Fanny Pruvost, l'aventure du semi-marathon
Vice-championne de France sur 3 000 m aux France indoor le week-end dernier à Aubière, Fanny Pruvost, 36 ans, enchaîne ce dimanche avec son premier semi-marathon, à Paris, car les minima pour les championnats du Monde de la discipline (29 mars, 1h15’30’’) ainsi que pour les championnats d’Europe (6-10 juillet, 1h15’) « sont possibles ».
Vous allez faire le grand écart entre le 3 000 et le semi-marathon en une semaine. Comment avez-vous gérez cela au niveau des entraînements ?
En fait, après avoir fait mon 33’15’’ à Nice (début janvier, où elle s’était imposée), on a discuté avec Jean-Pierre (Watelle, son coach). On a vu que les minima étaient 1h15’30’’. On s’est dit que c’est faisable. J’ai fait un test sur un 15km plat à l’entraînement. On avait mesuré une ligne droite de 5 km, et j’ai fait des allers retours.
C’est passé, et j’ai décidé de tenter le semi. J’ai aussi fait deux fois 5 000 m. Je n’ai pas fait le volume pour être sûre de moi –je n’ai jamais fait beaucoup de volume à l’entraînement. ça reste une première expérience, on verra bien. Je vais découvrir un peu la distance et l’effort.
Le fait d’avoir fait pas mal d’allures rapides pour le 3 000 m ne vous inquiète pas trop ?
Les allures sur lesquelles je me suis entraînée, j’étais quand même assez à l’aise. Ça ne m’inquiète pas. Après, il ne faut pas que je parte trop vite, ni trop lentement non plus. Je vais essayer de partir un peu plus vite que 3’30’’ au kilo. Je me suis permise de demander un petit conseil à Christelle Daunay (qui courra aussi dimanche) qui m’a dit que le premier 10 km était roulant, et qu’il y avait ensuite un petit faux plat montant au 14e sur 300 mètres.
C’est un « one shot » ou vous comptez monter vraiment sur la route ?
Si ça passe là, je pense qu’il ne faut plus trop de poser de questions, davantage m’investir au niveau foncier et partir sur la route. Je ne ferais plus trop de chronos sur 1 500 mètres, alors que le 5 000 m sur piste, c’est “chiant“.
Si j’avais pensé à monter avant ? Non, je ne faisais pas beaucoup de volume à l’entraînement, et puis j’ai eu mon petit garçon (César) il y a deux ans et demi. L’organisation de la vie privée change aussi, et forcément quand tu bosses (Fanny Pruvost a deux mi-temps : elle est chargée de mission et responsable de la communication à la Ligue Nord-Pas-de-Calais, et chargée de mission à Planète running, club de running en ligne, ndlr) et que tu as un enfant, il faut tout revoir. Peut-être que si je n’avais pas fait ce chrono là sur 10 km, je ne me serais pas posée la question et j’aurais continué les entraînements pour faire du 3 000 m et quelques 10 km. Sinon, je me suis toujours dit que je ferai un jour un marathon.
« Je cours avec la rage »
Vous avez mis du temps justement après votre accouchement à retrouver votre niveau ?
En fait, j’ai repris l’entraînement assez vite alors que je n’étais pas prête physiquement. J’aurais peut-être dû attendre un peu, que tout se remette en place. J’ai accouché en septembre 2013, puis j’ai fait championne de France sur 3 000 m l’an dernier, c’était un peu le hold up (la densité était moins forte que cette année, ndlr). Ça fait longtemps que je cours, donc on revient assez vite à un niveau correct.
Vous avez changé des choses à l’entraînement qui expliquent votre progression sur 10 bornes ?
J’ai déjà perdu du poids. J’ai eu quelques petits soucis personnels la moitié de l’année 2015. Ça a été bien bien compliqué. Parfois il se passe des choses dans la vie qui font que l’on se forge un caractère. On se dit qu’il y a des choses plus importantes que l’athlé. Je ne le prends plus de la même façon qu’avant. Déjà quand tu as un enfant, tu ne vois plus l’athlé comme une priorité.
Ces soucis m’ont rendu mentalement plus forte. Là, je cours avec la rage. Je ne vais pas dire que je n’ai plus peur de rien, mais je ne me pose plus de questions. Ça m’a endurci. Avant, je me mettais une pression pas possible avant les courses. Tactiquement, je courais mal. Si j’avais couru plus souvent comme dimanche, je pense que j’aurais fait de meilleurs chronos, plus de podiums etc…
Texte : Quentin Guillon.
Photos : Yves-Marie Quemener.