La ligne bleue du marathon dans le vert des champs de cross
Cross Ouest-France, ce dimanche. Cross en hiver, marathon au printemps, l’adage est connu de tous. Que l’on soit champion ou anonyme. En cette année préolympique, la ligne bleue du marathon trace dans le vert des champs de cross. Et au Mans, dans les bois de l’Épau.
« Cross en hiver, marathon au printemps… » Personne ne peut contredire cet adage. D’autant plus cette année. Les Jeux de Rio en 2016 sont dans l’esprit de tous. Pour aller, il y a des routes qui sont plus courtes que d’autres… Et paradoxalement, c’est celle du marathon. Jean-François Pontier, manager du hors stade auprès de la FFA, ne voit pas d’autres raccourcis pour ceux et celles qui ont exploré leurs limites sur la piste. « Avec les minima et le niveau des coureurs africains, ils savent que c’est très compliqué de s’exprimer sur la piste. Et puis, il y a aussi une volonté fédérale de dynamiser le marathon depuis un an et on nous a donné un peu de moyens… »
Dans ce « nous », il y a Philippe Remond, nommé l’an passé, ambassadeur du marathon par la Fédération. « Cette année, nous avons envie de créer une nouvelle ossature, explique-t-il. Ce qui est intéressant, c’est que la décision de passer sur marathon vient des athlètes, comme Sophie Duarte. Elle n’est ni poussé par un tiers ou un sponsor, et je pense que Sophie peut devenir la nouvelle reine du marathon français ». Et Jean-François Pontier d’ajouter : « Christelle Daunay a montré la voie à Zurich… » D’ailleurs, les deux jeunes femmes ont un point commun. Outre le fait qu’elles sont toutes les deux championnes d’Europe (marathon pour Christelle en 2014 et cross pour Sophie en 2013), elles sont toutes les deux crosswomen.
Elles connaissent parfaitement le Ouest-France. Alors que Sophie Duarte préfère se reposer après un automne chargé dans les champs, Christelle Daunay sera la ligne de départ, aujourd’hui. « Sophie va faire le Marathon de Paris et Christelle, celui de Londres. À douze semaines de leur objectif, ce n’est pas incompatible de courir le Ouest-France, au printemps », précise Jean-François Pontier. Un 42,195 km parisien qui va attirer de nombreuses athlètes pour leurs débuts. Car outre Sophie Duarte, il y aura Alexandra Louison – « avec ses 1 h 12’06, elle a aussi un réel potentiel pour Rio », note le manager du hors stade. « Mais pour devenir marathoniennes, elles doivent d’abord en terminer un », complète Philippe Remond.
Si le Cross Ouest-France est toujours la générale des championnats de France (1er mars aux Mureaux), il est aussi un point de passage pour les marathoniens confirmés (Daunay, Meftah) ou en devenir (Chahdi, Durand). Au Mans, ce dimanche, il sera à Paris le 12 avril. « Je me suis dit qu’il était peut-être temps, confie Yohan Durand. C’est une distance qui m’a toujours attiré. Ca peut paraître être un sacré cap entre le 5 000 m et le marathon, mais j’ai déjà fait deux semi-marathons (1 h 03’43 en 2010). C’est un choix personnel et dans un coin de ma tête, il y a Rio bien sûr… »
Paris, Londres, Rio… et Le Mans. En attendant la ligne bleue du marathon, il y a le vert des champs de cross. Ce dimanche, dans la foulée des Éthiopiens devenus Bahreïnien, il y a de la place pour les Français, puisque de nombreux Kenyans sont absents, faute de visas. Derrière Aweke Ayalew Yimer, Jean-François Pontier voit « Meftah, même s’il court beaucoup, et Chahdi, avec son chrono à Nice (29’07), dans le Top 5 ». Même analyse pour Christelle Daunay face à Tigist Gashaw. « Ce n’est pas mon objectif principal, mais j’avais à cœur de venir au Ouest-France », annonce la Mancelle. L’athlète française la plus représentative quand il s’agit de courir sur le bleu et dans le vert.
Texte : Bruno POIRIER.
Photo : Christelle Daunay, ici à d’Allonnes, a à coeur de courir ce dimanche au cross Ouest-France (Photo Yves-Marie Quemener).