Plouay – Amdouni et Duarte les plus forts
Ils étaient annoncés parmi les favoris à la victoire finale et n’ont pas déçu. Morhad Amdouni et Sophie Duarte ont parfaitement tenu leur rang en allant décrocher dans le bourbier de Plouay (Morbihan) le titre de champion de France du cross long. Sur le court, les lauriers sont revenus à Djilali Bedrani et Claire Perraux.
La veille, lors de la traditionnelle reconnaissance du parcours, Morhad Amdouni était apparu comme à son habitude : souriant et détendu. Impatient, selon ses dires, d’en découdre sur « un vrai cross comme je les aime ». Il faut dire que le tracé particulièrement vallonné concocté cette année par les organisateurs bretons, fait d’innombrables relances pour casser le rythme, semblait correspondre à merveille à la puissante foulée du sociétaire de Val d’Europe 77. Il n’a, d’ailleurs, pas fallu longtemps pour s’en rendre compte. Tout de suite aux avant-postes, l’élève de Philippe Dupont a réussi au fil des kilomètres à prendre ses distances avec ses principaux concurrents annoncés – Chahdi, Carvalho, Kowal – pour filer seul vers la victoire.
Absent lors de l’édition précédente (en raison d’une blessure), le natif de Porto-Vecchio en Corse prend une belle revanche cette année en décrochant avec la manière son deuxième titre dans les labours après celui obtenu en 2011 à Paray-le-Monial. « On disait que je n’étais pas bon dans la boue. Eh bien, j’ai montré ce dont je suis capable sur un parcours comme celui-là. Aujourd’hui, j’étais le king », glisse l’athlète de 30 ans qui a déjà le regard tourné vers les championnats d’Europe de Berlin cet été où il ambitionne de jouer le titre sur 5 000 m ou 10 000 m, ou les deux.
La médaille d’argent est revenue à Hassan Hirt (Benoît Z Team), 38 ans, visiblement très ému à l’arrivée de la course. « J’en ai presque les larmes aux yeux, lâche-t-il. J’avais vraiment à cœur de bien faire. Il y a plein d’acharnement contre moi. Dans certains virages, j’entendais des insultes (Ndlr : il a été suspendu pour un contrôle positif à l’EPO en 2012) même si la plupart du temps, sur le parcours, c’était des encouragements. La meilleure réponse, c’est sur le terrain. Je me suis vidé les tripes aujourd’hui. » La troisième place sur le podium est revenue à un surprenant Yoann Kowal (Dordogne Athlé) que l’on n’attendait pas forcément à pareille fête.
Derrière lui à l’arrivée, Florian Carvalho (4e), Hassan Chahdi (5e) et le triathlète Vincent Luis (6e) ont dû se contenter des places d’honneur. « Le parcours était super, l’ambiance aussi. C’est ça qu’il faut plus souvent. Le cross, ce n’est pas une course de vitesse, confie Luis, ravi de son effort. J’ai eu de bonnes sensations. Il ne fallait pas s’emballer au départ et faire les dix bornes à sa main. » Chez les espoirs, Hugo Hay, onzième à l’arrivée et dixième Français, a décroché le titre national. Son premier qui vient confirmer son formidable hiver après sa médaille d’argent au championnat d’Europe en décembre.
Du côté de l’épreuve féminine, les 20 000 spectateurs présents ont eu le droit à un formidable mano à mano pendant près de neuf bornes entre l’expérimentée Sophie Duarte (Athlétic Trois Tours), 36 ans, et la prometteuse triathlète internationale Léonie Périault (Saint-Quentin-en-Yvelines). A l’usure, la première citée a fini par avoir le dernier mot. « Je suis ravie de gagner ce titre, glisse Duarte. Ça a été un des parcours les plus difficiles que j’ai fait, avec des relances mais pas d’appuis. J’ai couru en mettant beaucoup d’à coups. C’est ma façon de courir. Je suis une crosswoman. »
Sa dauphine était, elle aussi, sur un petit nuage à l’arrivée. « Je n’ai pas compris ce qu’il s’est passé. Je me suis rapidement retrouvée avec la tête alors que je n’avais pas imaginé ça. J’ai été surprise de ma forme. Tant mieux quand ça se passe comme ça », confie, tout sourire, Léonie Périault qui vise une qualification aux Jeux de Tokyo dans deux ans en triathlon. Le bronze est tombé dans l’escarcelle de Clémence Calvin (Martigues Sports), onze mois après avoir mis naissance à un petit garçon. Chez les espoirs, victoire de Mathilde Sénéchal (Blois-Onzain) devant Tifenn Piolot-Doco (EA Grenoble) et Lucie Picard (RC Epernay).
Basile REGOLI