Vidéo – Plongée au cœur de la folie des Champs en Jamaïque
Un documentaire de 20’ du Guardian montre comment le réservoir jamaïcain en sprint est inépuisable, à travers l’institution des Champs.
Intitulé « The Sprinter Factory », que l’on pourrait traduire par « L’usine à sprinteurs(euses) », le documentaire s’intéresse aux « Champs », ces championnats nationaux interscolaires où règne une atmosphère délirante…délirant, tout comme l’est le niveau global des athlètes. Usain Bolt and co se sont d’ailleurs faits d’abord remarquer aux Champs avant de briller par delà les tartans du monde entier.
Un insigne niveau global attesté par la performance de Brianna Lyston, auteure d’un chrono époustouflant sur 200 mètres (23’’46)…à seulement 12 ans !
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« Elle a complètement explosé le record…Elle a juste réalisé quelque chose hors du commun ! » s’est ébaubi le commentateur, dans la vidéo ci-dessus. Dans la foulée, les télés et journaux du pays –et de l’étranger- se sont emparés de l’exploit en présentant Lyston comme l’héritière d’Usain Bolt.
Comme souvent, la demi-mesure n’existe pas…Car il peut se passer bien des choses dans la trajectoire de Lyston…même si, comme le souligne Sean Ingle du Guardian, son chrono lui aurait permis de prendre la 4e place des sélections britanniques pour les Jeux de Rio l’an passé (23’’46, c’est aussi le 7e chrono français au bilan 2016).
« Il n’est pas exagéré de dire que les athlètes jamaïcains ressentent davantage de pression aux Champs qu’aux Jeux Olympiques »
Un exemple parmi tant d’autres et révélateur de l’extraordinaire pépinière à talents que compte la Jamaïque et qui s’exprime au travers de ces Champs (qui existent depuis 1910), clé de voûte du succès du pays en sprint.
Ce sont en effet quelques 3 500 athlètes qui se retrouvent chaque année cinq jours durant à Kingston pour ce qui constitue la plus grande compétition mondiale scolaire, dans un stade souvent plein à craquer et très bruyant, notamment pour les finales (30 000 spectateurs).
Cité par le Guardian, André Lowe, rédacteur en chef du quotidien jamaïcain The Gleaner, souligne : « Les Jamaïcains sont par nature très portés sur la compétition. Les Champs sont la parfaite incarnation de ce trait de caractère. Ils s’inscrivent profondément au sein de la culture jamaïcaine.C’est un évènement qui compte, qui est célébré et qui est un tremplin pour les talents jamaïcains. Il n’est pas exagéré de dire que les athlètes jamaïcains ressentent davantage de pression aux Champs qu’aux Jeux Olympiques. C’est un frénétique kaléidoscope de la passion, de la rivalité, de l’intensité, du dévouement et de l’histoire ».
C’est que se montre le documentaire, qui pointe aussi, revers de la médaille, les conséquences de ce succès. « Les Champs sont devenus une machine commerciale » explique Andre Lowe. « Le phénomène Bolt et la volonté de trouver la prochaine star jamaïcaine sont au cœur de cette machine. Ce n’est donc pas une surprise que l’argent et les sponsors soient beaucoup plus présents autour de l’évènement ces dernières années ».
Le documentaire du Guardian, « L’usine à sprinteurs » :