillements personnels quand on est dans le groupe élite » détaille-t-il. Il sera également aligné sur le marathon de Paris mais n’ira pas jusqu’au bout. Il officiera en tant que lièvre jusqu’au 30e kilomètre sur des bases de 2h16 au marathon.
Son objectif est dans un premier temps de passer sous les 2h10 « parce que je pars du principe qu’avec ce que j’ai fait sur le marathon de Rennes, sur un parcours vraiment très plat et avec une belle densité ça vaut ce temps-là » justifie-il. Évidemment il souhaiterait ensuite descendre « aux alentours des 2h09 et après éventuellement 2h08 parce que se sont les minima olympiques ». Mais il prévient : chaque chose en son temps. « Déjà je vais faire un chrono qui s’en rapproche. Et si jamais c’est mieux et que ça me permet d’y aller tant mieux » informe-t-il.
20 chaussures par an !
Pour cela, il compte notamment sur son équipementier HOKA. « On s’est rencontré grâce à Thomas Cardin qui était chez HOKA. C’est lui qui m’a mis en contact avec Christopher Rainsford qui m’a dit que la marque était intéressée pour que je rejoigne la team HOKA. Et depuis, ça se passe bien. » La proposition n’a pas été dure à accepter « parce que HOKA a été fondée à Annecy. Ça vient de la région donc ça avait du sens. Et c’était aussi une question d’opportunité. Ils ont cru en moi et m’ont fait confiance. » atteste-t-il.
La marque l’accompagne surtout sous forme de dotations, que ce soit des tenues ou des chaussures. « J’utilise environ une vingtaine de chaussures par an. En compétition, j’aime bien avoir des chaussures qui sont assez neuves pour qu’elles soient à 100% en termes de la performance. Pas plus de 150 kilomètres et après je les utilise comme chaussures d’entraînement. » Mais le chiffre élevé s’explique surtout par son volume d’entraînement : « Je fais 800 à 900 km par mois donc c’est sûr que ce n’est pas pareil que quelqu’un qui ferait 800 à 900 kilomètres par an. Forcément, j’en ai besoin de 12 fois plus. »
À chacun son niveau, à chacun son objectif !
Killian Tanguy
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