Coup de fil à…Jérôme Toulouse, directeur de course de l’Écotrail Paris
Avec cinq trails (80 km, 45 km, 30 km, 18 km et 10 km) et deux marches nordiques (18 km et 10 km), près de 13 000 coureurs prendront le départ de l’Écotrail Paris. Installée depuis 2008 dans la capitale, la course est désormais phare et attire les meilleurs traileurs. Cette année Sébastien Spehler, Benedikt Hoffmann, Yoann Stuck, Alexandre Boucheix ou Encore Katie Schide et Sylvaine Cussot seront au départ du 80 km. Pour comprendre cet engouement, nous avons passé un coup de fil à Jérôme Toulouse, directeur de course de l’Écotrail Paris.
Pourquoi cette course attire autant les coureurs ?
« De plus en plus de coureurs ont envie de nature. Et l’Écotrail Paris permet aux urbains de s’éloigner de tout le quotidien riche et dense par le mode de vie assez rapide des Franciliens. Ceux qui participent à l’Écotrail Paris sont toujours assez surpris du pourcentage de forêts qu’on peut trouver à proximité et je pense qu’il y a cette envie de s’évader un petit peu. C’est une première réponse. Et puis l’événement en est à sa 16e édition, donc il est assez reconnu dans le milieu du running francilien. C’est la course de référence pour tous ceux qui vivent à proximité. »
D’où viennent ces coureurs ?
« Cette année, on n’a pas encore fait les statistiques des inscrits. L’année dernière, 83 % des coureurs venaient de la région Île-de-France et quasiment 98% vivaient en France. Notre désir, c’est d’attirer en local donc des coureurs d’île de France. Ce n’est pas notre politique de faire venir des athlètes du monde entier, car c’est ce qui plombe le bilan carbone de l’événement. Donc on essaie de cibler justement des coureurs vivant dans des villes accessibles à moins d’une heure et demie en train. »
N’y a-t-il pas l’arrivée au sommet de la tour Eiffel qui attire également ?
« Effectivement. Dès le début de l’événement, on a ancré la découverte du patrimoine culturel et historique de la région Île-de-France dans la course. Donc le parcours devant plein de monuments ou de lieux emblématiques comme le Château de Versailles, l’Observatoire de Paris ou le domaine de Saint-Cloud. Et il y a cette petite cerise sur le gâteau pour les coureurs du 80 kilomètres avec la montée jusqu’au premier étage de la Tour Eiffel qui est l’un des lieux les plus emblématiques au monde. »
Vous mettez aussi en avant un aspect écologique. Cela veut-il dire que le trail n’est pas écologique ?
« Ça dépend du référentiel. On va dire qu’on est plus écologique que beaucoup d’autres événements. Le trail, par sa nature, est assez éco-responsable. L’Écotrail Paris a voulu cette dimension supplémentaire associée au trail parisien parce que c’était dans les valeurs des fondateurs de polluer le moins possible, et de limiter au maximum l’impact que l’événement peut avoir. Et effectivement, on a poussé beaucoup de choses depuis quelques années. »
Comme ?
« Actuellement, on travaille sur deux leviers. Le premier, c’est la réduction de notre impact et de l’impact des coureurs sur l’événement. Et le deuxième, c’est sur l’aspect sensibilisation des participants. On a près de 13 000 participants chaque année, dont 40% de nouveaux qui viennent. Donc c’est important pour nous de sensibiliser au réchauffement climatique et d’accompagner les aspects de transition écologique dans ce que nous pouvons proposer : transport, alimentation, énergie. Tout ce qu’on peut faire sur l’événement, on essaie de le faire au mieux pour réduire notre impact et sensibiliser les participants. »
Est-ce que des trails se sont inspiré de ce qu’ils trouvent sur votre course pour améliorer l’impact des leurs ?
« Le monde de la course à pied et du trail est petit. On est en relation avec beaucoup d’organisateurs qui nous sollicitent pour savoir comment on peut les aider et les accompagner sur ces aspects. Quand la course a été lancée en 2008, le développement durable ne faisait pas beaucoup d’écho au grand public. Maintenant et certainement encore plus depuis l’année dernière avec le terrible été qu’on a pu vivre le développement durable est rentré dans la tête de chacun. Et les organisateurs sont obligés de s’y adapter. Ça va dans le bon sens que des organisateurs viennent nous solliciter pour nous demander comment on fait en termes d’alimentation locale, de saison et ou bio, ou qui viennent nous demander des conseils sur toute la partie transport. On met toute la bonne volonté pour les aider au mieux, sachant que chaque course et chaque événement sont différents. »
Propos recueillis par Killian Tanguy