Patricia Laubertie toujours tournée vers le marathon malgré la contrainte des études
Actuellement dans la dernière ligne droite de sa formation pour être physicienne médicale, Patricia Laubertie a connu une « année chaotique » en raison de fortes contraintes pour s’entraîner et d’un changement d’environnement. La sociétaire de Corrèze Athlé a désormais pris ses marques et a pour objectif d’épingler le plus tôt possible un dossard sur marathon, après son abandon à Paris en 2013 (et ses 2h36’55 » pour ses débuts en 2011 à Berlin).
On ne le dira jamais assez mais dans une discipline aussi chronophage, il demeure très compliqué de conjuguer études et sport de haut niveau. C’est ce qu’a vécu Patricia Laubertie –et vit encore- actuellement dans la dernière ligne droite de ses études. Après un Master, elle a entamé à la rentrée 2013 une formation de deux ans (qui s’achève en décembre 2015) dans le but de devenir physicienne médicale, changeant de repères et de cadre de vie, ralliant Tours et étant la majeure partie du temps en stage au CHU. « L’an dernier, j’ai pris un sacré coup. Lorsque je suis arrivée sur Tours, je n’avais plus mes repères, plus rien, je me suis vraiment sentie isolée. Il n’y avait plus personne. Le téléphone ne sonnait pas souvent. Je me suis retrouvée à me débrouiller toute seule. Heureusement que mon entraîneur était présent. Mais ça n’a pas été forcément évident » relève au bout du fil celle qui est coachée par Jean-Philippe Pruvost.
Si certains délaissent un temps les études pour se concentrer uniquement sur le sport, d’autres tentent de concilier les deux (alors que certains préfèrent stopper le sport de manière intensif). Une véritable gageure, où les seuls moteurs sont la volonté personnelle et l’entourage proche… « Ce que je voulais c’était assurer mon avenir et terminer mes études, car je n’ai pas fait tout ça pour rien ».
Travail, entraînement, travail
« Cela faisait pas mal de temps que j’étais installée sur Clermont. En arrivant sur Tours, ça été dur de retrouver mes marques, et les entraînements ont été difficiles. L’année dernière a été un peu chaotique. Là, Je commence à trouver mes repères. On a été bien accueillis avec mon entraîneur : les gens nous ont proposés d’accéder aux installations du club de Saint-Cyr-sur-Loire (au Nord de Tours, ndlr). Ça va un petit mieux, mais au niveau de l’emploi du temps, je ne fais que ça : travail, entraînement, et le temps qui me reste c’est vraiment pour me reposer »narre t-elle. Cela s’est matérialisé à Tout Rennes Court le 12 octobre dernier, où la sociétaire de Corrèze Athlé a réalisé 34’32’’ sur les 10 km, à quelques secondes de son record personnel sur la distance, 34’14’’ (lors de son titre national à Roanne en 2012). « Je suis contente. J’ai pris quelques jours de vacances cet été et je suis partie deux semaines et demi à Font Romeu. Ça m’a aidé à me remettre en selle. Je croise les doigts, je n’ai pas de problèmes physiques et j’arrive à m’organiser à peu près. Je maintiens entre 6-7 entraînements par semaine » expose t-elle.
Patricia Laubertie se projette désormais sur les championnats de France de semi-marathon, ce dimanche 26 octobre à Saint-Denis (Seine Saint-Denis), où l’objectif sera d’abord « la place »,elle qui fut médaillée de bronze en 2013 à Belfort.
Suivront ensuite les cross, et notamment Gujan-Mestras, qualificatif pour les championnats d’Europe (14 décembre à Samokov en Bulgarie). « Il va y avoir du beau monde. Par rapport à ça, je ne me fais pas d’illusions mais j’y vais également pour tenter ma chance. Si ça passe, tant mieux, sinon je me projetterai sur autre chose, comme un grand cross comme Bruxelles ou alors une course sur route » glisse celle qui prit la 11e place aux Europe de cross espoirs en 2010 à Albufeira (et 32e l’année suivante chez les seniors).
Mais l’objectif de Patricia Laubertie, 26 ans, est bel et bien de s’aligner de nouveau sur marathon, le plus tôt possible, elle qui réalisa un prometteur 2h36’55’’ à Berlin en 2011 pour ses débuts à 23 ans sur la distance, avant d’abandonner à Paris en avril 2013…en raison d’une préparation tronquée par ses études. « Pour cela, il faut que j’arrive à revenir sur les chronos que j’ai pu faire, et que j’arrive surtout à augmenter la charge d’entraînement. Actuellement, ce n’est pas évident mais il faut faire des kilomètres pour en courir un marathon. Je n’ai pas encore fixé de date ».
« Je suis aux alentours de 80 km par semaine : les autres me rigoleraient au nez »
La mythique ligne bleue constitue en tout cas le fil rouge de la suite de sa carrière. « Combien je peux faire ? C’est compliqué à dire. Je ne connais pas mes limites. Jusqu’à maintenant, les chronos que j’ai pu faire, c’était à chaque fois avec des contraintes assez poussées. Là, je suis par exemple aux alentours de 80 km par semaine : les autres me rigoleraient au nez. Mon entraîneur pense que c’est possible d’approcher les 2h30’ ».
C’est pourquoi elle semble affectée par les commentaires mettant en exergue l’absence de véritable équipe de France féminine sur marathon, derrière la locomotive Christelle Daunay, dont elle reconnaît volontiers la supériorité. « Nous, on est beaucoup plus loin, je suis tout à fait réaliste », concède t-elle. Mais, à la différence de la championne d’Europe du marathon, les conditions d’entraînement de Patricia Laubertie en raison de ses contraintes étudiantes et professionnelles ne sont pas celles d’une sportive de haut niveau, elle qui fait pourtant partie du fameux projet marathon…
Tout cela peut-il justement s’améliorer à l’issue de sa formation ? « Oui c’est possible que ça aille mieux après décembre 2015, si je peux passer à mi-temps, tout en gagnant ma vie ». Le téléphone pourrait donc se remettre à sonner…